Le 13 décembre, Ghislain de Diesbach nous quittait, à l’âge de 92 ans. Remarquable historien (ses biographies de Chateaubriand, de Ferdinand de Lesseps, de la princesse Bibesco, de Mme de Staël, de Proust ou de l’abbé Mugnier font autorité), mémorialiste acéré (Le Goût d’autrui, Gare Saint-Charles, Une éducation manquée), romancier inventif (Le Grand Mourzouk, Iphigénie en Thuringe) au style fluide, ce descendant d’une grande famille suisse ayant toujours suivi et servi les Bourbons, y compris pendant la Terreur, était un parfait gentilhomme.
Ainsi qu’un grand érudit : ses dîners avec un autre historien, Jean-François Chiappe, disparu en 2001), et parfois Jean-Marie Le Pen étaient pour les autres convives des feux d’artifice et des cours d’histoire enchanteurs. D’autant qu’il maniait l’ironie de main de maître, comme on peut le constater par exemple dans son Jules Verne politiquement incorrect ?, publié comme tous ses derniers ouvrages — par exemple Le Nouveau savoir-vivre, condamnation sans appel de l’actuelle déliquescence aussi bien vestimentaire que mentale — ou le délicieux Vieille Angleterre de ma jeunesse, par Via Romana.
Avec Ghislain de Diesbach, fidèle abonné de Présent auquel l’essayiste Christopher Gérard vient de rendre un bel hommage dans son exploration des « Nobles voyageurs » (1), ce n’est pas seulement un grand écrivain aux multiples facettes mais aussi la quintessence de l’élégance et de l’insolence françaises qui a disparu. Car ce bretteur des lettres maniait la plume comme ses ancêtres le sabre, à preuve cette profession de foi assassine : « Il n’y a de véritable égalité que dans l’esclavage, et de liberté que dans une hiérarchie. Il n’y a de fraternité que celle des armes ».
Un malheur ne venant jamais seul, le 16 décembre s’est éteint le sympathique Jacques Le Morvan, metteur en pages dès l’origine et pendant des décennies du quotidien Présent, chanteur, graphiste, militant national et catholique, pilier du Chœur Montjoie Saint-Denis et du Centre Charlier. Triste fin d’année pour notre petite équipe.
Camille Galic
Ghislain de Diesbach sera inhumé le mercredi 20 décembre à Putot-en Auge mais une messe sera célébrée dans sa paroisse , à l’église Sainte-Clotilde (23 bis Rue las Cases, 75007 Paris) le dimanche 7 janvier à 11 heures.
