wokisme

Les lectures de Madeleine Cruz : une thèse intéressante sur l’origine du wokisme

J’avais quelques préventions concernant cet essai, L’immaturité permanente, sous-titré « combattre l’infantilisation des esprits ». L’auteur, Thomas Bouission, m’était totalement inconnu. Par ailleurs ce genre d’essai à forte prétention cérébrale me dépasse (sans doute une conséquence de mon indécrottable féminité). Certes l’éditeur, Kontre Kulture, est connu pour son non-conformisme, et la collection est dirigée par Alain Soral, un intellectuel régulièrement attaqué, donc sûrement intéressant, qui pratiquerait « l’alliance du socialisme et du traditionalisme », selon un classement figurant dans ce livre même. Pour ma part je ne raffole pas du tout du socialisme, sous aucune de ses formes. Mais bon, il faut voir…

En tout cas la thèse Boussion est intéressante : elle explique que l’évolution moderne de l’éducation des enfants est devenue une anti-éducation. Quelques exemples ? Pour un oui ou pour un non on fait désormais voter les enfants afin qu’ils exercent leur « citoyenneté », alors que le vote reste fixé à dix-huit ans. Comme si on mettait sur le même pied adultes et enfants. Second exemple :  les héros offerts à l’admiration des enfants sont systématiquement eux-mêmes des enfants, mais largement munis de capacités cognitives, de savoir, de puissance, voire de super-puissances. Il y a « disparition dans ce type de personnage, de toute idée d’apprentissage et donc d’éducation ». Troisième exemple : alors que « dans le monde de l’enfance, le sexe opposé est nimbé de mystère », et que les différences physiques et psychiques entre filles et garçons apparaissent progressivement, l’agenda LGBT tend à « bloquer » la découverte de la binarité des sexes.

Le wokisme, la cancel culture, ce refus de toute contrainte, ce refus des leçons du passé, ce rejet des « figures contraignantes : le père, le vieux, le blanc » seraient la conséquence de ce bouleversement dans l’éducation. Le wokisme, qui n’est qu’une forme de gauchisme traduirait la tentation de certains, parmi les générations nouvelles, de rester dans leur enfance, ne supportant pas les contraintes d’un apprentissage, ni l’évolution différente des êtres humains en fonction de leur sexe etc.

L’auteur applique sa grille d’analyse de l’émergence du wokisme à une série de pratiques (le point Godwin, par exemple, la fameuse reductio ad hitlerum) et de revendications d’aujourd’hui qui toutes traduisent un refus de « la triplette infernale » : autorité, hiérarchie, discrimination entre compétents et non compétents.

Je serais tentée de résumer la thèse de l’auteur de la façon suivante : les wokistes sont de grands enfants. Evidemment, dit comme cela, la nocivité de ces crétins parait atténuée. Mais Boussion ne la minimise pas, en, fait.

Et franchement je reste assez séduite par la pertinence du regard de cet auteur, qui nous est d’ailleurs présenté de façon très elliptique : un « membre de la rédaction du site d’information Egalité & Réconciliation ». On aimerait en savoir plus.

Sa thèse est sans doute contestable, trop schématique, que sais-je ? Mais je la trouve personnellement assez novatrice. Elle fait réfléchir, en tout cas. L’enfant et le wokiste croient. L’adulte pense. En fin de compte c’est leur infantilisme même qui perdra les adeptes du wokisme. Mais quels dégâts d’ici la disparition du virus !

Madeleine Cruz

L’immaturité permanente, par Thomas Boussion, Ed. Kontre Kulture, 78 rue du Chapeau rouge, 21000 Dijon, février 2024.

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