Jardin

Les lectures de Madeleine Cruz : dans la famille Jardin, ne demandez pas Alexandre !

Quelle famille, ces Jardin ! Il y a d’abord le grand-père, Jean Jardin. Il fut directeur de cabinet de Laval. Son fils, Pascal Jardin, a raconté avec talent et émotion l’histoire de ce père, dans Le nain jaune, paru en 1978. Mais son petit-fils, Alexandre Jardin, a pour sa part taillé un costume à son grand-père, dans un livre déplaisant, Des gens très bien, publié en 2011. En gros le petit-fils s’est fait une virginité familiale en traînant son grand père dans la boue. Ce qui fait que, malgré cette « lourde » hérédité, Alexandre n’a jamais subi les scandaleux ostracismes qui ont frappé d’autres « fils de…ou petites-filles de… ». Comme la malheureuse petite-fille de Maurice Papon, qui fut démissionnée de force de son poste de fonctionnaire, en 2005, à la suite d’un simple écho du Parisien prétendument libéré, sur ce lien de parenté.

Il y a donc ensuite le père, Pascal Jardin, le plus talentueux de la famille : il a écrit une centaine de scénarios de films. Avec Audiard, c’est certainement le plus grand dialoguiste du cinéma français. Son œuvre littéraire est tout aussi fabuleuse, alors qu’il est mort jeune, à 46 ans, très précisément.

Il y a enfin Alexandre Jardin. Il fut candidat aux élections présidentielles au titre du mouvement qu’il présidait et dont il était sans doute le seul membre : le parti Bleu Blanc Zèbre. Vous voyez le niveau…Je vous avouerai que je trouve l’œuvre de cet Alexandre spécialement insipide. Il bénéficie toujours de bonnes critiques dans la presse conformiste, mais le plus souvent les journalistes n’ont visiblement pas lu le livre qu’ils commentent. C’est vraiment de la « littérature de gare », comme disait tante Mathilde.

Après avoir déglingué son grand-père, Alexandre nous raconte aujourd’hui, dans Frères, l’histoire de son demi-frère, Emmanuel Jardin, qui s’est suicidé en 1993 d’un coup de fusil. Pas très gai, tout ça ! Ce frère, Alexandre le définit, dans une interview à un quotidien parisien, comme « magnétique, et en même temps répulsif. Dangereux. Inquiétant. Fascinant. Charmant. Insaisissable ». Allez donc vous y retrouver ! Apparemment ce déballage familial n’a pas été apprécié par une bonne partie de la famille Jardin.

Dans cette même interview, Alexandre Jardin explique encore qu’avec ce livre, « j’ai senti que j’avais soulevé le gros lièvre des familles françaises ». Il l’a soulevé comment ? Avec une grue ? Un palan ? Pour le transporter où ? Pour ma part, je n’ai pas l’impression de lever un lièvre en révélant qu’Alexandre Jardin ne sait pas écrire français.

Ne vous précipitez pas sur ce nanar, paru chez Albin Michel. Vous ferez ainsi une économie de 19,90€. En ces temps d’inflation, ce n’est pas négligeable !

Madeleine Cruz

(2 commentaires)

  1. J’ai souvent remarqué que les enfants ou petits enfants de ceux qui avaient joué un rôle important entre 1940/1945 du côté du camp « des maudits » se croyaient obligés de « cracher » sur leur ascendant tel par exemple Dominique Fernandez dans son livre consacré à son père Ramon. Alexandre jardin fait partie de cette engeance alors qu’il n’arrive pas à la cheville de son grand père.

  2. J’avais aussi été déçu par les livres de Dominique Jamet sur son père, Claude.
    Dominique Jamet avait beaucoup de talent et d’humour, les (anciens) lecteurs de L’Aurore et du Figaro s’en souviennent certainement.
    Mais dans ces regards critiques, il rentre de l’affectif, des considérations familiales, et les classiques lectures uchroniques d’une Histoire réécrite avec ce que nous savons aujourd’hui du passé.
    Fr.Bergeron

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