Table

Table d’hôtes : il est des lieux où souffle l’esprit…

Ainsi parlait Maurice Barrès. Des lieux dont on parle, des lieux où l’on se parle, des lieux que l’on connaît. Des lieux où l’on regarde tout simplement le ciel. Des terres que l’on foule, et d’autres sont venus par ici… Des lieux que l’on contemple, et des lieux et des temples bâtis ou naturels, où l’on se tait. Des lieux où l’on se retrouve, où l’on se cherche, où l’on se perd… Des lieux où l’on prie, Jehanne, Thor ou saint Michel archange, les arbres, les eaux, des runes, la croix… Des endroits habités par on ne sait quels brumes et murmures étranges, mais qui ne nous sont pas étrangers.

Païens, chrétiens, ou les deux à la fois et les deux à la foi, dans tous les cas gaulois ! Et à jamais Français ! Les coins les plus prometteurs ont été vantés par Kléber Haedens, Cécil Saint-Laurent et Antoine Blondin dans La France que j’aime… (éditions Sun. 1964). Dans un ouvrage qui porte le même titre, Pierre Bonte nous entraîne vers d’autres cités, sous l’auspice de son agréable et si souriante plume (Albin Michel. 2010).

Jamais deux sans trois !
Le titre du prochain recueil de votre serviteur est intitulé La France qu’on aime, il est préfacé par Camille Galic et sera édité fort bientôt aux éditions de « L’Atelier Fol’ fer ». Qu’on se le dise !

Mais il est d’autres lieux, des collines, des sources, des cuveaux des fées, des villages pleins d’orgueil et de charme chargés pourtant de modestie… Voulez-vous m’accompagner pour ce voyage au bout du jour en toutes nos provinces ? Commençons l’excursion par un village qui fleure bon L’Histoire de France et le lys blanc, en chantant « Quand les lys blancs refleuriront, allez dire au roi qu’il revienne » (paroles de Gabriel Neyron de Méons, musique de Désiré Dihau).

Bainville aux Saules (Lorraine. Vosges).

C’est un coin de verdure où chante une rivière, apprécié jadis par Antoine le Bon, duc de Lorraine, qui y édifia sa maison en 1510. « La Lorraine est certainement la terre la plus usée de France », Bainville aux Saules n’est pas en reste. Je répète souvent cette sentence que nous devons au Lorrain Maurice Barrès, inventeur du concept de nationalisme intégral. Au XVIIème siècle, pendant la terrible guerre de Trente ans, de nombreuses troupes ont foulé son sol, Français, Impériaux, Croates et Suédois… Ces derniers possédant un gène très spécifique que l’on retrouve dans le sang de bien des gens de la province ainsi qu’en celle d’Alsace, mon professeur Christian de Montlibert m’expliquait en TD, que ces derniers étaient forcément des descendants de reîtres et de soudards norois, pour le moins entreprenants.

Bainville (« bain dans la ville » suite à une inondation) demeure un endroit charmant, idéal pour un pique-nique et qui porte accessoirement le nom de l’historien, à jamais respectable, à la plume prenante et surprenante, claire et vive comme son esprit, pareil à l’eau qui coule en ruisseau (le Madon) au milieu de ce village de la Vôge en plaine. L’amie Anne Brassié nous invite souvent à lire sous les pommiers, pourquoi pas sous les saules ? Voyager, c’est bien, ça fait travailler l’imagination écrivait Ferdine. Mais aussi l’estomac ! Grignotons quelque chose comme un pâté lorrain on ne peut plus local. La recette, toute simple, est répertoriée sur Wikipédia qui fait référence à un article de l’ami Jean-Marie Cuny et au chef étoilé Obriot — que je remercie au passage pour m’avoir parrainé au Collège Culinaire de France.

La recette enracinée : Pâté lorrain de ménage. On trouve l’origine de ce pâté au Moyen-Âge, dans le plus ancien des livres de cuisine, Le Viandier, de Guillaume Tirel, dit Taillevent.

250 g de noix de veau, 250 g d’échine de porc tranchés en lanières que l’on fait baigner pendant 48 heures dans un demi-litre de vin blanc avec deux échalotes ciselées, sel, mélange cinq baies du moulin, un peu de persil haché, une gousse d’ail écrasée et deux feuilles de laurier. Préchauffer le four à 160°C. Egoutter la viande. Ouvrir un rouleau de pâte feuilletée en conservant dessous la feuille de papier sulfurisé. Déposer sur la plaque de cuisson. Disposer la farce au centre en forme de gros boudin et en laissant quelques cm libres tout autour. Rabattre les 4 côtés en commençant par les extrémités, retourner le pâté pour que la pliure soit dessous. Badigeonnez de 2 jaunes d’œuf battus avec 3 cl d’eau. Enfournez à 180 °C pendant 45 minutes. Coupez la source de chaleur et laisser cuire encore 15 minutes. Servir avec une salade verte et escortez d’un blanc d’Alsace ou d’un gris de Toul frais.

Bonnes adresses :

Franck Nicolle

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