JDD

Nouvelles des médias : ce JDD libéré qui leur tord le nez…

Je viens de lire un petit livre épatant, paru il y a un peu plus de quinze ans : les Confessions d’un journaliste lamentable (sic !), de Guy Baret. C’est une sorte de mémoire d’outre-tombe d’un journaliste contemporain. C’est plein d’humour, plaisant à lire de bout en bout. Il faudra que je me plonge dans la collection des Présent papier de 2006 de l’oncle Brigneau, dont j’ai hérité, pour voir si ce livre avait été chroniqué, à l’époque, et comment.

Toujours est-il que Guy Baret y raconte sa mutation du Figaro vers le France-Soir de ce temps-là, ce qui provoqua une folle bronca de la rédaction. La nomination de Baret en tant qu’éditorialiste de France-Soir, alors qu’il était connu pour ses papiers anti-gauche de L’Aurore puis du Figaro, donna en effet lieu à une « protestation historique (…). La rédaction, entraînée par les syndicats alarmistes menaça de faire grève, pour défendre son « indépendance politique ». Le précédent éditorialiste un obscur gratte-papier nommé Claude Vincent, qui sévit encore aujourd’hui, parait-il, à la rubrique gastronomie et bien-être des Echos, s’inquiéta publiquement de la « dérive politique » perçue à travers les articles de son désormais rival à France-Soir, un rival qui révélait de sinistres penchants « extrémistes » (de droite). France-Soir fut comparé au « scandaleux » Gringoire de Carbuccia et Béraud (qui était aussi le Gringoire de Kessel et d’Irène Némirovsky, ce que, curieusement, les gardiens de la moraline gauchiste « oublient » toujours de dire).

Au bout d’un moment, la coterie gauchiste se calma, tout simplement parce que, comme pour le JDD, les journalistes hostiles démissionnèrent, forts de leur clause de conscience, et touchèrent ainsi le gros lot financier (voilà qui me rappelle les causes de la fin du Présent papier, mais ceci est une autre histoire).

Pour le JDD libéré (du gauchisme), la grève ne fut pas qu’une menace, elle fut effective, ce qui permit en effet aux journalistes de démissionner dans les exceptionnelles conditions financières qu’offre leur convention collective.

Personne ne suit les oukases gouvernementaux contre le JDD libéré

Depuis la reparution, la gauche continue de crier au « Sus au fascisme !», sans guère trouver de grain à moudre pour décourager les lecteurs. Le gouvernement continue pour sa part à interdire à ses ministres de répondre aux demandes d’interviews, « sauf si c’est à titre personnel », a-t-il été précisé récemment, après le constat que personne ne suivait ses directives. C’est ainsi que dans le JDD libéré en date du 10 septembre, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, qui est aussi vice-président du Modem, le groupuscule de Bayrou, viole à son tour les consignes gouvernementales, en répondant sur une page entière aux questions de la rédaction.

Fesneau va même plus loin car, s’alignant sur les propos récents de Sarkozy, notamment dans le JDD libéré, il met en cause la sacro-sainte notion d’«arc républicain » , expliquant qu’il est temps d’abandonner « les postures politiciennes ».

Ainsi donc l’arc républicain – on disait le « front républicain », autrefois – n’était qu’une posture politicienne ? On s’en doutait un peu. Mais le lire noir sur blanc dans le JDD libéré, à travers les propos d’un ministre qui fut lui-même (ou son parti) de toute cette intox, quel aveu ! L’ancien premier ministre socialiste Manuel Vals, qui occupe régulièrement, lui aussi, les colonnes du JDD libéré, va dans le même sens (lire son papier sur Jacques Julliard dans le numéro du 3 septembre).

Même les sleeping giants sont confrontés à l’échec de leur campagne de boycott du JDD libéré et des entreprises se risquant à passer de la publicité au JDD libéré. Louis Vuitton, La Française des Jeux, Carrefour, le CIC, Super U, DIOR, le département des Hauts-de-Seine, et jusqu’à Télérama, y publient en effet désormais des encarts publicitaires.

Enfin un écosystème médiatique de droite !

Du coup la NUPES et les médias du « sévice public » se retrouvent bien seuls pour soutenir un boycott qui, de fait, n’existe plus. Peut-on alors se dispenser désormais d’acheter le JDD libéré, qui n’a plus besoin d’encouragements « militants » ? Non, bien entendu. Sa lecture n’implique d’ailleurs nullement de renoncer aux autres médias – et pas seulement ceux à de la presse écrite – non conformistes.

Qu’il y ait enfin un écosystème médiatique de droite est un plus pour l’ensemble de ces médias, les petits et les grands. Qui plus est, le JDD libéré ne coûte que 2,20€ (2,40€ avec son supplément Version Femina). Pourquoi s’en priver ? Le lire, c’est lire par exemple notre chère Charlotte d’Ornellas, qui nous raconte la désinformation de France 2 sur le Puy du Fou ; c’est lire aussi Pascal Praud, qui nous parle du dernier tome des mémoires de Sarkozy, pour constater au passage que l’ancien président parle d’or sur la Russie de Poutine, sur l’Ukraine, sur le nucléaire, sur l’immigration, sur le RN, sur les accusations fantaisistes de xénophobie, de racisme, d’extrême droitisme. Il est épatant ce Sarkozy-là. Il ferait sûrement un bon président. Ce n’est pas comme son homonyme, qui fut président de 2007 à 2012, qui signa le traité de Lisbonne sur le fonctionnement de l’Europe, et qui fit du communiste Guy Moquet, adepte des accords Ribbentrop-Staline, un héros !

Ne revenons pas sur tout cela et contentons-nous de nous réjouir de la reparution et du succès du JDD libéré.

Guy Baret, prestidigitateur

Pour en revenir à Guy Baret, dont je parlais au début de cette chronique, j’ai eu l’occasion de le rencontrer, car il rendait parfois visite à Présent, rue d’Amboise, non loin des locaux du Figaro. J’avais alors une dizaine d’années, et ma mère me confiait à la garde de l’oncle Brigneau, Baret faisait des tours de magie pour épater la rédaction et les visiteurs de passage. Vous pensez bien que cela me fascinait. J’ai appris dans Confessions d’un journaliste lamentable, que Guy Baret songea un temps à devenir prestidigitateur professionnel. Mais au fond, journaliste et magicien, c’est un peu le même métier, non ?

Madeleine Cruz

Un commentaire

  1. Chère Mathile Cruz,
    J’ai très bien connu Guy Baret ! Il m’a rappelé ce précédent le passage du jour au lendemain de Franz-Olivier Giesbert de la direction du Nouvel Obs à celle du Figaro sans que cela emeuve qui que ce soit dans la classe politico-mediatique. Pas même parmi les journalistes du Figaro alors qu certains en firent les frais. Ce fut le cas de mon ami Guy Baret qui, jugé trop à droite fut successivement éloigné d la politique au service des sports puis au tourisme.
    Guy Rouvrais

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