cinéma

Filons au cinéma !

Testament

Denys Arcand, ce très vieux cinéaste, auteur du Déclin de l’empire américain, déjà fort apprécié, plante son décor dans une maison pour aînés québécois. Le temps s’y écoulerait doucement et calmement si des manifestants s’estimant les descendants des peuples premiers ne campaient sous leurs murs pour obtenir le retrait d’une fresque représentant la découverte du Québec et des indiens presque nus par Jacques Cartier.

D’autres petits évènements viennent illustrer la bêtise des slogans de notre monde contemporain, toujours avec humour, le remplacement de la bibliothèque par une salle de jeux vidéos, la mort en pleine santé d’un sportif qui en fait trop. Une poésie inouïe sur fond de solitude aiguë, “je m’ennuie de mes morts”, dit le personnage principal, un pianiste d’un autre temps qui joue de douces mélodies, le sursaut d’un homme intelligent qui comprend que la bonté est vitale en ce bas monde. Merci à Denys Arcand pour ses images profondes si mélancoliques et si gaies à la fois. Deux moments hilarants parmi d’autres : la petite vieille qui est devant son écran vidéo et confond la souris avec un téléphone… Et la ministre des affaires sociales qui balance à la directrice de l’Ephad: “Madame on ne dirige pas avec le réel, on dirige avec les apparences.”

L’abbé Pierre

Beau portrait de ce fils de bourgeois lyonnais que son père emmenait chaque semaine nourrir les pauvres. Cette reconnaissance des bienfaits de cette brave bourgeoisie paternaliste fait du bien. D’abord moine, puis résistant pas très fraternel (en réalité a la libération, pas dans le film !) puis fondateur d’Emmaüs, on suit son action faite de coups de gueule médiatiques bien justifiés.

Quand la justice ne suffit pas, la charité s’impose….Aidé par une jeune femme qui restera à ses côtés jusqu’à sa mort. On évite les ragots, non elle ne fut pas sa maîtresse mais lui donna son amitié et ses dons d’organisatrice et de gestionnaire hors pair. Cela reste une action sociale. Pas de messe, peu de prière. Une allusion assez vulgaire et sotte à son allergie à Jean Marie Le Pen, le Front s’étant aussi occupé des pauvres. On n’a pas interrogé le pasteur Blanchard dont les maraudes étaient très attendues dans les rues de la capitale. Par contre on passe sous silence la grande amitié de l’abbé avec le négationniste Roger Garaudy. Les deux acteurs principaux sont excellents. ….Des pauvres, vous en aurez toujours, dit le Christ… Quand on voit les rues des grandes villes et les pauvres gens qui dorment dehors, on attend un nouvel Abbé Pierre

Le garçon et le héron

Né en 41 à Tokyo, Miyazaki est un cinéaste créateur de films animés magnifiques, inspirant aux enfants poésie, sagesse, humour, esprit de courage et de persévérance. Ce dernier film d’un homme très âgé marqué par la dernière guerre reprend le message de son film précédent, Le vent se lève. Début d’un vers de Paul Valéry qui se poursuit par “il faut tenter de vivre“. C’est le même message qui est repris dans le Garçon et le héron. Le jeune héros perd sa mère dans un incendie, il part avec son père chez la seconde femme de celui ci et un vieux héron l’entraîne dans des aventures folles où il est question d’armée du mal, de résistance. Il continue à rechercher sa mère. Les images sont d’une grande beauté, paysages et ciels pleins de nuages sont magnifiques mais le message sans doute shintoiste et donc étranger pour nous et l’histoire restent confus. Traumatisant, je pense, pour les enfants, difficile à suivre pour les adultes.

Bonnard, Pierre et Marthe

Martin Provost a reçu 7 Césars pour Séraphine, modeste femme de ménages devenue à Senlis, peintre reconnu. Il fait aujourd’hui le portrait du couple Pierre Bonnard et Marthe, son modèle qui deviendra sa femme. Nous sommes en 1893. Celui qu’ on appelle le peintre du bonheur peint son modèle nue avec beaucoup de couleurs et donc du bonheur et rencontre le succès. Ils s’installent à la campagne et sont heureux quelques temps mais la vie d’artistes est semée d’embuches…Très jolie chronique, filmée comme un Corot. Scènes et dialogues profonds. Evocation des amis du peintre, Claude Monet, Vuillard et la pianiste Misia Sert . D’excellents portraits enfin de femmes dans leur combat pour s’approprier Bonnard. Vincent Macaigne et Cécile de France sont encore une fois d’excellents acteurs.

Anne Brassié

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