Considéré comme un traître par l’État américain mais comme un héros de la liberté par beaucoup, Edward Snowden est l’un des premiers « lanceurs d’alerte » a avoir révélé au grand public l’étendue de la surveillance globale et de l’espionnage privé et institutionnel dont sont victimes les populations. Dix ans après ses premières révélations, la situation semble pourtant avoir encore empiré, malgré certaines évolutions positives marginales.
C’est dans les colonnes de nos confrères du Figaro, que le spécialiste Félix Tréguer, chercheur au CNRS, fait cet inquiétant constat, estimant qu’une surveillance de masse est toujours exercée par les géants du numérique.
En effet, bien loin de freiner les pratiques de surveillance dénoncées, les révélations d’Edward Snowden, notamment dur les pratiques de surveillance des divers services de sécurité, se sont surtout traduites, en France, mais aussi en Allemagne ou au Royaume-Uni, et même aux États-Unis, par « la légalisation des programmes révélés par Edward Snowden et les journalistes d’investigation qui travaillaient avec lui. Les controverses ont poussé les gouvernements à vouloir sécuriser, sur le plan juridique, les programmes de surveillance massive d’Internet qui s’étaient développés en totale illégalité lors des années précédentes ».
Une volonté qui s’est traduite en France par la loi sur le renseignement militaire de 2015 sensée réconcilier l’État de droit et les services de renseignement mais, en réalité, assurant surtout une base légale aux activités de surveillance très nombreuses qui s’étaient développées, notamment les programmes de la direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) d’interception massive du trafic Internet aux frontières de la France.
Dans les faits, à part ce cadre légal qui protège davantage les « écouteurs » que les « écoutés », les choses n’ont guère changé et nous serions tout autant surveillé qu’il y a dix ans, si ce n’est plus, notamment dans une optique publicitaire, les acteurs du net récoltant un maximum d’informations sur les pour cibler au mieux leur offre mercantile, par exemple par un recours croissant aux intrusions informatiques, à travers des logiciels espions envoyés à distance.
Souriez, vous êtes espionnés !
La rédaction