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Le RN au secours de Ferrand : vite le choléra plutôt que la peste !

Interrogée tout récemment sur le cas Ferrand, sévèrement battu aux législatives de 2002, Marine Le Pen dénonçait « la dérive » qu’est la transformation du Conseil constitutionnel « en maison de retraite de la vie politique ». Qui aurait cru dès lors que le Rassemblement national, qui se veut l’incarnation et le paladin de notre peuple face à l’État-Macron, offrirait un succès, le premier depuis des années, à l’actuel Élyséen en favorisant l’élection de son favori Richard Ferrand à la présidence du Conseil constitutionnel ?

Une politique de gribouille

C’est pourtant ce qu’ont fait le 19 février tous les députés et sénateurs RN membres des Commissions des lois en s’abstenant sur la validation du choix présidentiel. Validation obtenue de justesse, par une voix seulement.

Embarrassé — on l’eût été à moins —, le parti mariniste explique son abstention, qui peut être assimilée à une collusion avec un chef de l’État aujourd’hui discrédité (18 % des Français seulement approuvent son action selon un récent sondage) par le désir de limiter la casse. Si Ferrand avait été blackboulé, excipe ainsi le juvénile Bryan Masson, député des Alpes-Maritimes, Emmanuel Macron aurait pu jeter son dévolu sur deux anciens gardes des Sceaux, les calamiteux « Éric Dupont-Moretti ou Christiane Taubira ».

Pour le sénateur RN Joshua Hochart, il s’agit donc d’« un non-choix, et c’est celui du moins pire ». Ce que d’aucuns ont traduit plus brutalement par « Crevons du choléra plutôt que de risquer la peste ».

Cette solution finale risque de laisser la plupart des électeurs nationaux plutôt sceptiques. Car le nouveau président des « Sages » n’est pas seulement un ennemi politique qui a maintes fois exprimé son exécration du camp national et même plaidé pour une augmentation de l’immigration. C’est aussi, ce qui aurait dû le discréditer totalement auprès d’un parti s’affichant « mains propres et tête haute », un parfait représentant de la pourritique. Impliqué dans plusieurs dossiers louches, il n’échappa à la Correctionnelle que grâce à un miraculeux non-lieu (1). Prononcé par un parquet dirigé par un procureur général, Mme Véronique Malbec que, devenu président de l’Assemblée nationale, il s’empressa de faire nommer au… Conseil constitutionnel ! Où la dame siège toujours.

De plus, on sait que pour l’ancien chef des « Marcheurs » qui réussirent à propulser le quasi-inconnu Macron à l’Élysée, « les promesses n’engagent que ceux y croient ». Il est donc douteux que, si un deal a été conclu comme le clame la gauche, il donne une suite favorable à la QPC (question prioritaire de constitutionnalité) que posera la défense de Marine Le Pen si celle-ci est condamnée le 31 mars, à la lourde amende et surtout à la peine d’inéligibilité de cinq ans réclamée par l’accusation dans l’affaire des assistants du FN au Parlement européen.

Et si Macron partait pour mieux revenir ?

Enfin, que se passerait-il si, après le renversement du gouvernement Bayrou ou après de nouvelles législatives accouchant derechef d’une Chambre ingouvernable, le chef de l’Etat décidait de démissionner ? La Constitution interdit au premier magistrat de France d’exercer plus de deux mandats consécutifs, mais elle est muette sur la possibilité pour un président démissionnaire de briguer sa propre succession à la présidentielle suivante. Nul doute que, saisi sur cette épineuse question, le nouveau conducator des « Sages » trancherait pour la solution la plus favorable à son ami et désormais bienfaiteur Macron.

Autant de facteurs qui rendent incompréhensible l’abstention du 19 février.

Devant le désarroi de nombreux électeurs et même de responsables du Rassemblement national qui doivent ressentir la « colère » exprimée par Gilbert Collard sur TVL, on en connaît deux qui jubilent : Éric Zemmour dont la muse et compagne Sarah Knafo se démène beaucoup actuellement tant au Parlement européen que dans les médias au profit de Reconquête ! et surtout le très ambitieux ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Lequel, oublieux que les élus LR au Sénat — dont lui-même — avaient voté une loi favorable à l’immigration, profite de sa place-forte de Beauvau pour draguer sans vergogne l’électorat ex-frontiste.

Mais quoi, tu l’as voulu, George Dandin…

Camille Galic

  1. https://www.polemia.com/richard-ferrand-au-conseil-constitutionnel-un-nouveau-dans-la-galerie-des-affreux/

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Un commentaire

  1. La nomination de Richard Ferrand au Conseil Constitutionnel avec l’appui déguisé des élus du RN ne fait que confirmer l’absorption finale de ce parti au Système. On imagine aisément un retour d’ascenseur qui devrait se concrétiser favorablement à propos du « détournement de fonds publics » qu’on reproche à Marine Le Pen. Avec de tels opposants, c’est sûr, le système a encore de très beaux jours devant lui. Pour rappel, le slogan « Mains propres et tête haute » était celui du FN aux législatives de 1993.

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