A peine notre article sur la manifestation à la mémoire de Sébastien Deyzieu venait-il de paraître que Darmanin a répondu aux questions que nous nous posions. A lire et entendre les réactions de la gauche et des macronistes après ce cortège pacifique et sans incident, nous posions en effet la question suivante : « il serait sans doute plus simple, dans l’avenir, de qualifier officiellement de nazi tout parti ou mouvement situé à la droite de la gauche, et de les dissoudre tous, d’emprisonner leurs militants et sympathisants, voire de les déporter ou de les liquider comme cela s’est toujours pratiqué dans les régimes communistes. Nous n’en sommes pas là, mais à l’évidence certains en rêvent ». Faut-il inclure Darmanin parmi ces « rêveurs » sinistres ?
Le ministre de l’intérieur vient en effet de demander aux préfets « d’interdire dorénavant toutes les manifestations de « l’ultra-droite ». Quel qu’en soit le thème ? Quels que soient les organisateurs ? Et qui va définir ce qu’est « l’ultra-droite » ? Médiapart ? Le Monde ? France Info ? Cela signifiera-t-il que l’Action française ne pourra plus organiser de galettes des rois ? Que Civitas ne pourra plus défiler pour Jeanne d’Arc ? Que Synthèse nationale ne pourra plus faire sa journée BBR ? Que Chiré-en-Montreuil ne pourra plus mobiliser pour son week-end chouan ? Que les cathos tradis ne pourront plus marcher de Paris à Chartres (voire de Chartres à Paris) ? Que le Parti de la France ou les adeptes d’Asselineau… N’en jetez plus !
Tous ces courants divers, voire opposés, aux méthodes ou aux buts différents, sont couramment qualifiés d’ « ultra-droite » par les médias de gauche. Si le critère de l’interdiction est uniquement d’être qualifié « d’ultra_droite » par le camp d’en face, alors il y a du souci à se faire pour les libertés publiques.
Et si la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de M. Darmanin est la manifestation du 8 mai, qui fut sans heurts, sans blessés, sans saccages, sans incendies, sans destructions, sans pavés qui volent, alors il faut reconnaître qu’il s’agit d’une véritable déclaration de guerre.
Où commence et où s’arrête « l’ultra-droite »?
Car la technique du salami ne s’arrêtera pas là : « Ultra-droitiers », les villageois qui manifestent à Bélâbre ou ailleurs contre l’implantation de Centres d’Accueil de sans-papiers, sans limite dans le temps, et pris en charge par nos impôts ! « Ultra-droitiers », les Bretons inaugurant un mémorial à la Chapelle Basse-Mer, près de Nantes, samedi prochain ! « Ultra-droitière », la critique du tableau pédophile du Palais de Tokyo ! « Ultra-droitiers », ceux qui s’opposent à la GPA, à l’euthanasie, ou qui osent persister dans leur opposition à l’avortement ou au mariage entre personnes du même sexe !
Si l’appartenance à « l’ultra-droite » (comprenez « l’extrême droite » ou la droite d’idées) est désormais en soi un critère d’interdiction, c’est bien un authentique totalitarisme qui se met en branle.
Agathon
On peut s’attendre en effet s’attendre au pire après l’instruction donnée le 9 mai par Gérald Darmanin aux préfets de « prendre des arrêtés d’interdiction » lorsque « tout militant d’ultradroite OU D’EXTRÊME DROITE ou toute association ou collectif, à Paris comme partout sur le territoire, déposera des déclarations de manifestations » semblables à celle organisée samedi dernier à Paris en hommage à Sébastien Deyzieu. Le spectre visé est très large et la répression peut s’abattre sur n’importe qui, alors que la manif incriminée mais flétrie par la gauche pour faire oublier les violences de ses propres ultras s’étzit déroulée sans le moindre débordement et n’avait donné lieu à aucun « trouble à l’ordre public ».
Etait-il cependant nécessaire pour ses participants de singer les Black Blocs en défilant tout de noir vêtus, encagoulés, brandissant des drapeaux noirs et en appelant à la « révolution » au risque de terroriser des braves gens (et pas seulement les bourgeois) qui en ont marre du désordre et des excès de tout genre ?
Esthétiquement, le défilé était très réussi et laissera de belles images mais il y a une règle en politique : ne jamais « se faire plaisir ».