red and white happy birthday print textile

Trump, l’homme à abattre

Sauf coup de théâtre survenu d’ici là —notamment lors du vote dans les « swing states », ces États stratégiques où les scrutins sont serrés ou à la faveur d’une percée comme candidat démocrate indépendant de Robert F. Kennedy Jr., fils de Robert, ministre de la Justice assassiné en 1968 et neveu de John, président des Etats-Unis assassiné en 1963, et quant à lui croisé contre le Big Pharma depuis la crise du Covid qui a permis selon lui « d’imposer à la population des contrôles que celle-ci n’accepterait jamais autrement » et d’instaurer ainsi la dictature, l’issue de la présidentielle américaine semble réglée : la lutte pour la Maison-Blanche devrait opposer un quasi-octogénaire, son ancien locataire Donald Trump, à un octogénaire avéré (et pas très frais), l’actuel occupant Joë Biden.

Tous deux sortis le 5 février, « Super Tuesday », vainqueurs incontestés des primaires républicaines pour le premier et démocrates pour le second.

Dans son Discours sur l’état de l’Union prononcé trois jours plus tard, Biden ne s’y est d’ailleurs pas trompé, saisissant sans jamais le nommer toutes les occasions de cibler son prédécesseur. Il l’a ainsi accusé pêle-mêle de servir la soupe à Poutine (« On a un ancien président des États-Unis s’inclinant devant un chef russe… C’est scandaleux, c’est dangereux et c’est inacceptable ! ») et de fouler aux pieds « les valeurs fondamentales qui ont défini l’Amérique : l’honnêteté, la décence, la dignité, l’égalité. Respecter chacun. Donner sa chance à chacun. Ne pas donner de refuge à la haine ».

Cette indécrottable « droite raisonnable » qui penche à gauche

Mais Biden n’est pas le seul ennemi de Trump auquel les sondages accordent actuellement 4 à 5 points d’avance sur le sortant. Au sein même des instances du Great Old Party (GOP), certains élus républicains influents, évidemment applaudis par tous les médias qui répercutent leurs moindres propos, combattent ouvertement Trump, tel Matthew Callan qui le décrit ainsi : « C’est un escroc, un mafieux, il est instable sur le plan mental… S’il est réélu, ce sera la fin des États-Unis tels que nous les connaissons. »Quoi que l’on pense de Trump, le trzit n’est-il pas un peu forcé ? Mais il suscite chez les « modérés » un tel rejet quele consultant Jeff Timmer n’exclut pas que les « never trumpers » (Jamais Trump) votent en novembre « pour Biden, ce qui les pousserait à assumer des choix idéologiques qu’ils ne feraient pas en temps normal, mais la démocratie est en jeu. »Sauver la démocratie, c’est aussi la mission que, s’est assignée l’ancienreprésentant de l’Illinois Adam Kinzinger, qui votera et appellera à voter Biden le 5 novembre car « il faut créer des alliances non naturelles entre la droite raisonnable, le centre et la gauche » afin de « battre cette secte trumpiste toxique ».

Les adversaires de cette « secte » avaient beaucoup misé sur Nikki Haley, la challenger de Trump qui l’avait pourtant nommée en 2017 ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU. Las ! Elle n’a battu son ancien protecteur qu’une seule fois, et d’une courte tête : dans le district de Washington D.C., le district le plus multiracial et le plus gauchard des USA.Enrevanche, elle avait essuyé une sévère défaire dans le Michigan oùla population venue du sous-continent indien a tellement augmenté ces dernières années que celle qui naquit Nimarata Randhawa au sein d’une famille indienne de confession sikh escomptait le 27 février un beau succès dans la primaire républicaine. Or, déjà sèchement battue en Caroline du Sud, État dont elle avait pourtant été gouverneur six ans durant, ce dont elle avait profité pour y interdire la présence du drapeau confédéré (une abdication qu’elle paie paie cher aujourd’hui), Haley a été littéralement essorillée par l’ancien président, qui avait obtenu 68% des votes républicains.

Effrayés par l’afflux d’une immigration qui ne vient plus seulement du Cône Sud comme auparavant, mais également de tout le Tiers-Monde, de plus en plus isolationnistes car échaudés par les déroutes subies au Vietnam et récemment en Afghanistan, cependant que l’offensive états-unienne contre l’Irak de Saddam Hussein a provoqué la durable déstabilisation de tout le Moyen-Orient et la remontée en puissance de l’Iran, les électeurs du parti de l’Éléphant ont sans doute peu apprécié la posture de « faucon » adoptée par Haley qui, inspirée par les neo-conservatives (pour la plupart d’origine trotskiste à l’instar de leurs chefs de file Richard Perle ou Paul Wolfovitz), ne cesse de plaider pour un soutien accru, y compris militaire avec l’envoi de troupes au sol, à l’Ukraine et à Israël.

Son budget de campagne s’épuisant après ses défaites, elle aurait dû logiquement jeter l’éponge mais elle se maintenait en lice, dans l’espoir que les vicissitudes judiciaires de Trump lui permettraient de se poser en recours, au cas où le flamboyant Donald serait déclaré inéligible. Espoir déçu mais si l’ambitieuse Asiatique, qu’avait sans doute mise en appétit l’élection en 2020 de la vice-présidente Kamala Harris, elle aussi indienne (par sa mère, car son père est un mulâtre de la Jamaïque — et son mari un juif), a félicité du bout des lèvres le vainqueur, elle a refusé de lui apporter son soutien.

Retour de bâton pour les wokistes

Dans le Michigan justement, où les émigrés polonais ont longtemps tenu le haut du pavé, l’arrivée à la mairie de Hamtrack, grosse banlieue de Detroit, d’une équipe municipale presque entièrement musulmane sous la houlette du Yéménite Amer Ghalib avait été saluée comme une déroute des nationalistes et une victoire de l’inclusion et du wokisme, dues en grande partie à la mobilisation des LGBTQ+ en vertu de l’intersectionnalité des luttes menées en faveur des minorités prétendument opprimées. Désormais, cette influente communauté est toujours mobilisée. Mais contre Amer Ghalib qui, à peine installé, a pris toute une série de mesures contre les gays, en particulier l’interdiction « à jamais » du déploiement de drapeaux arc-en-ciel dans et sur les bâtiments publics pendant le Pride Month, mois dédié́ aux droits des homosexuels, trans et tutti frutti, invités à se faire discrets et même à « rester chez eux » ! Objectif de la nouvelle municipalité : faire de Hamtrack une « fagless city », une « ville sans pédés ». Lesquels hurlent à la trahison et accusent les édiles musulmans de « copier les activistes chrétiens les plus réactionnaires ».

Comme quoi l’adage « Les ennemis de nos ennemis sont nos amis » est trompeur et peut mener à bien des déconvenues. Les nationaux français qui, par rejet des « Frères », soutiennent aveuglément Israël ou qui, légitimement écœurés par le constant alignement du Vatican sur l’air du temps, admirent à l’inverse la rigidité islamique, feraient bien d’y réfléchir.

Camille Galic

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *