Les hasards de l’édition sont parfois étonnants.
Un lecteur nord-américain, Raul Wasquez, passionné par le sujet, découvre avec enthousiasme un livre en langue espagnole édité en 1956, Prisioneros del mundo atomico, d’un certain Erwin Oppenheimer. Il est indiqué dans les premières pages qu’il s’agit d’une traduction de Juan Garriga Pujol d’un livre dont le titre original est J’ai peur ! De quoi s’agit-il ?
Reprenons ce qui a trait à cet ouvrage dans la biographie de François Brigneau parue aux éditions Pardès dans la collection Qui suis-je ?, lorsque les ouvrages écrits par Brigneau dans les années 50 sont évoqués :
« Aux éditions Froissart paraît J’ai peur en 1955, sous le pseudonyme d’Erwin K. Oppenheimer – “du centre d’études et de recherches nucléaires américaines”, s’il vous plaît ! Le livre est écrit en collaboration avec Christian Errans, journaliste à Rivarol. Sur la page de garde, l’éditeur indique que l’ouvrage est “traduit de l’allemand et adapté en français par Georges Humet et Well Allot”. Les deux auteurs, qui abordent le problème crucial de la bombe atomique – les progrès scientifiques nous mènent-ils vers l’âge d’or ou vers le néant ? – se sont amusés à choisir le patronyme de deux célèbres physiciens américains. Jacques Benoist-Méchin s’intéresse à l’ouvrage, qui sera traduit en diverses langues. »
Raul Wasquez, grâce à ses recherches sur Internet et notamment par le biais d’Amazon, trouve la biographie française de François Brigneau et les indications sur l’ouvrage. Il décide alors de se lancer dans une traduction anglaise, après avoir obtenu l’assentiment des héritiers de François Brigneau (Gheorghe Barbul, vrai nom de Christian Errans, n’en ayant pas laissé). Cette nouvelle traduction est désormais disponible sur le site d’Amazon, avec une préface de Raul Wasquez.
Décidément, les ouvrages de François Brigneau s’avèrent toujours d’actualité !
Anne Le Pape