Egypte

L’Égypte tient tête à Washington

« Des responsables américains et égyptiens ont déclaré que plusieurs responsables US avaient demandé à l’Égypte en février et mars de fermer son espace aérien à l’armée russe, ce qui bloquerait de fait pour la Russie l’accès aérien à la Syrie […] Le Caire n’a pas répondu à la demande et continue d’autoriser les vols militaires russes », a publié le Wall Street Journal la semaine dernière.

Ce refus complique grandement les manœuvres répétées de l’administration Biden visant à entraver le transfert d’hommes et de matériels russes depuis la Syrie vers l’Ukraine. En effet, dès le début de l’opération spéciale russe à l’est de l’Ukraine, Kiev et Washington ont multiplié les pressions sur la Jordanie, l’Irak et la Turquie pour limiter l’accès à leur espace aérien aux vols militaires russes avec pour résultat une augmentation du temps de vol de 5 heures pour relier les bases stratégiques russes en Syrie. Selon le Daily Caller News Foundation, le refus de l’Egypte de se prêter à ces manœuvres a déjà permis aux forces armées russes d’effectuer au moins 7 vols militaires aller-retour entre fin avril et début mai, sans compter deux vols d’avions cargo reliant la Syrie et la région de la Mer Noire, à proximité de la Crimée. Guéorgui Borissenko, l’ambassadeur russe au Caire, a expliqué au media Sputnik Afrique que « le pays n’est pas prêt à renier ses liens historiques avec Moscou. Les ambassadeurs des pays du G7 se sont rendus au ministère égyptien des Affaires étrangères et au siège de la Ligue arabe pour réclamer que toutes les rencontres prévues soient annulées. En dépit de cette pression, l’Égypte reste fidèle aux traditions d’amitié entre nos pays qui remontent à l’époque de la présidence de Gamal Abdel Nasser » a-t-il déclaré.

Le Caire poursuit ainsi sa coopération avec Moscou dans de nombreux secteurs, et notamment le nucléaire avec la construction en cours de la première centrale nucléaire égyptienne par le géant russe Rosatom. Par ailleurs, il convient de noter que l’Egypte a également maintenu ses liaisons aériennes civiles avec la Russie, lui permettant ainsi de continuer à profiter de l’énorme manne financière que représentent les touristes russes. Pour faciliter les achats de ces derniers, Le Caire songerait à adopter prochainement le système de paiement russe MIR à l’instar de l’Inde et du Congo.

Sophie Akl-Chedid

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