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Dans l’Indre (36), la bataille commence maintenant !

Le lundi 10 juin, la Nouvelle République découvrait avec horreur que, dans l’Indre, le Rassemblement national avait « raflé la mise ». Réputée « NPA compatible » localement grâce au journaliste Bertrand Slézak, responsable départemental du titre, la Nouvelle République a donc réalisé ce jour-là que 40% des électeurs du département et donc sans doute aussi 40% de ses lecteurs avaient voté pour le RN. Sans compter les 5,3% de la liste de Marion Maréchal, les 0,9% de la liste Asselineau, les 0,9% de la liste Philippot… et les quatre voix de « Forteresse Europe » pilotée par le nationaliste Maître Bonneau. Soit un total de près de 50% pour les listes dites « d’extrême droite » ! 

Le vote de Fontgombault

Dans le détail il faut noter d’abord que dans la totalité des communes du département, petites ou grandes, villes ou villages, habituellement « de gauche » ou « de droite », c’est la liste Bardella qui est arrivée en tête. Dans toutes les communes sauf une. Une commune, une seule commune, a donc résisté ici à la « Bardellamania ». Il s’agit de Fontgombault (250 habitants), où 28% des suffrages exprimés se sont portés sur… la liste de Marion Maréchal (suivie par la liste Bardella à 24% et la liste LR de Bellamy 22%). 

Voici donc un village où les deux listes nationalistes, arrivées l’une et l’autre en tête, ont cumulé 52%. Mais il faut savoir qu’à Fontgombault se situe une importante abbaye bénédictine, qui a une influence sur toute la région et bien au-delà. Nos lecteurs réguliers savent la nature et la profondeur des liens qui unissaient Jean Madiran et la communauté de Fontgombault. L’histoire de Fontgombault est intimement liée à l’histoire de la revue Itinéraires et plus tard à celle du quotidien Présent.

Le référendum de Bélâbre

Dans ce même département se trouve le village de Bélâbre. Le Nouveau Présent a été à la pointe de l’information, ces derniers mois, sur la lutte de ses habitants, mobilisés par l’Union bélabraise, pour s’opposer à l’implantation d’un CADA – Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile -. Ce village de 950 habitants ne tient pas à voir arriver une trentaine d’OQTF et autres clandestins en attente de régularisation ou d’une très hypothétique expulsion, sachant que ces attentes peuvent durer jusqu’à six ans. 

Belâbre a voté à 44,4% pour la liste Bardella, à quoi il faut ajouter les 5,2% de la liste Maréchal, soit pratiquement 50% des voix. Et ne parlons pas des voix de la liste Bellamy (6,6%), même si LR a aligné son programme relatif à l’immigration et à l’insécurité sur celui du RN et de Reconquête. 

Dans le camp d’en face, les partisans du CADA ( toutes les listes de gauche et d’extrême gauche plus la liste macroniste) ont recueilli 31,6% des voix. Or le maire de Bélâbre s’est systématiquement, jusqu’à aujourd’hui, opposé à tout référendum local sur l’implantation de ce CADA. Les élections européennes ont constitué, sur ce plan, le plus percutant des référendums. C’est un spectaculaire désaveu pour la municipalité. Et la logique voudrait donc que le sieur Laroche, qui s’oppose depuis des mois à ses administrés sur la question du CADA démissionne.

Notons aussi que dans de très nombreuses autres communes du département le RN dépasse allégrement les 50, voire les 70%. Et si à Châteauroux, qui est la préfecture, le score des listes Bardella et Maréchal est proche du score national, les sous-préfectures ont mieux voté : Issoudun, municipalité NUPES dirigée par l’ancien ministre socialiste de Mitterrand, Laignel, a accordé 37% au RN et seulement 17% au PS, Le Blanc 38% contre 13% au PS, La Châtre 38% contre 10,4% à LR (c’est une mairie « divers droite »).

