La Varende

Les lectures de Madeleine Cruz: une bibliothèque « lavarendienne » à l’encan

Encore La Varende ?  Oui, c’est vrai j’ai parlé de ce grand écrivain normand en novembre dernier, je crois. Mais ça date donc un peu. J’en ai certes reparlé en mai, dans le cadre d’un article plus général sur les « associations d’amis », ces associations qui regroupent les admirateurs de telle ou telle personnalité – le plus souvent un écrivain, mais parfois aussi un dessinateur, un sculpteur…- C’était une rapide évocation des activités de « Présence de La Varende », sans plus.

Or au Salon de la Bibliophilie, qui se tenait place Saint-Sulpice, le week-end dernier, un libraire de mes amis m’a remis un catalogue entièrement consacré à Jean de La Varende. La préface du catalogue, signée Alexis Chevalier, nous explique en quelles circonstances le libraire s’est intéressé à La Varende, dont il connaissait un peu l’œuvre, et qu’il situait du « côté de Pierre Benoît, de Marcel Pagnol, d’Antoine de Saint-Exupéry (…) ».

Les libraires d’ancien expliquent rarement les circonstances dans lesquelles ils sont devenus les heureux (ou malheureux) propriétaires d’une bibliothèque entière. Nous avons droit, pour une fois, au cheminement qui a conduit ce libraire à acquérir la bibliothèque « lavarendienne » du dénommé Augustin  Augustin-Normand, qui est donc normand, comme l’indique son nom, et qui fut un ami de l’auteur de Nez de cuir.

Demandez donc un exemplaire de ce catalogue, de ma part, à alexischevalier@yahoo.fr C’est un catalogue à conserver car il constitue un guide précieux pour accéder à l’œuvre (foisonnante) de cet excellent auteur dont Anne Brassié avait écrit une biographie très remarquée (Perrin, 1993).  

Ce que je préfère, chez La Varende (outre sa célèbre collection de maquettes de bateaux, bien entendu), ce sont ses nouvelles. Il en a écrit deux cents. Certaines sont de vrais petits bijoux. J’aurais par exemple voulu vous parler de celles réunies dans l’ouvrage L’objet aimé. Il s’agit de nouvelles consacrées à des objets d’exception, à l’histoire de ceux qui les ont créés, ou qui les ont découverts. Mais j’ai eu beau feuilleter le catalogue, je n’ai pas trouvé proposé ce livre-là. Il ne doit pas être très courant, les nouvelles furent bien publiées, mais de façon dispersée, dans des revues. Ce recueil est donc d’autant plus précieux.

Pendant les « « inventaires »

En revanche ce même catalogue propose un exemplaire d’un roman que j’avais adoré : Le non de Monsieur Rudel (Flammarion, août 1962). Il s’agit d’une histoire presque vraie, qui se situe pendant les inventaires. Voilà bien un sujet très peu évoqué par les romanciers (et même par les historiens !).  

Ces spoliations odieuses donnèrent lieu à des bagarres épiques, et il y eut même des morts (uniquement du côté des réfractaires aux spoliations, cela n’intéresse donc pas). Et à ma connaissance, l’émouvant roman de La Varende est l’exception, peut-être l’unique exception.

Les prix des ouvrages catalogués sont très raisonnables, et souvent agrémentés d’un envoi… à Augustin Augustin-Normand, bien entendu.

Madeleine Cruz

L’illustration de la couverture du catalogue est tirée de Nez-de-Cuir (édition de 1946). 

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