Espagne

Espagne : le baiser qui tue

Le scandale est immense, en Espagne : alors que l’équipe féminine espagnole de football venait de remporter la Coupe du Monde, le président de la fédération de football, un dénommé Luis Rubiales, a embrassé sur la joue chaque joueuse, et sur la bouche l’attaquante espagnole, à qui le club féminin de La Roja doit pour beaucoup sa victoire. Ce baiser-là est devenu le sujet de tous les débats, de toutes les préoccupations.

En raison du manque de décence, dans un pays qui fut longtemps soucieux des bonnes mœurs ? Vous n’y êtes pas. Ce sont les féministes qui sont à la manœuvre et elles considèrent qu’il y a là une agression sexuelle et machiste impardonnable.

A la vérité, l’affaire est simple : ou bien Rubiales a eu un geste déplacé, ou bien la « victime » n’a pas trouvé à y redire. Il est d’ailleurs possible que ce cas se situe à mi-chemin. Mais nous sommes loin, bien évidemment, des affreuses agressions sexuelles, suivies parfois de meurtres, qui ont fait trop souvent l’actualité de cet été.

S’il s’agit d’une attitude déplacée, inappropriée, alors des excuses étaient nécessaires, voire des sanctions disciplinaires. Mais ce ne pouvait en aucun cas être considéré comme le plus grave évènement survenu en Espagne, ces dernières années. La « victime » elle-même a tenu à replacer l’évènement dans son contexte et à en limiter la portée : Jennifer Hermoso, la fameuse attaquante (au corps couvert de tatouages…) a en effet expliqué : « Le président et moi, nous avons une excellente relation, son comportement avec nous toutes a été parfait et c’était un geste naturel d’affection et de gratitude ». C’est élégant de sa part de s’exprimer ainsi car il n’existait apparemment aucune liaison entre eux, et Jennifer Hermoso a d’ailleurs précisé qu’elle ne s’attendait pas à ce geste, qui ne lui avait pas plu, avant de sourire, néanmoins, aux photographes et aux caméramen. Ce qui montre qu’elle n’a pas été traumatisée outre mesure par cette manifestation tout à fait inappropriée d’enthousiasme, tenant à parler d’« un geste mutuel totalement spontané en raison de l’immense joie que procure la victoire en Coupe du monde». Le fait même que ce baiser volé ait été filmé et vu par plusieurs millions de téléspectateurs peut justifier néanmoins une sanction significative.

Rubiales a donc fait des excuses, ce qui était la moindre des choses : « Dans un moment de plus en plus fusionnel, sans aucune mauvaise intention, sans aucune mauvaise foi, eh bien, il s’est passé ce qui s’est passé. S’il y a des gens qui ont été blessés par cela, je dois m’excuser, il n’y a rien d’autre à faire ».

Aller « plus loin que des excuses »

Mais voilà que la classe politique s’en mêle, surtout à gauche. Le président socialiste en exercice Sanchez a estimé que les excuses étaient « insuffisantes » et qu’elles étaient même « inappropriées ». Lors d’une conférence de presse, il a exigé que Rubiales aille « plus loin que des excuses ». Plus loin ? C’est-à-dire ?

Les lobbies féministes se déchainent sur les réseaux sociaux. Ils réclament la tête de Rubiales.

Pour sa part le gouvernement semble faire pression sur la fédération de football pour que Rubiales soit « démissionné ». Les excuses de ce dernier « ne servent à rien », selon le ministre de l’égalité. Alors quoi ? La mort dans l’âme, la Fédération sportive prévoit une réunion d’urgence pour statuer sur cette « affaire ».

La gauche espagnole veut faire de ce « baiser volé » un cas d’école. La ministre communiste Diaz, numéro, trois du gouvernement, exige la démission de Rubiales. (Eh oui, dans l’Espagne libérée du stalinisme en 1936/39, il y a aujourd’hui des ministres néostaliniens !).

Du faut de cette polémique, la victoire de l’équipe féminine en est éclipsée, remplacée par un grand happening sur la violence sexuelle et le machisme en Espagne (personne n’ose néanmoins ajouter « comme au temps de Franco ». Car à cette époque-là, la décence commandait de ne pas s’embrasser en public sur la bouche). De ce point de vue, Rubiales est bien le produit de son époque. La décence, la pudeur, des qualités « vieux jeu » qu’il doit certainement regretter d’avoir négligé.

Pendant ce temps, les incendies continuent à ravager le nord du pays et les Canaries ; l’immigration-invasion se poursuit ; la délinquance suit, à commencer par la drogue et les agressions sexuelles ; la chambre des députés ne parvient pas à constituer une majorité ; l’autonomisme retrouve d’inquiétantes couleurs ; le pays s’enfonce dans une dette publique incontrôlée, qui représente désormais 113% du PIB (la seule dette des administrations et services publics se chiffre à 1570 milliards d’euros).

Alors, de quoi parle-t-on ? D’un baiser volé et fugitif, suivi d’excuses ? C’est Byzance, le sexe des anges !

Agathon

(3 commentaires)

  1. Excellent article. Beaucoup de bruit pour rien (sinon servir le lobby féministe et permettre à une gauche vaincue dans les urnes de se refaire une santé, en particulier à l’international) alors que le pays flambe.

  2. C’est lamentable ! Il n’y a donc rien de plus grave qu’un baiser !
    Lequel finirait par éclipser tout le travail accompli pour parvenir à la victoire , une victoire sur une équippe anglaise trop sûre d’elle-même qui finissait par considérer que la victoire lui était due.
    C’est aussi ça le socialisme : détourner l’attention en prenant les gens pour des c… . Entre nous, est-ce bien le propre du socialisme ?

  3. Imaginez que cette « agression sexuelle » se soit déroulée sous Franco et que, comme l’a fait le Premier ministre socialiste Sanchez aujourd’hui, le Caudillo ait exigé le renvoi du coupable. Le monde entier eût condamné cette pudibonderie réactionnaire. Ces réactions de chaisière sont désormais applaudies, mais elles jouent dans l’autre sens.
    Curieusement, personne ne dénonce Macron quand il serre amoureusement dans ses bras, et sans leur demander leur avis, des malfrats antillais ou Kylian Mbappé, lequel n’a pourtant pas l’air d’apprécier ces effusions.

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