On peut être plein d’admiration (c’est mon cas) pour le talent, la détermination et la volonté de puissance du jeune nageur Léon Marchand, ce nouveau dieu du stade si français… même s’il s’entraîne aux Etats-Unis.
Mais que penser de ces spectateurs qui, les yeux rivés sur leur téléphone portable où ils suivaient le prodige de la natation alors qu’ils assistaient, les uns à un match de tennis, les autres à un combat au sabre, ont obligé les organisateurs de ces épreuves à les interrompre — au grand dam des sportifs en lice, du coup sûr totalement déconcentrés — parce que, levés comme un seul homme, ils applaudissaient et acclamaient la nouvelle idole après sa troisième médaille d’or en s’étreignant mutuellement ? Scènes de liesse qu’ils filmaient évidemment avec leur smartphone, comme si c’étaient eux les héros du jour.
Il y a dans cette attitude une grossièreté, un irrespect et un égocentrisme aux antipodes de l’esprit sportif en général et de l’olympisme en particulier, mais bien caractéristiques de notre époque aussi grégaire que vulgaire.
Claude Lorne