Entretien avec Christian Bigaut qui vient de publier aux Éditions de L’Æncre L’échec du socialisme à l’étranger et en France (volume 1) et L’échec du socialisme – François Hollande, le liquidateur (volume 2)
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul).
L’auteur démontre comment d’un discours protestataire à l’aise dans la contestation, le socialisme gouvernemental aboutit à une déroute idéologique. Membre de plusieurs cabinets ministériels sous les gouvernements Chirac, Balladur, Juppé, Raffarin et Villepin, ainsi que rédacteur en chef des publications d’un Premier ministre à Matignon, Christian Bigaut a été à ce titre en contact avec les acteurs de la vie politique qui lui ont communiqué leurs archives.
Vous présentez le volume 1 de votre étude sur L’échec du socialisme comme « la malédiction du socialisme au pouvoir », c’est-à-dire ?
Le socialisme suscite une immense espérance avant et quand il arrive au pouvoir. Les socialistes dit « scientifiques » – les communistes – promettaient, eux, des objectifs idylliques : « L’avenir radieux » et « à chacun selon ses besoins » et même « l’homme nouveau » ! Son application, au contraire, montrait pénuries, queues devant les magasins et frustrations. Quant à l’égalité promise, une nomenklatura qui cumulait tous les privilèges illustrait une inégalité bien supérieure à celle existant dans les sociétés autres, avec en plus, le contrôle permanent et tatillon des populations par les polices politiques à pouvoirs illimités, exigeant l’adhésion enthousiaste aux « Paradis rouge ». La capacité d’indignation des médias occidentaux, et par voie de conséquence des citoyens, face aux millions de victimes tant du fascisme que des communismes n’est pas la même : l’amnésie générale a effacé, comme une amnistie, les horreurs communistes pendant 70 ans dans les pays qu’ils dirigeaient.
Les socialistes qui prétendaient, eux, incarner la liberté et la classe ouvrière, promettaient de « changer la vie » et l’économie tout en acceptant progressivement la vie parlementaire et la participation gouvernementale. Ils ont subi une déroute idéologique lors de chacune de leur expérience gouvernementale. D’un discours protestataire à l’aise dans la contestation, le socialisme gouvernemental aboutit à une déroute idéologique soulignée par un fort décalage entre les promesses et les résultats sous les trois dernières Républiques françaises pourtant institutionnellement différentes, sans oublier son cortège d’échecs, budgétaire et financier, et les renoncements symbolisés par le ralliement à l’économie de marché, aux critères de Maastricht, à l’abandon du plan et du rôle de l’État… Winston Churchill écrivait : « Si le vice du capitalisme est l’inégale répartition de la richesse, la vertu du socialisme est l’égale répartition de la misère. »
Le volume 2, intitulé L’échec du socialisme – François Hollande, le liquidateur est sous-titré est, lui, sous-titré « Pourquoi le socialisme ne marche pas ! »… Quelles sont les raisons de ces échecs à répétition ?
Le socialisme ne se préoccupe pas de créer ou de stimuler les créations de richesses. Ses préoccupations constantes sont de « taxer les riches » avec la création ou l’accroissement d’impôts pour financer les nombreuses dépenses promises. La fiscalité est pour eux l’instrument de « redistribution » qu’ils s’honorent de mettre en œuvre, sous le motif de « rétablir la justice fiscale et sociale ». Ils ne mentionnent jamais les conséquences : l’exil fiscal qui enrichit les États concurrents, la paupérisation des classes moyennes en France et les dévaluations. En France, les socialistes sont déchirés entre la gauche et l’extrême gauche, entre leur responsabilité au gouvernement, leur responsabilité économique qui les tire vers l’Europe qu’ils ont toujours soutenue et leur vocation sociale qui les retient en France et sur laquelle ils se concentrent quand ils sont dans l’opposition. François Hollande au pouvoir illustre cet échec entre un discours de gauche pour se faire élire et une pratique qui s’éloignait de plus en plus des dogmes socialistes. Plus son quinquennat se déroulait, moins il appliquait les valeurs socialistes. De plus, depuis Lionel Jospin, les socialistes avaient déjà perdu les classes populaires en raison de l’insécurité économique, sociale et surtout de l’immigration et de l’assistanat.
Vous brossez méthodiquement un panorama des échecs du socialisme… Et pourtant, beaucoup encore y croient… Comment l’expliquez-vous ?
D’abord, parce que leurs bilans calamiteux au Pouvoir ne sont jamais médiatisés. Par exemple, il y a beaucoup de débats sur les fascismes ou par exemple la dictature du général Pinochet, mais très peu sur le bilan du communisme des Lénine, Brejnev, Castro, Pol Pot ou autres Chavez, en URSS, en Asie ou en Amérique du sud, leurs faillites et leurs millions de morts.
Pour les sociales-démocraties des États du Nord de l’Europe, vitrine sociale dans les années 70, un essoufflement est apparu avec les réductions massives des dettes et déficits tandis qu’au Maghreb, les révolutions arabes soulignaient les inadéquations entre les espérances et la réalité.
Vos deux volumes, au contraire, dressent un bilan implacable de leurs échecs et de leurs crimes…
Les mises entre parenthèses des valeurs morales sont rarement mentionnées comme les nombreuses affaires politico-judiciaires qui ont jalonnées les deux septennats Mitterrand nonobstant les amnisties et décès des protagonistes concernés ; de même, le remplacement des revendications sociales par les revendications sociétales et environnementales. Le socialisme comme le communisme est plutôt jugé sur leurs (généreux) objectifs que sur leurs (catastrophiques) résultats dans la réalité. Et pour preuves, j’ai reproduit de nombreux documents afin de permettre un jugement objectif de chaque lecteur sur la vérité du socialisme au pouvoir.
L’échec du socialisme à l’étranger et en France (volume 1), Christian Bigaut, Éditions L’Æncre, collection « Nouveaux enjeux du XXIe siècle», 376 pages, 41 € ; pour commander ce livre, [http://L’échec%20du%20socialisme%20à%20l’étranger%20et%20en%20France%20(volume%201)]cliquez ici.
L’échec du socialisme. François Hollande, le liquidateur (volume 2), Christian Bigaut, Éditions L’Æncre, collection « Nouveaux enjeux du XXIe siècle», 268 pages, 33 € ; pour commander ce livre, cliquez ici.
Pour soutenir le Nouveau Présent, faites un don: