On le sait depuis longtemps, « l’extrême-droite » n’est pas jugée à la même aune lorsqu’elle est française ou israélienne. Si la première est abjectement détestable et doit être systématiquement condamnée, la seconde rencontre beaucoup plus d’indulgence et même d’empathie, notamment de la part des « élites » politiques, quelle que soit leur coloration politique.
C’est sans doute pour cela que l’Assemblée Nationale a rejeté une résolution déposée par les députés communistes visant à condamner le « régime d’apartheid institué par l’État d’Israël ». En effet, tout en rappelant leur « attachement profond à l’existence de l’État d’Israël », les députés communistes voulaient, par ce texte, dénoncer la radicalisation anti-palestinienne du gouvernement de Benyamin Nethanyaou, estimant que les palestiniens se retrouvaient de fait dans une situation « relevant juridiquement de l‘apartheid ».
Si la résolution a reçu le soutien de députés écologistes et LFI, les socialistes s’y sont opposés, n’acceptant pas le terme « d’apartheid » – qui doit sans doute rester la propriété exclusive et éternelle des méchants blancs d’Afrique du Sud -, lui reprochant de « racialiser et d’essentialiser » un « conflit de territoire ». On pourra s’étonner de ces délcactes pudeurs alors que la coalition de Benjamin Netanyahu (composée de partis tels que que « Shas », « Judaïsme uni pour la Torah », « Sionisme religieux », « Le pouvoir juif » ou « Noam »….) a proclamé, lors de son intronisation, « le droit exclusif et inaliénable du peuple juif à toute la terre d’Israël. »
Sans surprise, le sympathique Meyer Habib, tout juste réélu député des français de l’étranger (8e circonscription) après l’annulation du premier scrutin pour fraude en sa faveur, n’a pas trouvé de mots assez forts pour dénoncer la démarche des députés communistes, n’hésitant pas à tweeter : «L’abjecte résolution qualifiant l’État d’Israël d’État d’Apartheid portée par la NUPES sera débattue en première position !! Je serai le porte-parole des députés Les Républicains pour m’opposer à ce projet ignoble».
De son côté, la présidente du groupe macroniste Renaissance, l’ineffable Aurore Bergé a dénoncé un « geste de détestation de l’Etat d’Israël ». La droite et le RN ont également voté contre la résolution, rejetée par 199 voix contre 71.
On pourra tout de même être surpris du caractère massif de ce rejet en se penchant sur les diverses mesures ségrégatives prises par le gouvernement de Benjamin Netanyahu (notamment l’intensification de la colonisation des territoires palestiniens1), dénoncées d’ailleurs par une partie de la population israélienne elle-même, sans parler des déclarations extrémistes de plusieurs membres de ce dernier, comme celle de Bezalel Smotrich, ministre des finances, qui avait affirmé : « Il n’y a pas de Palestiniens, car il n’y a pas de peuple palestinien, le peuple palestinien est une invention de moins de cent ans. Est-ce qu’ils ont une histoire, une culture ? Non, ils n’en ont pas».
Apparemment, la vertueuse condamnation de « l’ultra-nationalisme » et du « suprémacisme » s’arrête sur les rives du Jourdain…
Xavier Eman