Internet se réveille ces derniers jours avec la gueule de bois. loin des grands rêves de « liberté », le réseau, héritier d’une technologie militaire, redevient petit à petit un réseau fermé et de plus en plus privé. Instagram censure et l’État français interpelle le fondateur de Telegram.
Internet a été un temps le terrain de jeu de pirates et corsaires attachés à une certaine liberté. Cette ère semble de plus en plus révolue et les attaques contre la liberté d’expression e de parole se succèdent.
La récente fermeture de dizaines de comptes tenus par des patriotes sur Instagram fait actuellement réagir. Rien de neuf sous le soleil pourtant, il s’agit d’un énième tour de vis venant d’un opérateur privé qui agit sans aucun doute sous la pression ou avec la complicité des autorités européennes. Ces fermetures s’inscrivent dans la continuité d’autres actions de censure qui avaient frappé d’autres patriotes considérés alors comme trop « radicaux ».
Nul doute que certains réussiront à revenir sur la « toile » mais combien de temps e d’énergie dépenseront-ils pour reconstituer une audience, qui peut disparaître à nouveau du jour au lendemain au bon vouloir d’un lointain censeur?
Chacun confie quotidiennement ses données à des multinationales dont l’intérêt unique est le profit. Contre des données, on accède à une ribambelle de services qui deviennent vite notre seul accès à internet. On surfe sur le net à travers des applications et des navigateurs qui dépendent souvent des géants Apple, Amazon, Google, Microsoft qui sont le visage de l’internet occidental. Des multinationales plus puissantes que bien des états…
Dans le même temps, une autre information se télescope, Pavel Durov, fondateur russe de Telegram a été interpellé au Bourget. L’entrepreneur russe, naturalisé français, quand de grands démocrates voulaient « faire la nique » à Poutine, accumule aujourd’hui les accusations judiciaires.
On lui reproche de proposer une messagerie insuffisamment « modérée », « contrôlée ». En somme, on l’attaque pour les mêmes raisons que l’État russe quand le Kremlin voulait mettre la main sur son application.
Il existe donc, apparemment, les mauvais et les bons censeurs,…
Avec Télégram, on doit comprendre qu’il s’agit d’une des rares applications non américaines à être installée aussi largement en Europe. Derrière la censure, le non dit est donc la fin de l’internet universel. Il y aura désormais l’internet atlanto-occidental, l’internet chinois, le russe. Chacun déploie ces services qui répondent parfois aux mêmes besoins. Mais l’interopérabilité est de moins en moins opérante. Derrière la censure, l’autre péril planant sur internet est sa segmentation géographique qui mènera à la fin de l’utopie libertaire d’un média mondial ouvert et libre échappant aux divers contrôles étatiques.
Jean Ernice