Le 21 janvier 1793, le roi de France, Louis XVI, était guillotiné à Paris, sur la place de la Révolution, devenue la place de la Concorde. Selon son bourreau, le dénommé Sanson, les dernières paroles du roi auraient été : « Peuple, je meurs innocent ! »
Petit-fils de Louis XV, celui qui était né sous le nom de Louis-Auguste de France monta sur le trône de France le 10 mai 1774, à l’âge de 19 ans. La nouvelle Reine, Marie-Antoinette, aurait alors soupiré : « Mon Dieu, protégez-nous, nous régnons trop jeunes. »
La première décision du jeune Louis XVI fut prise dans le domaine de la santé. Son prédécesseur étant mort de la variole, il choisit de faire vacciner toute la famille royale contre cette maladie. Après quelques réactions indésirables, l’opération fut un succès, démontrant l’efficacité de cette mesure de prévention nouvelle.
L’économie de la France étant entrée en récession depuis 1770, le nouveau Roi ordonna de diminuer les dépenses de la cour. Ainsi, il diminua les « frais de bouche », les « dépenses de garde-robe », le « département des menus plaisirs », les « équipages de chasse » et même le nombre mousquetaires et de gendarmes affectés à sa protection. Ces économies permirent de distribuer 100 000 livres aux Parisiens particulièrement démunis.
Louis XVI choisit de gouverner seul, mais en s’appuyant sur un « principal ministre d’Etat ». Il aurait ainsi anticipé la fonction de Premier ministre. A l’occasion de la première réunion de son Conseil, le Roi dicta aux ministres sa ligne de conduite : « Comme je ne veux m’occuper que de la gloire du royaume et du bonheur de mes peuples, ce n’est qu’en vous conformant à ces principes que votre travail aura mon approbation. »
Attaché à l’idée de démocratie avant la lettre, Louis XVI, revenant sur une décision de son ancêtre Louis XV, rappela les Parlements. Aux parlementaires, il adressa alors les mots suivants : « Je vous rappelle aujourd’hui à des fonctions que vous n’auriez jamais dû quitter. (…) Ne vous occupez que du soin de remplir vos fonctions et de répondre à mes vues pour le bonheur de mes sujets qui sera toujours mon unique objet. »
Conscient des difficultés du Royaume, Louis XVI initia un vaste projet de réformes, que les parlementaires, peu reconnaissants du rôle que le Roi avait souhaité leur voir jouer de nouveau, s’employèrent à ruiner, au point que le monarque finit par déclarer un jour : « Il n’y a que moi et Monsieur Turgot qui aimions le peuple. »
Avec son ministre Necker, Louis XVI affranchit les derniers serfs du domaine royal par ordonnance du 8 août 1779. Il abolit également la question préparatoire, qui consistait à user de la torture dans les procédures judiciaires, et rétablit le Mont de Piété.
En février 1781, Necker adressa au Roi un « Compte rendu de l’état des finances », dénonçant notamment les avantages dont bénéficiaient les privilégiés de la Cour, ce qui entraîna la démission du « principal ministre ».
Succédant à Necker, Calonne permit la rénovation des ports du Havre, de Dieppe, de Dunkerque et de La Rochelle, ainsi que la création de nouvelles manufactures. Mais les projets de réformes fiscale et institutionnelle de 1787 se heurtèrent de nouveau à l’opposition des notables qui auraient un peu pâti de ces réformes. Cette opposition fut peut-être le vrai point de départ de la Révolution.
Grandeur internationale mais ruine des finances publiques…
A partir de 1776, Louis XVI appuya les « insurgents » américains dans la guerre qui allait aboutir à l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. La participation à ce conflit, qui permit la modernisation de la Marine française, fut peut-être décidée sous l’influence de la franc-maçonnerie, le Roi ayant sans doute prêté une attention mesurée, mais réelle, aux idées maçonniques. Cette guerre ajouta à la grandeur de la France, mais contribua aussi à la ruine des finances publiques.
L’année 1788 fut le théâtre de diverses insurrections populaires et de la désobéissance de plusieurs parlements. Face au mouvement d’opposition, Louis XVI consentit, toujours en démocrate, à la convocation, le 8 août 1788, des Etat généraux du Royaume pour le 1er mai 1789.
On connaît la suite. La réunion des Etats généraux donna naissance à la Révolution française qui aboutit à la transformation du gouvernement en une monarchie constitutionnelle, puis à l’hostilité du Roi notamment aux mesures de déchristianisation du Royaume et à sa fuite à Varennes le 20 juin 1791.
Victime des circonstances, de sa bonté pour le peuple, de son attachement à la démocratie et de l’intérêt qu’il portait aux idées nouvelles, Louis XVI fut contraint de se réfugier à l’Assemblée après l’attaque du château des Tuileries le 10 août 1792.
Enfermé avec sa famille à la prison du Temple, Louis XVI, le Roi qui aimait le peuple, vécut alors un long calvaire : les massacres de septembre, la mise en place de la Convention et l’abolition de la monarchie, son procès sous le nom de citoyen Capet, jusqu’à l’annonce de sa condamnation à mort.
Le Roi de France, Louis XVI, fut guillotiné le 21 janvier 1793. Son règne fut le règne paradoxal d’un roi qui aimait le peuple français, dont il voulut faire le bonheur, mais qui se heurta à la force d’inertie de milieux privilégiés qui, dans l’espoir de conserver leurs privilèges, déclenchèrent ce qui fut peut-être le pire mouvement que la France ait connu : une Révolution qui posa les fondements de l’Etat moderne, au prix de la guerre extérieure et de la guerre civile. La guerre extérieure est terminée. La guerre civile se poursuit toujours, à travers l’opposition gauche-droite, à travers un anticléricalisme désuet à notre époque, à travers surtout des élites qui s’arc-boutent sur des privilèges et des avantages qui pourraient bien conduire à de nouveaux temps où les Français ne s’aimeront pas.
Puisse alors la mémoire de Louis XVI prévenir les dérives et épargner à la France de nouveaux troubles dont on ne sait à quoi il pourraient aboutir.
André Murawski