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Loi sur l’immigration et préférence nationale

« Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires » (Montesquieu). Cette loi, c’est de l’imposture en marche, assortie d’un psychodrame ridicule .

Une loi inutile et inefficace

Cette loi ne va pas à l’essentiel, ils sont peu nombreux à le dire, dont Éric Zemmour.

Elle ne supprime pas le droit du sol. Elle ne supprime ni le regroupement familial, ni l’immigration familiale.

Elle ne supprime pas l’AME, ni les prestations sociales pour les étrangers extra-européens, qui sont les pompes aspirantes de l’immigration.

Elle ne permet pas l’expulsion des délinquants, criminels et fichés S double-nationaux.

Elle ne concernera aucun Algérien, puisque les ressortissants de ce pays bénéficient toujours des privilèges migratoires de l’accord de 1968.

Elle continuera donc de laisser entrer, chaque année, 100 000 étudiants étrangers, 150 000 demandeurs d’asile et 100 000 personnes venues au titre de l’immigration familiale.

Démocratie et république

Le vote de cette loi est surtout l’occasion de nous montrer le déni de la démocratie. On apprend, en effet, qu’il y a des votes toxiques et d’autres qui sont bons, un vote est un vote d’où qu’il vienne, (on nous a suffisamment bassiné sur le « one man, one vote »!). Le président (c’est à dire l’exécutif) nous annonce que le Conseil constitutionnel peut revoir la loi : où est la séparation des pouvoirs et la démocratie, si l’exécutif se mêle du législatif et une instance non élue peut revenir sur le vote de la représentation nationale? Quant à la république, tant de fois évoquée, le bien commun de tous, elle est le fruit de la souveraineté populaire, et ceux qui prétendent s’en réclamer aujourd’hui commencent par nier cette souveraineté.

Et voilà maintenant que des présidents de département, directement, et la conférence des évêques de France (indirectement) nous disent sans ambages que cette loi peut ne pas être respectée. Fort bien mais alors qui m’obligera demain à respecter la loi quelle qu’elle soit ? Merci à vous messeigneurs de m’autoriser à entrer dans l’illégalité.

Enfin, cerise sur le gâteau, le LFI Corbière, formule une intéressante critique de cette loi, qui selon lui, ne fera rien contre l’insécurité, il avoue donc que l’insécurité et liée à l’immigration. CQFD! A vouloir trop démonter, le Corbière se prend les pieds dans le tapis (rouge ?).

Il n’est pas dit qu’un système autant pétri de contradictions puisse perdurer très longtemps.

Préférence nationale, la fin du culte de l’Autre suprême ?

Ce qu’il faut en dire, c’est que la préférence nationale est avant tout un concept intrinsèque à l’existence des nations, ontologiquement liée à l’idée nationale, et pratiquée depuis des décennies implicitement par la république. On ne devrait même pas s’interroger sur sa légitimité. L’idée de préférence nationale semble actuellement prendre sa revanche, au grand désarroi de la classe oligarchique. « La Préférence nationale » est un livre rédigé par le président de la Fondation Polémia Jean-Yves Le Gallou en 1985 pour définir ce concept. Aujourd’hui, cette vision « les nôtres avant les autres » est plébiscitée par 7 Français sur 10.

Le triangle d’incompatibilité de Rodrik

La préférence nationale est inscrite dans le corps institutionnel de la nation, mais elle présente aussi une rationalité économique mise en évidence parDani Rodrik, de l’université de Harvard. Selon lui : « la démocratie, la souveraineté nationale et une intégration économique poussée sont mutuellement incompatibles : il est possible de combiner deux des trois possibilités, mais il n’est jamais possible d’avoir les trois simultanément et entièrement ». C’est le fameux trilemme de Rodrik. Si la mondialisation est toujours plus forte, les décisions des Etats ne consisteront plus qu’à vouloir attirer les entreprises et l’épargne mondiale au détriment de la préférence démocratique pour la protection des emplois, de la stabilité financière, de l’Etat-providence, etc. Si l’on accepte l’hypermondialisation et que l’on veut néanmoins la démocratie, il faut alors abandonner l’Etat-nation et passer à la gouvernance mondiale. Pour conserver un espace national de décision politique la démocratie implique moins de mondialisation.

Le Carcan européen

Dani Rodrik explique que l’Europe illustre cette situation. Les institutions européennes imposent des règles et des politiques économiques communes, souvent considérées comme un déficit de démocratie et une perte de souveraineté nationale absolue en matière monétaire, mais aussi budgétaire. En effet, les États doivent s’adapter aux contraintes de la mondialisation et des flux mondiaux de capitaux, préserver la compétitivité des entreprises, faire venir de la main d’œuvre extra-européenne bon marché, ce qui les rends moins enclins à satisfaire les demandes sociales de leur population. Ou bien, s’ils veulent continuer a satisfaire la demande sociale, y compris pour les nouveaux arrivants, alors les budgets sociaux explosent et les états signent des pactes invisibles de soumission par le caractère abyssal de leur dette. Si l’on veut conserver les avantages économiques de la mondialisation tout en préservant le système démocratique, la solution reste la gouvernance supranationale, dit Rodrik, le dépassement de l’État-nation : c’est la solution fédéraliste dont les peuples ne veulent pas.

Chine : la camisole dorée

En appliquant les termes du triangle d’incompatibilité dans le cas chinois, la solution consiste à privilégier la souveraineté nationale et tirer profit de l’hypermondialisation, mais au prix du sacrifice de la démocratie, à l’instar du modèle chinois, c’est l’option, peu enviable, de la « camisole dorée ».

Olivier Pichon

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