Thierry Breton

Thierry Breton : entre l’Europe et le Bas-Berry

L’ancien chef d’entreprise et actuel commissaire à Bruxelles serait tenté par le poste de van der Leyen, le poste de chef de l’Europe, en fait.

L’ancien ministre des Finances du gouvernement Raffarin pantouflait depuis 2019 à la commission européenne en tant que commissaire au Marché intérieur, sous la tutelle, donc, d’Ursula von der Leyen. Celui qui dirigea successivement Thomson, France Télécom, ATOS, qui enseigna à Harvard, et qui est aussi un auteur de romans de science-fiction basés sur les nouvelles technologies, est classé, année après année, parmi les cent meilleurs patrons au monde (meilleurs au sens de la performance économique, s’entend), et parmi les trente Européens les plus influents.

Ce rôle de commissaire européen était-il son bâton de maréchal ? On avait du mal à le croire. Mais après tout, ce genre de poste, à 68 ans, correspond à une retraite active et lucrative, dans le domaine de compétences qui est le sien.

La rumeur court toutefois à Bruxelles, depuis quelques semaines, que Breton se verrait bien remplacer Ursula Van der Leyen à la tête de la Commission européenne en 2024, puisque le poste sera remis aux voix après les élections européennes.

Un camouflet à Ursula von der Leyen

L’un des indices de cette ambition, c’est le rôle qu’a joué Breton dans le torpillage de la candidature d’une Américaine au poste, stratégique, de chef économiste à la Direction Générale de la Concurrence. Or cette Américaine, Flora Scott-Morton était la candidate de von der Leyen. C’est donc un camouflet qu’il a indirectement infligé à la patronne de l’Europe. Il faut reconnaitre que, placer à ce poste une ressortissante d’un pays non européen, et qui plus est d’un pays-continent directement concurrent de l’Europe, constituait une sorte de provocation à l’encontre de tous les patriotes européens.

Thierry Breton sent bien que le vent tourne actuellement, que les approches mondialistes rebutent les populations, comme le montre la montée des nationalistes dans presque tous les pays qui composent l’UE. En Allemagne, pays de Mme von der Leyen, les nationalistes de l’AFD sont actuellement crédités de 28% des voix dans les sondages, ce qui est une première. L’ancien patron d’ATOS essaie de réorienter son image dans un sens plus « nationaliste européen », cherchant à développer – mais son poste actuel s’y prête – « le concept d‘autonomie stratégique de l’U.E. » note Le Figaro. Ce qui est certain, c’est que la volongté d’alignement de l’Europe sur l’Amérique de Biden a du plomb dans l’aile, et que Breton cherche à donner de lui une image différente de celle de l’actuelle détentrice du poste.

Or le Bas-Berry (la région de Châteauroux, la vallée de la Creuse) bruissait pour sa part, depuis quelques semaines, d’une rumeur d’implantation du même Thierry Breton dans cette région, le sud du département de l’Indre. Aujourd’hui ce n’est plus une rumeur : l’ancien ministre de l’économie de Raffarin vient en effet d’acheter le château de Gargilesse, situé au cœur de l’un des plus beaux villages de France, village dont George Sand sut faire la promotion, au XIXe siècle.

Un mandat politique ? Un poste ministériel ? Une candidature à l’Elysée ?

A quoi correspond cette acquisition ? S’agit-il de la poursuite d’un travail sur son image pour atténuer, par cet enracinement très rural, l’image d’un millionnaire technocrate bruxellois qui lui colle à la peau, image qui a un peu effacé celle de chef d’entreprise très doué ? Est-ce pour préparer le terrain à des ambitions politiques plus franco-françaises ? Un mandat politique dans une région démunie de poids lourds, et où le Rassemblement national est en forte progression ? Le retour à un poste ministériel ? Voire une candidature à l’Elysée ? Thierry Breton reste muet à ce jour sur les raisons de cette acquisition. Tout au plus a-t-il fait savoir que le château conserverait sa vocation culturelle : par des expositions, il contribue en effet, depuis des années, à la promotion de l’« école de Crozant », un courant impressionniste influent entre 1850 et 1925, qui attira dans cette région des peintres aussi réputés que Monet, Guillaumin, Maillaud, Picabia, Detroy, Sérusier.

Agathon

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