Je souhaite dans ma maison :
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre.
Oui, des amis en toute saison… Apollinaire citait certes les amis après la femme et le chat, mais il reconnaissait ne pas davantage pouvoir s’en passer.
Les amis et les associations d’amis
Noël est d’abord une fête familiale, mais dans ces moments-là, on se doit d’avoir aussi une pensée – et plus, peut-être, un brin nostalgique, l’âge avançant, – pour les amis, qu’on souhaite forcément associer à ces moments joyeux.
Permettez-moi, en conséquence, de saluer les amis, et les associations d’amis. Je commence par les amis de Jean Mabire, qui sont donc aussi mes amis. Mabire (je pourrais écrire la même chose de Venner), je n’en partageais pas l’intégralité des options, mais suffisamment, néanmoins, pour me sentir en connivence avec lui, – avec eux deux -. Mabire était un homme chaleureux, talentueux, un gros travailleur, et un transmetteur de passions, ce qui est une qualité plus rare encore, ein mensch, comme dirait l’un de mes amis. Cette capacité à faire adhérer à ses centres d’intérêt au-delà des clivages de tous ordres avait conduit à la création d’une association des amis de Jean Mabire, du vivant même de cet auteur, ce qui n’est pas banal.
Le dernier magazine de l’association de ses amis, paru cet hiver, est largement consacré aux Vikings, l’un des thèmes favoris de Mabire, qui est l’auteur de plusieurs ouvrages sur ce sujet. Ce numéro, le soixante-dixième, est magnifiquement illustré. Je ne sais de quelle publications proviennent ces dessins, mais ne serait-ce que pour eux, ce magazine est à acquérir et à conserver. Quant à l’histoire de ce peuple en errance maritime, reportez-vous avant tout au livre (de Mabire, bien entendu) : Vikings, rois des tempêtes.
Un dessin de notre chère Chard
Très chers aussi à mon cœur, on trouve les amis de Robert Brasillach. La couverture du dernier bulletin de cette association, dense et bien mis en page, est illustrée par un dessin de notre chère Chard, qui représente Robert Brasillach à sa table de travail. Derrière lui, une bibliothèque, la même, me semble-t-il, que celle que j’ai aperçue quand, enfant, j’avais accompagné ma tante Mathilde pour une visite à Maurice Bardèche, en 1979, peut-être (rue Rataud ?). Et au loin les toits de Paris. Je vous recommande tout particulièrement, dans ce bulletin, le dossier de Philippe d’Hugues sur les critiques littéraires de Brasillach consacrées à ses consœurs romancières, dans les années 1930, dont certaines sont passées à la postérité : Marguerite Yourcenar et Irène Némirosky. D’autres ont eu une notoriété plus modeste. Louant les unes, critiquant les autres, Brasillach a-t-il toujours fait les bons choix ? Je vous laisserai en juger, mais la question est évidemment amusante.
L’autre article de fond qui m’a passionné est celui des rapports entre Brasillach et Pierre-Antoine Cousteau, une fine analyse à laquelle se livre Xavier Eman. Le dossier est complété par un texte du fils du journaliste P.A. Cousteau. Ces pages là appartiennent en fait désormais à l’histoire des idées politiques autant qu’à l’histoire littéraire.
Ecrivains maudits et politiquement incorrects
Il n’y a pas d’association des amis de Céline. D’ailleurs Céline avait-il des amis ? Quand on voit la façon dont il a parfois traité Albert Paraz, Milton Hindus, ou Gen Paul, je crois, on peut comprendre la méfiance que pouvait inspirer l’écrivain à son réseau relationnel.
En revanche il y a une kyrielle d’associations et de revues qui étudient, dissèquent son œuvre, qui domine le XXe et le début du XXIe siècles. Et je ne parle pas des essais, biographies, dictionnaires de citations, documentaires, albums de photos, qui sont consacrés à Céline ! Les familiers de son œuvre sont désormais innombrables, et planétaires ! Leur croissance semble même exponentielle…
A ce propos je signale qu’à la rentrée de septembre, dans ses locaux du centre de la France, l’Institut Emmanuel Ratier consacrera une « visite privée », un week-end, aux écrivains maudits et politiquement incorrects. Ce sera une occasion en or pour des rencontres et des échanges avec les amis de ces écrivains et les passionnés de littérature non conformiste. Nous en reparlerons.
Madeleine Cruz