« De l’isolement à l’impuissance : Macron, retraité à 45 ans ? ». Cette manchette, assez cruelle il est vrai, du Point (du 23 mars), aurait mis en rage l’Élyséen qui ne s’attendait pas à une telle attaque de la part de ses potes François Pinault et Bernard-Henri Lévy. Mais sans doute ceux-ci ont-ils été déçus par le « Mozart de la finance », qui nous accule à une crise économique et sociale sans précédent et coagule contre lui tous les antagonismes, au-delà des divergences partisanes et même des frontières comme la conduite de Grenoble que viennent de lui infliger les Bataves lors de sa visite d’Etat aux Pays-Bas.
Sondages après sondages ne concluent-ils pas que près de 70% des Français (+ 10% en un mois) « ne lui font plus confiance » (étude Cluster) et que, s’il était aujourd’hui opposé à Marine Le Pen, l’ancienne présidente du Rassemblement national dont elle dirige le groupe parlementaire à l’Assemblée l’emporterait par 55% des suffrages selon Ipsos ?
Macron démission ?
L’hypothèse est évidemment aventurée puisque le sortant ne peut en principe se représenter et Marine Le Pen a eu raison de réfréner l’enthousiasme de ses partisans exaltés par ces sondages. Mais leurs résultats montrent à l’évidence qu’à quatre ans de la prochaine « reine des élections », le roi réintronisé en 2022 a son avenir derrière lui. Sauf coup de théâtre évidemment : une démission théâtrale suivie d’une nouvelle candidature. Cas exclu par la Constitution qui, depuis 2008, interdit trois mandats consécutifs mais dont débattent les juristes depuis la décision rendue le 25 octobre 2022 par le Conseil d’État en faveur duprésident de Polynésie française, Edouard Fritch, sous prétexte qu’il n’avait pas accompli deux mandats complets.
Mais si l’on avait un doute sur la fragilité du pouvoir de cet adolescent attardé dont les traits marquants sont l’arrogance et l’incohérence (« Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant », nous enseigne l’Ecclésiaste), la multiplicité des candidats à sa succession dans son propre camp prouve qu’à leurs yeux, il appartient déjà au passé.
On avait déjà sur les rangs les barons Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. Viennent de les rejoindre le très ambitieux Gabriel Attal soutenu bec et ongles par son conjoint Stéphane Séjourné, influent secrétaire général du groupe Renaissance (ex-La REM) qui traite le RN de « parti vautour », le calamiteux ancien ministre de la Santé Olivier Véran qui, investi du porte-parolat du gouvernement, intervient sur tous les fronts, et désormais, the least but not the least, Yaël Braun-Pivet projetée sous les feux de l’actualité par son élection à la présidence de l’Assemblée nationale et donc quatrième personnage de l’État, première personne du sexe à occuper un tel poste qu’elle arracha à la barbe de postulants plus capés mais qui, mise en appétit, troquerait volontiers le « Perchoir » du Palais-Bourbon pour l’Élysée. Petite-fille de victimes de la Shoah dont elle ne cesse de rappeler le martyre et mère de famille nombreuse (cinq enfants), elle estimerait en cas de duel avec Marine Le Pen bénéficier d’atouts manquant à ses concurrents.
Schiappa : un scandale qui en cache un autre ?
Ne manquent à la liste de ceux qui rêvent de la magistrature suprême en se rasant le matin — ou en se poudrant le nez — que la jeune Franco-Marocaine Sarah El Haïri, ministre (de la Jeunesse) totalement inconnue du grand public jusqu’à ce qu’elle profite d’une interview pour s’affirmer lesbienne, et sa collègue Marlène Schiappa. Pour celle-ci, en tout cas, adieu veau, vache, cochon car, malgré le soutien inconditionnel que lui a toujours apporté Brigitte Macron, son maintien au gouvernement est déjà aléatoire après son exhibition en tenues et poses suggestives dans Playboy où elle a tenu des propos à la limite du libidineux. « Pourquoi avoir choisi Playboy pour faire avancer le droit des femmes alors que ce magazine est un condensé de tous les stéréotypes sexistes ? Nous sommes en plein dans la culture de la femme-objet. À mes yeux, défendre les droits des femmes dans Playboy reviendrait à lutter contre l’antisémitisme en accordant un entretien à Rivarol », accusait ainsi Isabelle Rome, actuelle ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, résumant l’opinion de la plupart de ses collègues et des députés de Renaissance.
Mais ce scandale en cache-t-il un autre ? Après la décapitation de Samuel Paty, l’actuelle secrétaire d’État chargée de l’économie sociale et solidaire, alors ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, avait été chargée en avril 2021 de gérer le Fonds Marianne, financé à 2,5 millions d’euros afin, comme elle s’en félicitait, de « faire beaucoup de choses pour défendre les valeurs de la République » en soutenant les associations luttant contre la radicalisation et le séparatisme. Or, selon une enquête menée conjointement par l’hebdomadaire Marianne et France 2, la principale bénéficiaire des subventions serait l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire qui aurait utilisé ce fonds pour un site Internet et surtout pour salarier deux de ses ex-dirigeants. En particulier le médiatique réfugié algérien Mohamed Sifaoui, directeur de la communication du club de foot d’Angers mais aussi délégué à la lutte contre les extrémismes religieux et politique du bureau exécutif de la LICRA.
Cette information sur « l’utilisation douteuse des subventions dédiées au Fonds Marianne […] et l’absence de contrôle de l’utilisation de ces subventions » a fait bondir la famille du professeur assassiné qui s’est aussitôt désolidarisée de l’entreprise fondée sur son nom, mais aussi les mis en cause. Sifaoui a annoncé « des procédures judiciaires à l’encontre de tous ceux qui l’ont diffamé » et Marlène Schiappa a flétri des « allusions sans aucun fondement » dans un communiqué officiel dont seule l’indignation peut justifier le charabia : « Affirmer à tort qu’il s’agissait d’une décision ad hominem de Marlène Schiappa est totalement faux et démenti par la procédure. »
Mais la rumeur enfle. La Néo-Calédonienne et ex-UMP Sonia Backès, qui a pris la suite de Schiappa à la Citoyenneté, a dû ordonner une enquête dont les conclusions devraient être rendues fin mai. A moins qu’elle ne soit enterrée en catimini, comme l’ont été les affaires Kohler, Bayrou et tant d’autres concernant des amis ou soutiens de celui qui nous avait pourtant promis-juré que transparence et intégrité seraient les lignes directrices de sa présidence.
Camille Galic