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Un gouvernement de bris et de broc

Tout ça pour ça… À quoi bon avoir laissé s’éterniser le suspens pour finalement accoucher de ce remaniement bancal et riquiqui où, d’ailleurs, tous les ministres régaliens restent en poste, Le Maire à l’Économie, Darmanin à l’Intérieur, Lecornu aux Armées et Dupont-Moretti à la Justice, cependant que le Premier d’entre eux, Elisabeth Borne, garde Matignon comme nous l’avions prévu ?

Place aux femmes, racisées de préférence

Seule innovation, tout à fait dans le goût du jour mais insignifiante, le sexe fort ne compte que vingt représentants dans le nouveau gouvernement, face à vingt-et-une femmes, dont la Franco-Libanaise Rima Abdul Malek, maintenue à la Culture, et trois Maghrébines : Fadila Khattabi, ancienne présidente de la Commission des Affaires sociales à l’Assemblée promue ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, Sarah el Haïri, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires après avoir été chargée de la Biodiversité et qui fut en avril 2023 la première femme ministre française à se déclarer homosexuelle, ou encore la productrice de télévision marseillaise Sabrina Agresti-Roubache (qui ne veut surtout pas qu’on voie en elle une « fille des Quartiers Nord » bien qu’elle ait intitulé son livre Moi la France, je la kiffe !, un titre qui pue sa cité), secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de la Ville. Par la grâce, dit-on, de Brigitte Macron dans les affections de laquelle cette proche du rappeur Akhénaton succède à Marlène Schiappa.

L’Education nationale sous (mauvaise) influence

Seul point positif de ce remaniement : nous sommes justement débarrassés de Schiappa, embringuée dans le scandale financier du Fonds Marianne et dont l’adoubement par Playboy n’avait pas redoré le blason, et du Franco-Sénégalais Pap Ndiaye, pape du wokisme qu’Emmanuel Macron avait cru bon de nommer à l’Éducation nationale en juin 2022 en remplacement de Jean-Michel Blanquer dénoncé par la gauche comme trop réac alors que, comme quasiment tous ses prédécesseurs, il n’avait cessé d’œuvrer pendant toute le premier quinquennat à la démolition de l’école. A la décharge de Blanquer, Emmanuel Macron lui avait imposé comme « conseillère spéciale » la redoutable Fanny Anor, pilier de l’Institut Montaigne où elle règne sur les questions relatives à l’enseignement.

Or, c’est cette femme d’influence, sur laquelle nous reviendrons, que, sans doute sur l’ordre de l’Elysée, le successeur de Pap Ndiaye, l’insupportable Gabriel Nissim Attal, conjoint à la ville du député européen Stéphane Séjourné (nommé en septembre 2022 secrétaire général de Renaissance, nouveau nom de La République en marche) et ancien ministre des Comptes publics, a choisie comme directeur de cabinet.

A défaut de procéder aux indispensables opérations susceptibles de sauver, s’il en est encore temps, le grand corps malade dont il a hérité, Attal multipliera donc à coup sûr les coups de pub’ car, nonobstant son âge tendre (34 ans), il se verrait bien à l’Elysée en 2027.

Ambition également caressée par ses aînés Bruno Le Maire et Gérald Moussa Darmanin, qui aurait très mal pris le maintien d’Elisabeth Borne à Matignon, dont il visait les ors et la direction. Peut-être le locataire de la Place Beauvau les obtiendra-t-il dans la dernière partie du quinquennat si Emmanuel Macron a envie d’opposer un nouveau dauphin à Édouard Philippe.

Gros malaise à la Santé

En attendant, les nouvelles Excellences n’ont pas encore pris leurs marques que les couacs se multiplient. Le fait qu’un mois avant sa nomination, Fadila Khattabi ait été condamnée par le tribunal des prud’hommes pour non-paiement des heures supplémentaires d’une collaboratrice recrutée « par amitié » fait désordre, de même, déplorent les musulmans, que le sionisme militant d’Aurore Bergé, nouveau ministre des Solidarités et des Familles après avoir présidé à l’Assemblée nationale le groupe d’amitié France-Israël. Plus grave est le cas de l’énarque communiste puis socialiste Aurélien Rousseau qui, sorti paraît-il « lessivé » des quatorze mois passés comme directeur de cabinet l’Elisabeth Borne, un poste qu’il décrit lui-même comme « le terminus des emmerdes », succède au ministère de la Santé à l’urgentiste François Braun sèchement débarqué — exit la fameuse « société civile », bienvenue aux apparatchiks.

Ce choix aurait pu paraître logique car Rousseau, nommé en juillet 2018 directeur général de l’Agence régionale de santé Île-de-France,, eut à gérer la crise du covid-19 dans la région la plus touchée par le virus. Mais il est aussi l’époux de Marguerite Cazeneuve qui, fille et sœur de députés Renaissance, est directrice déléguée au sein de la Caisse nationale de l’assurance maladie (CNAM) depuis 2021 et nantie d’une belle-mère, Béatrice Cazeneuve, membre jusqu’au mois dernier du directoire de la branche française du laboratoire pharmaceutique états-unien Eli Lilly and Co. Pour le nouveau ministre, est ainsi important le risque de conflits d’intérêts l’obligeant sans cesse à de déporter des dossiers traités par sa compagne.

Interrogé le 22 juillet, le porte-parole Olivier Véran, lui-même ancien et catastrophique ministre de la Santé, ne recèle aucun danger dans cette synergie conjugale mais la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique s’est saisie de l’affaire et devrait statuer sous peu. L’inquiétude gagne donc à Matignon et à l’Élysée (qui, révèle la Cour des comptes, s’était offert une chaudière à gaz à 100 000 euros au moment même où Borne annonçait que ce type d’appareils serait interdit à la vente dès 2026, une mesure concernant douze millions de foyers en France).

On comprend l’inquiétude de l’Exécutif, mais elle vient bien tard puisque le chef de l’État avait eu trois mois pour peaufiner un remaniement aux petits oignons, annoncé comme devant donner un nouvel élan et surtout un nouvel éclat à sa présidence. On reste pantois devant un tel amateurisme, même si on sait depuis longtemps à quoi s’en tenir sur les errements et les fausses notes en tous domaines du « Mozart de la finance » que le monde est censé nous envier. Ces fausses notes, Macron les évitera-t-il en Nouvelle-Calédonie ?

Camille Galic

Un commentaire

  1. ÉNERGIE. Il ne doute de rien. Emmanuel Macron voudrait qu’on le remercie pour la hausse de 10% des prix de l’électricité : « C’est une hausse importante mais proportionnée »

    Interrogé sur le coût de l’énergie et l’inflation, il juge la hausse de l’électricité « importante mais proportionnée » et affirme que « l’Etat continuera à accompagner les ménages les plus modestes, pour se déplacer, lorsque le prix de l’essence augmente trop ». Blablabla.

    « Cette hausse de l’été » est « importante pour beaucoup de nos compatriotes qui sont déjà dans la difficulté mais je pense que c’est une décision proportionnée ».

    Macron oublie seulement de dire que si on en est là, c’est de sa seule et unique responsabilité, ayant stoppé le nucléaire lors de son premier quiquennat et se refusant à sortir du marché européen de l’électricité pour son second quinquennat, contrairement à l’Espagne et au Portugal.

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