Macron

Le coup de poker de Macron pour masquer sa défaite

Sidération générale. Après le D-Day, la dégelée, avant les Jeux olympiques, les joutes politiques. Parce que, le 9 juin en France, « les partis qui défendent l’Europe » (et dont les têtes de liste étaient Valérie Hayer pour la majorité présidentielle, Raphaël Glucksmann pour la Nouvelle Gauche/PS et François-Xavier Bellamy pour Les Républicains ont recueilli moins de 40% des voix), une situation à laquelle Emmanuel Macron « ne peut se résoudre » car « la montée des nationalistes, des démagogues, est un danger pour l’Europe et notre pays » l’extrême droite étant selon lui « à la fois l’appauvrissement des Français et le déclassement de notre pays », le chef de l’État a décidé, aussitôt les premiers résultats connus, de… dissoudre l’Assemblée Nationale ! Une initiative qui n’avait pourtant pas réussi à Jacques Chirac en 1997.

L’Assemblée est plus facile à dissoudre que l’« extrême droite »

Le premier tour aura lieu le 30 juin. « C’est un temps de clarification indispensable, a annoncé le chef de l’État aux Français, j’ai entendu votre message, vos préoccupations et je ne les laisserai pas sans réponse… Je sais pouvoir compter sur vous pour aller massivement voter … La France a besoin d’une majorité claire pour agir dans la sérénité et la concorde. » Cette déclaration a stupéfié et donc quasiment gommé l’effet dévastateur pour le Pouvoir du succès (près de 32% des voix à l’heure où nous écrivons, contre 23,34% en 2019) du Rassemblement national… où Marine Le Pen et Jordan Bardella avaient réclamé avec insistance la dissolution de la Chambre en cas d’échec patent de la liste Renaissance, compte tenu du catastrophique bilan présidentiel.

Le coup de com’ doublé d’un coup de poker réussira-t-il ? Macron espère que, pris de court, les partis d’opposition peineront à s’organiser en deux décades (choix des candidats, établissement du programme, fabrication des affiches alors que notre pays souffre d’une pénurie de papier, etc.). Et, surtout, que s’étant défoulés contre lui aux élections européennes, les Français se ressaisiront aux législatives et, cette fois, voteront bien — l’indispensable « prise de conscience » que François Bayrou a aussitôt appelée de ses vœux — tandis que, solennel, le ministre de l’Intérieur Darmanin annonçait que le scrutin à venir serait « la plus importante des élections de la Vème République ». Et l’on peut compter sur son patron pour faire marcher à plein régime la machine à faire peur à la faveur du pèlerinage présidentiel du 10 juin (un simple hasard ?) à Oradour-sur-Glane, « village martyr de la barbarie nazie » dont le RN serait à l’en croire une résurgence.

Mais le pari semble risqué tant l’homme du « en même temps » — concept qui conduit à faire n’importe quoi et à trahir tout le monde — a coagulé contre lui les rancœurs et même les haines, attisées par la précarisation croissante et la criminalité d’importation. Évoquant en mars dernier les sondages qui donnaient plus de 30% au RN, Macron affirmait que si cela se confirmait dans les urnes, « ce serait de notre responsabilité collective ». Indécente manière de se défausser sur les autres, alors que sa politique est seule responsable.

Et l’Europe, dans tout ça ? Des résultats qui incitent à l’optimisme

L’imminence des législatives annoncées par un président « plus jupitérien que jamais » dixit le garde des Sceaux Dupont-Moretti a éclipsé le résultat des élections européennes, qui ont pourtant marqué un tournant. Car si l’« extrême droite » française (Rassemblement national + Reconquête ! qui a obtenu 5,3% sous la houlette de Marion Maréchal) a réussi une spectaculaire percée, elle n’est pas la seule à avoir engrangé des succès.

