Passe les modes, les cris de ralliement et l’esprit du temps, reste un phénomène qui poursuit sa route, imperturbable : le scoutisme. Malgré les virages empruntés par l’Association des scouts de France dans les années soixante, qui ont dû faire se retourner le Père Séverin dans sa tombe, le scoutisme traditionnel ne connaît pas la crise ! Encore cet été, des milliers de scouts sont partis sur les routes de France et de Navarre, vivant en harmonie avec la nature, louant Dieu et chantant à tue-tête à la veillée au coin du feu.
Si l’Angleterre a souvent pris fait et cause contre la France, il est un homme qui aura su grandir son pays par l’attention qu’il porta à la jeunesse de son pays. Il est juste de rappeler que l’Angleterre avait une longueur d’avance sur nous. Pays industrialisé, une partie de sa jeunesse cherchait une échappatoire aux villes tentaculaires. Elle manquait d’oxygénation, de grands espaces et d’idéal ! Lord Baden-Powell, qui était officier et avait connu le feu du combat, n’eut pas de difficulté à enrégimenter une partie de la jeunesse, pour la bonne cause : responsabiliser les enfants, inculquer l’esprit d’équipe, enseigner le goût de l’effort et de l’hygiène, bref, retrouver le vieil adage, un corps sain dans un esprit sain ! Le Père Séverin prit le relais en France en y apportant sa petite touche catholique, d’ailleurs désormais il existe des scouts juifs et musulmans…
L’ouvrage d’André Reval est paru à l’origine en 1945, au lendemain de la guerre et des camps de jeunesse, et reviens à la matrice du mouvement, à l’esprit des origines. Si le pays était à reconstruire, cela passait également par sa jeunesse. C’est dans la même période que fut relancée la collection Signe de piste avec Jean-Louis Foncine (La forêt qui n’en finit pas, le Foulard de Sang) et Serge Dalens (la saga du Prince Éric, qui parut en 6 volumes entre 1937 et 1992 dont chaque ouvrage fut un best-seller. Sans cesse réédités depuis sa toute première parution, les quatre premiers tomes, publiés entre 1937 et 1946, ont totalisé le chiffre exceptionnel de 4,5 millions d’exemplaires vendus) et le célèbre dessinateur Pierre Joubert (adepte de l’idéal chevaleresque, il crée par ses dessins un certain style d’adolescent, fougueux, aventurier et plein d’espoir).
Baden Powell fut dans son enfance un adepte de l’école buissonnière, y développant son sens de l’observation, explorant la campagne avec ses frères avec qui il campe et navigue. Ses études s’en ressentent et il ne lui restera plus qu’à s’engager dans l’armée. Ce sera l’Inde puis l’Afrique du Sud où il perfectionnera l’art de l’approche et de l’exploration mais aussi des techniques de survie, créant des patrouilles chacune sous les ordres d’un chef, attribuant aux plus méritants un insigne. De ses observations, Il publie sous le nom de Scouting (L’art des éclaireurs) un petit fascicule destiné aux militaires appelé : Aids to scouting. Les bases du scoutisme étaient nées.
Patrick Wagner (www.livrarbitres.com)
André Reval, Baden-Powell chef scout, Edition Les Amis de la Culture Européenne, 2022, 123 pages, 14,50 euros.
