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Journée féministe ou journée communiste ?

Dans la lutte acharnée que mène le parti présidentiel contre le Rassemblement national (dont la liste devancerait celle de Renaissance de plus de 10 points) en vue des élections européennes, Emmanuel Macron a remporté une jolie victoire en obligeant le parti de de Marine Le Pen à se déterminer sur la constitutionnalisation de l’avortement, et à s’aliéner ainsi la frange traditionaliste de son électorat, qui est aussi celle qui se rend le plus assidûment aux urnes.

Ces suffrages risquent fort de faire défaut à la liste de Jordan Bardella le 9 juin prochain et, en 2027, à Mme Le Pen elle-même, d’autant que se sont aussi lâchement abstenus les 17 députés présents de l’ex-Front national lors du vote le 6 mars en première lecture de la superloi Gayssot concoctée par Éric Dupont-Moretti et Gérald Darmanin afin de « renforcer la réponse pénale contre les infractions à caractère raciste, antisémite ou discriminatoire » alors que, présidente du mouvement, Marine Le Pen s’était engagée pendant sa campagne présidentielle de 2012 à abolir la loi Gayssot de 1990 en cas de victoire.

Mais le chef de l’État ne s’en est pas tenu là. Histoire de faire monter la sauce, il a aussi le 8 mars invité les Parisiennes à deux rassemblements, l’un devant le Palais-Royal où siège le Conseil constitutionnel et l’autre place Vendôme devant le ministère de la Justice où, entouré de Mmes Edith Cresson, Élisabeth Borne, Yaël Braun-Pivet et autres altesses républicaines (ne manquait que Marlène Schiappa, embringuée dans le scandale financier du Fonds Marianne sur lequel la Cour des comptes vient de publier un rapport accablant), il a procédé solennellement avec le garde des Sceaux au scellement de la loi scélérate votée par les deux chambres du Parlement réunies en congrès le 4 mars à Versailles. Dans la foulée, il a exprimé sa volonté de faire intégrer d’urgence ladite loi — que le gouvernement socialiste de Madrid brûle d’adopter à son tour — dans la Charte fondamentale des droits de l’homme de l’Union européenne, pourtant sinistrée par la « peste blanche » qu’est la dénatalité indigène. Un sens aigu des priorités qu’apprécieront aussi les paysans victimes des directives eurocratiques qui les mènent à la ruine.

Le totem du 8 mars

C’est en effet le 8 mars qu’est célébrée est la Journée internationale des droits des femmes. En donnant à celle-ci un éclat particulier, le chef de l’État savait-il, lui qui ne cesse de pourfendre Vladimir Poutine et de le menacer d’une offensive au sol afin de faire triompher l’armée ukrainienne et de nous sauver ainsi, a-t-il déclaré à Prague le 5 mars, des « puissances devenues inarrêtables » qui « sont en train d’étendre la menace chaque jour, de nous attaquer nous-mêmes davantage », qu’il sacrifiait à une tradition instaurée par l’URSS ? Et toujours religieusement suivie dans la Russie de l’ogre Poutine. A ceci près, comme l’observait naguère notre confrère Johan Hardoy (1), que « la Journée internationale de la femme est célébrée de façon bien différente en France ou en Russie. Chez nous, elle vise à affirmer l’égalité des sexes, alors que là-bas, elle donne lieu à un éloge de la différence. Quelques jours, plus tôt, le 23 février, les femmes russes honorent les hommes, du petit garçon au grand-père, comme “défenseurs de la patrie”, chose inconcevable en France ».

Si l’idée d’une telle journée était le dada de la marxiste allemande Clara Zetkin, député communiste au Reichstag de 1920 à 1933, elle fut en effet mise officiellement en pratique dès 1921 en Union soviétique afin de commémorer la révolte des ouvrières ayant manifesté le 8 mars 1917 à Petrograd (Saint-Pétersbourg) pour exiger « le pain et la paix », manifestation qui aurait donné le signal de la révolution de 1917. Après 1945, Staline imposa cette célébration à tous les satellites de l’URSS, dont la propagande fit école. En 1977, l’ONU s’aligna en fixant au 8 mars la Journée des Droits de la femme, qu’adoptèrent les Etats-Unis de Jimmy Carter sous la pression du Women’s Lib mais au prix, guerre froide obligeait, d’un mensonge historique : la justification étant cette fois une imaginaire manifestation le 8 mars 1857 des ouvrières new-yorkaises du textile, ce qu’aucune source n’atteste.

De la Libé aux J.O., le poids du PC

Le mouvement fut en tout cas suivi par François Mitterrand après son élection… marquée par l’arrivée de quatre ministres hauts dignitaires du PCF dans le premier gouvernement du socialiste Pierre Mauroy. Une première depuis la Libération, qui avait vu l’accession à l’automne 1945 de Maurice Thorez aux fonctions de vice-président du Conseil, dont le président n’était autre que Charles de Gaulle soi-même, le patron du parti dit des « 75 000 fusillés (en réalité : 2 500) étant escorté à des postes clés — Travail, Fonction publique, Production industrielle, Santé publique — par quatre ministres communistes. A peine nommés, les camarades Ambroise Croizat, Marcel Paul, Charles Tillon et François Billoux s’empressèrent bien sûr de multiplier les nationalisations-spoliations, de Renault en particulier, dont le créateur Louis Renault avait été massacré en prison, à l’instigation de matons cocos, semble-t-il, et de placer leurs ministères sous la coupe de la CGT. Resté longtemps tout-puissant dans ces domaines, ce syndicat y occupe encoere huit décennies plus tard une position dominante. La preuve ? A peine la CGT avait-elle déposé des annonces de grèves susceptibles de saboter la tenue des Jeux Olympiques de Paris que le gouvernement Attal annonçait le 9 mars des primes de 500 à 1500 euros pour les agents acceptant de bosser pendant cette période, en sus de congés supplémentaires correspondant ensuite aux jours où ils condescendront à faire leur boulot.

Vendredi place Vendôme, militantes féministes blanchies sous le harnois et jeunes lesbiennes entonnèrent l’Hymne des femmes — « Debout femmes esclaves (2) et brisons nos entraves, debout, debout, debout ! » Mettons-nous également debout, debout, debout pour protester contre d’antiques « acquis » que ne justifie plus le poids politique d’un PC devenu résiduel mais qui autorisent tous les privilèges et nous rendent esclaves.

Claude Lorne

  1. https://www.polemia.com/deux-livres-pour-en-finir-avec-les-idees-recues-sur-la-russie/
  2. Formule dénoncée par les activistes africaines qui y voient une preuve flagrante d’appropriation culturelle, seul l’esclavagisme blanc devant être condamné.

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