Les vingt députés autrichiens envoyés à Bruxelles seront en majorité issus du Parti de la liberté d’Autriche, FPÖ, arrivé en tête avec 27 % des voix. En Allemagne, l’Alternativ für Deutchland (AfD), bien que vilipendée par les médias d’Outre-Rhin avec une telle violence que Marine Le Pen a cru tout récemment devoir s’en désolidariser, se place deuxième après la CDU/CSU avec 16, 5% des suffrages (+5,5%) alors que la SPD au pouvoir avec le chancelier Scholz est tombé à 14%. Aux Pays-Bas, le Parti de la Liberté de Geert Wilders a terminé deuxième (17,70 %) derrière la très large coalition de gauche. En Espagne, Vox a doublé ses voix. Même progression du parti Chega ! au Portugal, de l’Alliance pour l’Union des Roumains, ou encore des Démocrates de Suède, successeur du parti « Gardons la Suède suédoise », en pointe contre l’immigration. A l’opposé, les Verts perdent partout du terrain : – 8,5% en Allemagne, -10 % en Autriche… et – 8% pour la liste Toussaint en France où, en 2019, la liste Jadot avait obtenu 13,48%.

L’idéal serait évidemment que tous ces nationalistes entreprennent enfin de constituer un groupe unique, assez puissant pour s’opposer à l’europocide pratiqué depuis des décennies par un Exécutif européen qui n’est en réalité que le caniche du Nouvel Ordre mondial désormais drapé dans les séduisants affutiaux de la révolution arc-en-ciel. C’est lui qu’il faut tenter de dissoudre ! La survie de nos nations et de notre civilisation commune est en jeu. Il serait criminel de la compromettre.

Camille Galic

Un commentaire

  1. Je me suis infligé, pour la première fois, deux jours de visionnage intensif des chaînes d’information : LCI, Public Sénat, BFM, CNews et France Info.

    J’ai abouti à la conclusion que la politique politicienne n’a STRICTEMENT rien à voir, même de très loin, avec le monde des idées, quel que soit le parti. Je retiens au passage la déclaration d’Elisabeth Lévy, personne très vulgaire au demeurant : « À CNews, avec Zemmour, nous avons beaucoup fait pour la montée du RN, lequel nous le rend bien mal en ne voulant pas passer d’accord avec Reconquête ».
    Mises à part les querelles de personnes, Reconquête tient un peu mieux le rôle de l’extrême droite honnie et contribue à recentrer le RN en le rendant plus acceptable.

    A l’actif de Cnews : avoir articulé le sentiment de raz-le-bol de l’immigration, de l’insécurité, etc. On peut leur reconnaître ce mérite même si je trouve CNews, que je n’avais jamais regardé, de mauvaise qualité. Par contre, j’ai trouvé de bons analystes sur Public Sénat, dont un sondeur de l’IFOP et Benjamin Morel, connu par ailleurs.

    Il me semble avoir compris la manœuvre de Macron en dissolvant l’assemblée : il devait être en possession de sondages des RG lui indiquant une montée inexorable et à des niveaux stratosphériques du RN, c’est-à dire le mettant en mesure d’obtenir une majorité absolue aux législatives en temps normal. L’idée pouvait donc être de le stopper dans son élan alors qu’il n’avait pas atteint le climax et de le cramer en lui ouvrant momentanément les portes du pouvoir avec une majorité relative seulement. La manœuvre s’apparenterait alors à un contrefeux.

    Macron n’aurait donc pas agi de façon impulsive mais très réfléchie sur la base d’éléments en sa possession qui ont à voir avec un degré de rejet sans précédent de la personne du président. Or, son agenda globaliste s’accommode très bien d’une situation de chaos. Ça pourrait expliquer ce qui demeure incompréhensible aux analystes du système, à savoir l’omniprésence de Macron dans les jours à venir. Il a décidé de faire six passages à la télé alors qu’il pâtit, disent les mêmes, d’une image déplorable dans la population.

    Un choix assumé de la montée aux extrêmes. Prolégomènes d’une stratégie de la tension à l’italienne agrémentés de l’embrasement des banlieues ? Scénario plausible pour ce qui me concerne.

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