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Le D-Day, une commémoration très électoraliste

Émouvant pèlerinage mémoriel sur les lieux du débarquement du 6 juin 1944 en Normandie — où Emmanuel Macron a tenu à passer trois jours — ou indécente cavalcade électorale à quelques jours du scrutin européen afin de tenter de sauver le soldat Heyer, menacé de boire la tasse, quitte à se fendre, pour ratisser large, d’un hommage appuyé à Charles de Gaulle qui, de Bayeux justement, prononça le fameux discours de la libération prochaine et fit ainsi entendre sa voix, une « voix dessinant le chemin du combat, de la liberté, de l’honneur, de la Résistance… Voix de la France. Voix reconnaissable entre mille. Voix que les patriotes avaient appris à tenir pour celle de l’honneur » ?

Mourir pour l’Ukraine… et les grandes espérances de Macron

Chacun en jugera. Reste qu’un naufrage de sa candidate affecterait le reste du mandat de l’Élyséen, et que lui-même doit songer à l’après-2027, quand, pas même quinquagénaire, il se retrouvera au chômage. On lui prête de très grandes ambitions européennes : la présidence du Parlement, celle de la Commission ou encore de la Banque centrale — où le « Mozart de la finance » pourra exercer les talents dont un Hexagone appauvri, désindustrialisé, ruiné par la gabegie, l’incompétence et l’immigration incontrôlée, peut savourer les fruits. D’où la nécessité pour lui de s’entourer à l’occasion du 80ème anniversaire du D-Day des grands de ce monde.

Si tant est qu’on peut qualifier ainsi le gâteux Joe Biden dont les errements conduisent aussi les États-Unis à leur perte, le roi Charles III sans pouvoirs réels et amoindri par un cancer (mais s’exprimant dans un français impeccable), le catastrophique playboy Justin Trudeau, apôtre survolté de la diversité raciale et sexuelle au Canada, ou le chancelier Lars Scholz, social-démocrate mal élu et mal aimé et de plus prisonnier de ses alliés Verts. Sans oublier bien sûr celui qui fut le véritable héros de cette commémoration : l’ex-comique troupier (et mafieux d’envergure) Volodymyr Zelinsky, invité à s’exprimer de plus devant l’Assemblée nationale et auquel Emmanuel Macron a promis une ribambelle de Mirage 2000 et la nécessaire formation de leurs pilotes. Qui pourront ainsi non seulement combattre l’envahisseur russe mais aussi frapper la Russie même. Faisant de nous des cobelligérants, comme l’a déploré Marine Le Pen.

Le début ou plutôt la poursuite d’un engrenage conduisant à l’envoi en Ukraine de troupes au sol ainsi que l’a plusieurs fois envisagé publiquement le chef d’État français qui, le 21 février, comme l’a affirmé Le Monde sans être démenti, avait notamment déclaré : « De toute façon, dans l’année qui vient, je vais devoir envoyer des mecs [sic] à Odessa » ?

Au cimetière américain de Colleville-sur-Mer le 6 juin, il a en tout cas salué, comme pour nous faire honte, « la grandeur d’un peuple prêt à mourir sur un sol qui n’est pas le sien », en réponse à Biden qui, après avoir souligné que l’issue de « la bataille entre la liberté et la tyrannie » s’est décidée sur les côtes de Normandie, déclarait à propos de l’Ukraine : « Nous ne pouvons pas abandonner devant des dictateurs, c’est inimaginable. » Quel qu’en soit le prix.

L’extrême droite, voilà l’ennemi !

Présent en 2014 aux cérémonies du Débarquement, Vladimir Poutine, ainsi que tout représentant russe, était évidemment persona non grata cette année et c’est tout juste si, dans son discours d’Omaha Beach, Macron a évoqué le rôle non pas de la Russie mais de « l’Armée rouge », qui bloquait une partie de la Wehrmacht sur le front de l’Est, facilitant ainsi le débarquement allié. Dans ses Lettres à une provinciale, recueil de chroniques parues dans Je suis partout récemment publié par les Amis de Robert Brasillach (1), ce dernier déplorait la « muflerie » en matière diplomatique du gouvernement français. Rien n’a changé depuis. On s’en était déjà aperçu pendant la cohabitation Mitterrand-Chirac : venu le 11 novembre1986 au Bois Delville, dans la Somme où 229 000 Sud-Africains avaient combattu pendant la Grande Guerre, inaugurer le musée du Mémorial national aux morts de la RSA, le président Pieter-Willem Botha n’y trouva pour l’accueillir que les manifestants ameutés par le MRAP, la Ligue des Droits de l’homme et SOS-Racisme avec l’autorisation de Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur. En revanche, les députés Front national venus en nombre sauvaient l’honneur.

