Il y a des faits-divers qui en disent long. Douloureusement. Ainsi cette méprisable vidéo prise par les harceleurs de Lucas, un jeune collégien de Vénissieux (Rhône) et diffusée sur les réseaux sociaux pour attiser les instincts les plus malsains de ceux qui la visionneront : insulte, coups et fuite de la victime.
Pour Lucas, ce traitement humiliant n’était pas une première ; sa sœur a ainsi témoigné, via le réseau snapchat, que, depuis des mois, son frère était traité entre autres amabilités de « singe » et de « sale noir ».
Leurs parents ayant alerté les responsables scolaires, le rectorat de Lyon, d’une rare efficacité (sic !), n’a pas manqué de les assurer que leur enfant était « accompagné » depuis plusieurs mois par le lycée et suite, à la diffusion de la vidéo, qu’une « cellule non au harcèlement » (ça ne s’invente pas !) avait été « déclenchée » !
On se doute que les harceleurs en sont terrorisés et que leur victime est parfaitement rassurée. De là à ce que ce rectorat conseille, si ce n’est déjà fait, à ces parents d’aller voir ailleurs pour leur progéniture si l’herbe est sinon plus verte, du moins moins dangereuse, qu’à Vénissieux, il n’y a pas loin.
Mais là où ce fait-divers est lourd d’enseignement, c’est quand on apprend que les harceleurs, écrit la sœur de Lucas, sont « des élèves d’origine maghrébine », ce que confirme leur père en déclarant à Medave Prod, correspondant d’Actu Lyon : « Ce n’est pas la première fois que j’interpelle le directeur du collège contre le harcèlement scolaire et les agressions répétées de certains élèves d’origine maghrébine contre mon fils en raison de sa couleur de peau. »
Information qui bat en brêche toutes les idées rabachées par les auto-proclamés antiracistes, tout autant, qu’elle explose en plein vol les déclarations péremptoires du leader maximo de la France insoumise sur les fantasmes de créolisation de notre société : le racisme n’est en rien monopole des « Européens blancs », il est largement partagé par les « non-blancs d’origines non-européennes ». On se doute que le martyr du « petit noir » Lucas à Vénissieux n’est pas un cas isolé et qu’ailleurs, ce sont des petits « Mouloud » qui détalent devant des agresseurs originaires d’Afrique noir… sans oublier tous les « Moshé » ou « François » qui font la course ici ou là, un peu partout désormais dans cette France de moins en « doulce », ainsi que la chantait Charles Trenet en son temps… et peu réceptive à la créolisation comme on le voit.
Il y a près d’un quart de siècle désormais – c’était en 2002 –,Jean-Jacques Matringhem et moi-même avions publié un livre regroupant plusieurs contributeurs et intitulé Vers la société Multiraciste.(1) « La plupart de ces intervenants, écrivions-nous en introduction, sont d’accord sur un point : le racisme n’est pas là où le “politiquement correct” le brocarde habituellement. Ils sont également tous d’accord sur un point : il est grand temps d’aborder ce délicat sujet différemment afin que, peut-être, l’avenir ne soit pas celui de cette société multiraciste qui se bâtit chaque jour, depuis plusieurs dizaines d’années, sous nos yeux. »
Ce souhait a fait long feu. La preuve par Lucas, à Vénissieux.
J’écrivais alors que ce qui me semblait « le plus plausible, au regard des vingt dernières années et au constat des sociétés européennes actuelles, c’est que se met en place, progressivement, non pas la société multiraciale dont on nous rabat tant les oreilles, mais une société multiraciste, faite de quantité de ghettos… »
La société multiraciste, nous y sommes. Et même en plein dedans.
Note
(1) Vers la société Multiraciste, éditions Dualpha, sous la direction de Jean-Jacques Matringhem et Philippe Randa, avec les contributions de : Archimède Bontempi, Christian Bouchet, Alain Dumait, Fondation Brigitte Bardot, Roland Gaucher, Nicolas Gauthier, Philippe Gautier, Bruno Gheerbrant, Jean-Paul Gourevitch, Guillaume Faye, Pierre Lassieur, Jean-Jacques Matringhem, Catherine Mégret, Fabrice Robert, Jean-Claude Rolinat, Jean-Pierre Rondeau, Marc Rousset, Charlotte Sawyer, Philippe Randa, Robert Steuckers, Dominique Zardi.
Philippe Randa
Philippe Randa vient de publier Heur(t)s et malheurs en Macronie aux éditions Dualpha, collection « Patrimoine des héritages », 180 pages, 21 €. Pour obtenir ce livre, cliquez ici.