Après avoir passé plus de douze années dans les asiles psychiatriques, où il fut le premier à révéler l’envoi de condamnés politiques, ou les camps les camps de concentration soviétiques, le célèbre dissident russe Vladimir Konstantinovitch Boukovsky, interné pour la première fois encore adolescent, était finalement échangé en 1976 par Moscou contre le dirigeant communiste chilien Luis Corvalán.
Accueilli au Royaume-Uni, il y suivait de près aux affaires du monde. Ce qui le conduisit, après le traité de Maastricht, à s’intéresser à la politique de la Communauté économique européenne, devenue le 1er novembre 1993 l’Union européenne. Et sur laquelle il émettait un jugement très sévère, répétant que « si l’on avait aimé l’Union soviétique, on allait adorer l’Union européenne ». Même fonctionnement dictatorial avec une direction non élue et un Parlement croupion privé de tout pouvoir, même volonté de s’étendre indéfiniment en absorbant sans cesse de nouveaux membres de tailles, de populations, de productions et de puissance économique très différentes. Et, surtout, par le discrédit ou la mise au ban, une détermination identique à faire taire toute voix discordante en ce qui concerne, précisait-il, « la nation ou la race ». Afin, par un melting-pot organisé, de « faire naître un homme nouveau, privé de ses racines et de sa mémoire », et donc malléable à merci.
Un avertissement qui rejoignait ceux du grand Soljenitsyne, lui aussi victime d’attaques souvent calomnieuses après son discours de Harvard où, en 1978, il avait critiqué le matérialisme, le laxisme moral et le conformisme intellectuel entachant la démocratie états-unienne.
Désormais considéré comme l’homme à abattre, Boukovsky s’éteignit le 27 octobre 2019 à Cambridge. En ce cinquième anniversaire de sa mort, nous vous invitons à écouter une de ses interventions (en anglais, mais sous-titrée) sur https://youtu.be/kPfpzkEiHlY et à vous procurer son livre publié en 2005 par les éditions du Rocher, L’Europe, une nouvelle URSS ? Près de deux décennies plus tard, le point d’interrogation est hélas devenu superflu.
La Rédaction