Non content d’instrumentaliser et d’exploiter à usage interne ces commémorations, Emmanuel Macron a squatté de Caen, le 6 juin, les plateaux de TF1 et de France 2 pour y défendre la cause sacrée de la liberté et de la démocratie agressées selon lui par «l’extrême droite », citée vingt-huit fois au cours de l’interview — dont on veut croire qu’elle sera décomptée par l’ARCOM du temps de parole de Valérie Heyer à laquelle le président voulait de toute évidence éviter un échec humiliant. Est-ce aussi dans l’espoir d’apporter quelques suffrages à sa protégée que, à Saint-Lô, « capitale des ruines » selon l’écrivain Samuel Becket et sous les décombres de laquelle on découvrit 352 morts, soit la moitié des habitants, l’Élyséen a évoqué le calvaire des civils morts sous les bombes alliées ?

Des bombardements meurtriers mais inefficaces

Certes, dans La Croix du 5 juin, et non sans une certaine hypocrisie, Stéphane Michonneau, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Lille et coordinateur d’un programme international de recherche sur les ruines de guerre, estimait que seuls peuvent être considérés comme « villes ou villages martyrs », à l’instar d’Oradour-sur-Glane, « qui ont été détruits par l’ennemi ». Tant pis pour les autres victimes des « dégâts collatéraux », donc, même si elles se comptaient par dizaines de milliers.

Et ce fut le cas en France. Fin 1945, deux médecins militaires chargés de décompter les disparus évaluaient leur nombre à 85 000. Une partie d’entre eux, qui avaient fui sous les orages d’acier, ayant ensuite regagné leur domicile, le regretté Jean-Claude Valla, ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine puis PDG du Marianne première version, consacrait en 2008, au terme de longues et patientes recherches, l’un de ses Cahiers d’histoire à La France sous les bombes américaines 1942-1945 (toujours disponible sur Amazon et autres sites) , « une tragédie trop souvent occultée ou déformée par l’hypertrophie d’une Mémoire sélective ».

« Les Français d’aujourd’hui, écrivait Valla, se souviennent des bombardements atomiques sur le Japon en août 1945, mais ignorent que les bombardements anglo-américains dans leur propre pays ont fait presque autant de victimes (70 000) que la bombe atomique de Hiroshima (75 000) et beaucoup plus que celle de Nagasaki (40 000). Amnésiques de leur propre histoire, nos compatriotes ont tous appris que Coventry, bombardée par la Luftwaffe dans la nuit du 14 au 15 novembre 1940, est une ville martyre, mais ne savent pas que le nombre de morts qui a résulté de ce raid aérien (380) est presque de cinq fois inférieur à celui des victimes françaises du bombardement américain de Marseille (1 752 morts), le 27 mai 1944. Or, la cité phocéenne n’a jamais été qualifiée de ville martyre, pas plus que les autres agglomérations françaises écrasées sous les bombes américaines, que ce soit Saint-Étienne (1 084 morts), Nantes (1 500 morts), Lyon (717 morts), Avignon (525 morts), Le Portel (500 morts), Rennes (500 morts), Toulon (450 morts) ou Nice (384 morts), pour ne pas citer Rouen dont les 200 morts des bombardements américains du 30 mai au 4 juin 1944 sont venus s’ajouter aux 900 victimes du bombardement anglais de la nuit du 18 avril 1944. »

Jeudi, Charles III a tenu à saluer « le nombre inimaginable de civils français qui sont morts dans cette bataille commune pour la liberté ». Outre que ces civils auraient choisi, si on le leur avait demandé, la vie plutôt que la Liberté avec un grand L, ces hécatombes — conçues côté anglais par Solomon, dit Solly, Zuckerman, frénétique patron du British Bombey Surving Unit —, étaient-elles nécessaires ? Selon Octave Moreau enseignant en histoire-géographie, et doctorant à l’université de Caen interrogé par Ouest-France, « leur efficacité fut toute relative. Les rapports constatent l’échec des bombardements massifs. Des bombes tombent à des kilomètres de leurs objectifs; souvent les Allemands ne sont pas là… » Mais des villes entières sont anéanties.

D’ici à ce que M. Moreau se fasse taxer d’extrême droitisme… 

Camille Galic

  1. Lettres à une provinciale, Ed. des Sept couleurs, 374.,. 36 € port compris. A commander à arbfrance@orange.fr.

Un commentaire

  1. Merci à vous de parler vrai
    Votre analyse est très juste et je vous en remercie
    Que les français ouvrent les yeux sur les manipulations élyséennes et s en servent lors des votes comme ce 08 juin

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