Ce constat augure bien de la suite, c’est-à-dire des chances d’obtenir deux députés RN le 7 juillet, sachant que le département de l’Indre ne compte que deux circonscriptions électorales.

Mylène Wunsch (RN) a toutes les chances de l’emporter

Les deux députés sortants sont un macroniste ex-LR (François Jolivet) et un LR pro-Macron (Nicolas Forissier).  Tous deux se représentent, et ils trouveront face à eux, le 30 juin, du côté du Front populaire, l’inconsistante Éloïse Gonzalez (LFI) et Clément Sapin (PS), fils de Michel Sapin, l’ancien ministre de Mitterrand puis de Hollande (dont il est un ami intime). Et du côté du RN, nous aurons Mylène Wunsch et Marc Siffert Sirvent.

Mylène Wunsch, responsable RN pour le département de l’Indre, se retrouvera donc face à Jolivet. Déjà conseillère régionale du parti de Bardella, elle parcourt la région depuis des années et a une bonne notoriété. Elle a de sérieuses chances de l’emporter sur Jolivet, personnage sans charisme, qui présente en outre l’énorme défaut de changer de parti tous les ans ou presque. Jolivet a en effet été successivement membre du RPR, de l’UMP, de LR, de LREM, et, depuis 2021, d’Horizon, le groupuscule d’Edouard Philippe. Le Frégoli de la politique ! Surtout un impeccable opportuniste.

Quant à Marc Siffert Sirvent, qui est un « parachuté ». Il affrontera Nicolas Forissier, député du cru depuis 1993 (avec un seul intermède en trente ans). Etre « parachuté » est certes un sérieux handicap, encore que nous avons par exemple le cas de l’ancienne rédactrice en chef de Présent, Caroline Parmentier, « parachutée » il y a deux ans à Béthune (Pas de Calais) où elle fut brillamment élue face à une macroniste. Par ailleurs tout le monde se souvient ici que Forissier avait lui-même été parachuté dans cette circonscription de l’Indre, trente ans auparavant. 

Siffert Sirvent a l’avantage d’être jeune, d’être policier de profession, et d’être actuellement membre du conseil municipal d’une grande ville des Hauts-de-Seine sous l’étiquette LR. C’est un « jeune talent » déjà aguerri aux joutes politiques. Il fait apparemment partie de ceux qui, à la suite d’Eric Ciotti, entendent opérer un rapprochement avec le RN plutôt qu’avec la nébuleuse macroniste. Son profil est parfait pour affronter Forissier. Il est une sorte de Forissier avec trente ans de moins et plus de convictions, il devrait pouvoir s’implanter facilement et très rapidement. 

Vers une double triangulaire

Mylène Wunsch comme Marc Siffert Sirvent ont donc de réelles chances de faire partie du contingent des futurs nouveaux élus RN. Beaucoup dépendra néanmoins de la configuration qui sortira des urnes le 30 juin au soir. Si c’est une double triangulaire RN-Gauche-Macroniste, ce qui parait le schéma le plus probable, et si le RN est en tête dans chacune des deux circonscriptions, les candidats RN seront très bien placés pour la conclusion du 7 juillet. Mais sous réserve que PS et LFI ne se désistent pas pour les macronistes et inversement. Or il est fort probable que le fils Sapin, dans un tel cas de figure, se désisterait au second tour pour Forissier, afin de faire battre le RN. Car Sapin père n’était pas très éloigné de la macronie. Tel père, tel fils ?  En tout état de cause, la partie entre Siffert Sirven et le fils Sapin sera plus serrée. La victoire n’en sera que plus savoureuse.

Agathon

Un commentaire

  1. Concernant la deuxième circonscription de l’Indre et le parachutage de Mr Siffert Sirven dans une zone rurale de racines et de réseaux, il y a un fort risque que le parachute ne s’ouvre pas. Il ne fait aucun doute que les réseaux “Sapin” locaux vont se mettre en branle pour le fiston.

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