Remarquable article de Henrick Lindell, journaliste à La Vie.
Extraits :
« Jour 2 du pèlerinage à Chartres. Un mot me vient à l’esprit pour résumer ce que je ressens : respect. Je pourrais même dire gratitude. Le rite extraordinaire ne fait pas partie de ma culture, mais je sais reconnaître une foi et un comportement chrétiens. Je vois des gens prier, méditer les Ecritures et l’enseignement de l’Eglise, je vois de la camaraderie, de l’entraide, une sorte d' »esprit scout » généralisé (je veux dire un vrai esprit de service), de la diversité sociale et culturelle et du respect pour celle-ci, des parents qui accordent de l’attention et du temps à leurs enfants, des jeunes – très nombreux ! – qui sont à la recherche de repères, des adultes qui font preuve de finesse et de sagesse dans leurs réflexions, une organisation hors pair (2000 bénévoles pour 16 000 pèlerins !), une ambiance propice à faire grandir la foi.
Je ne découvre pas le monde tradi (d’ailleurs, ce pèlerinage ne peut être réduit à cela, car il y a une partie importante de gens – 40% ? – qui ne sont pas proprement tradis), je ne découvre pas non plus ce pèlerinage (j’y ai fait un passage touristique il y a quelques années), mais cette fois-ci j’observe ce pèlerinage comme journaliste. Je m’oblige donc à prendre en compte des points de vue qui peuvent être différents du mien, je cherche à repérer des faits caractéristiques. Je peux et je dois imaginer que les discours sur les faits de société clivants entendus ici tranchent avec ce que l’on entend dans l’Eglise diocésaine habituelle, pour ne pas parler du reste de la société.
[…] « Dans ce pèlerinage, je découvre une soif d’absolu, une recherche de Dieu, un désir de conversion. Je pense à Péguy. C’est vraiment très riche. […] Je vois et je sens de la foi chrétienne ici. Je me rends compte aussi de la blessure causée par un certain motu proprio. Celui-ci n’est absolument pas compris par les premiers concernés. Mais c’est un problème et un conflit interne à l’Eglise dont je n’ai pas bien compris le sens. […] (ces prêtres) sont viscéralement attachés à ce qu’ils appellent « la messe traditionnelle ». A mon humble avis (et à mon niveau), ils ont des arguments à ce sujet. Puis, ils disent qu’ils veulent être dans l’unité, non dans l’uniformité. Et là, leur argument est imparable, à mon avis. Je note enfin qu’ils apportent, eux, beaucoup de convertis à l’Eglise, qu’ils sont réellement missionnaires, qu’ils semblent même capables d’introduire plus de diversité sociologique dans notre Eglise catholique.
« Je rappelle que je ne suis pas tradi (j’ai carrément une sensibilité charismatique, je l’avoue, et j’aime beaucoup de choses que les vrais tradis aiment désapprouver très formellement), mais si je devais juger les tradis par les fruits qu’ils produisent (et ça, c’est un critère chrétien), je dois reconnaître qu’ils font énormément de bien à notre Eglise. Respect donc. Et gratitude. »
Merci à ce journaliste honnête.
Anne Le Pape