Après la canicule, le Covid attaquerait à nouveau en force. Donc tous au vaccin, disponible dès le 2 octobre, nous adjure le gouvernement, moins inquiet sans doute des conséquences du virus pour les malades que des incidences de l’éventuelle épidémie sur des structures médicales déjà si dégradées.
Lieu d’accueil ou maison d’abattage ?
Du latin hospitalis (« hôte »), l’hôpital qui a donné leur nom aux moines de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, créé au XIème siècle pour soigner les pèlerins et les Croisés en route pour la Terre sainte, a longtemps désigné un lieu d’accueil. Un millénaire plus tard, force est de constater qu’il est devenu pour soignants et patients une maison d’abattage, sinon un enfer que beaucoup de ses employés quittent dès qu’ils le peuvent. Le 24 août, il ressortait ainsi d’une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) dépendante du ministère de la Santé que seules « 54 % des infirmières hospitalières le sont toujours après dix années de carrière » : les autres « partent exercer en libéral, en Ehpad, ou changent complètement de métier en raison des faibles salaires, des volumes de travail et des conditions d’exercice de la profession». Un « doublement de la charge de travail infirmier depuis dix ans », soit, selon le syndicat SNPI CFE-CGC, « épuisement, dépression ou burnout ». Résultat : « 60 000 postes infirmiers vacants et 10 % des soignants en arrêt maladie ».
Rien d’étonnant donc si, selon une autre enquête, menée cette fois par le syndicat Samu-Urgences de France et publiée le 6 septembre, 163 services d’urgences ont fermé au moins une fois durant l’été, soit près d’un sur deux, et si, « dans les deux tiers des départements, 70% des Smur, les véhicules d’urgences et de réanimation avec, à bord, un médecin, un infirmier et un ambulancier, n’ont pas pu fonctionner en continu ». « Une nouveauté, qui met en péril la sécurité de la population… La dégradation de l’accès aux soins urgents en France ne peut plus se poursuivre ».
Et ne parlons pas de la fermeture de nombreuses maternités. Le 8 septembre dans l’Hérault, une jeune femme ressentant les premières douleurs a dû accoucher seule dans sa voiture, conduite à fond la caisse aux risques d’accident par son mari qui tentait de rejoindre à temps l’hôpital de Montpellier, seule structure disponible. En mars, un couple de la région de Saint-Quentin avait connu le même cauchemar.
Un mal déjà ancien, et la régularisation d’immigrés n’y changera rien
Mais ce délabrement est déjà une vieille histoire et la province n’est pas seule sacrifiée. En novembre 1995, une septuagénaire parisienne frappée d’embolie et conduite à Lariboisière par les pompiers avait, inconsciente, attendu sept heures sur un brancard dans un couloir, au milieu de clochards et de saoulards hurlants avant d’être examinée quelques minutes par un médecin hagard qui déclara crûment à sa fille que sa mère « ne passerait pas la nuit ». En réalité, la malheureuse survécut deux ans mais à l’état de zombie, ayant été prise en charge trop tard. Quant au médecin, un Syrien, « il n’avait pas les codes » selon le directeur du service, d’ailleurs désolé.
On voit par cet exemple, qui n’est hélas pas une exception, que le mal vient de loin. Alors que l’hôpital est déjà un très gros employeur d’allogènes, régulariser des clandestins pour soulager les métiers « en tension » dont les professions médicales, comme le veulent le gouvernement, le patronat et la gauche, ne résoudrait que très marginalement un problème beaucoup plus structurel et résultant des choix désastreux faits depuis des lustres par ce qu’il est convenu d’appeler l’État profond.
Le poids de l’administration… et de la « diversité »
En visite au CHU de Rouen le 31 août, Elisabeth Borne (dont le chef de cabinet fut longtemps l’apparatchik socialiste Aurélien Rousseau, ancien chef d’une Agence régionale de santé et promu en juillet ministre de la Santé) a promis 3 milliards d’euros pour donner un nouveau souffle à l’hôpital.
Mais la réouverture des lits fermés sous Sarkozy puis Hollande — alors que le vieillissement de la population et l’amplification de pathologies liées à la malbouffe et aux diverses toxicomanies étaient déjà une réalité — et le recrutement d’équipes pour s’occuper des malades ne se feront pas en un claquement de doigts. En outre, comment être sûr que ces trois milliards d’euros ne profiteront pas d’abord aux administratifs et aux ARS, dont le poids budgétaire dépasse déjà celui des soignants ? Les salaires de ceux-ci n’ont été revalorisés que de 2,8%, très au-dessous du taux d’inflation. Ce qui contribue au désamour d’un métier rendu encore plus ingrat par le stakhanovisme qu’il implique désormais… et les exigences, les injures, voire les brutalités auxquelles les soignants sont exposés de la part de patients exotiques toujours plus nombreux au détriment des nationaux, et auxquels tout semble dû.
Pendant longtemps, le système médical français a été considéré comme l’un des meilleurs du monde — raison pour laquelle d’ailleurs, beaucoup de Britanniques fuyant leur Medical Care très déficient venaient s’installer chez nous. A certains égards — voir le nombre de maternité fermées en province —, ce système s’aligne désormais sur le Tiers-Monde.
Le secteur privé frappé par… la féminisation !
Et le secteur privé n’est guère plus performant. Si l’on n’a pas les relations nécessaires, est-il normal, même à Paris ou à Nice, d’attendre plus de quatre mois pour obtenir un rendez-vous en dermatologie, en obstétrique ou en ophtalmologie, et que les généralistes soient aussi peu disponibles ? Pourtant, les facultés de médecine continuent à faire le plein ?
Une généraliste avance une explication qui ne plaira pas à ses consœurs : pour elle, la pénurie provient du fait que « les étudiantes, désormais majoritaires en facs de médecine, sont plus bosseuses, réussissent mieux que les garçons et accèdent donc à des spécialisations. Mais, une fois leur patientèle constituée, elles aspirent à plus de vie personnelle, ce qui est légitime quand on veut fonder une famille et bien s’en occuper. Elles exercent beaucoup moins que leurs homologues masculins, du coup surchargés de besogne et n’acceptant plus de nouveaux patients. Non soignées à temps, des pathologies bénignes s’aggravent ainsi, nécessitant une opération »… A condition de trouver les anesthésiants, actuellement en rupture de stocks, comme tant d’autres médicaments, pour les infiltrations par exemple ! Une pénurie résultant de la délocalisation de la fabrication nationale à l’étranger décidée en 2018 par les géants de l’industrie pharmaceutique française voulant réaliser toujours plus de profits, scandale majeur d’ailleurs dénoncé par une commission d’enquête du Sénat en juillet dernier — cf https://www.senat.fr/travaux-parlementaires/structures-temporaires/commissions-denquete/2022-2023-ce-penurie-de-medicaments.html
On connaissait déjà les effets négatifs de la féminisation à outrance de l’enseignement et de la magistrature. Notre système de santé en est-il la nouvelle victime, avant bientôt la police, la gendarmerie et l’armée ? Mon prénom étant épicène, je précise que cette question est posée non par un gros macho mais par une femme.
Camille Galic