« C’est sur le cadavre de son ennemi que l’homme fait ses premiers rêves de gloire », affirmait Proudhon. La guerre a produit un type d’homme particulier, le soldat de fortune. À la recherche d’un destin dans la fureur des combats, il rêve justement plus que ses confrères réguliers. Il se pique d’aventure et les champs de bataille du 20ᵉ siècle lui en ont offert. Ce guerrier est né sur la terre de France, il est de plus un expert en baroud d’honneur et d’improvisation dans les pires tempêtes de l’histoire.
« Le monde nous appartient » est la chanson de geste de ces Français à part. Mercenaires, volontaires des causes perdues ou aventuriers, ils sont une part de l’honneur militaire français. Esprit corsaire, ils ont mené des guerres pour leur compte et pour l’honneur sans se soucier de la légalité et du droit international.
Plusieurs générations se côtoient dans les pages de ce beau volume. Celle des soldats perdus de la guerre d’Indochine et de l’Algérie française qui avaient choisi de garder leur honneurs en refusant la capitulation du général de Gaulle. Paria, ils trouvèrent en Afrique des terrains d’action à la hauteur de leurs compétences. Anciens des troupes d’élite, ils vont parcourir du Katanga au Biafra les conflits postcoloniaux africains des années 1960 et 1970. C’est l’époque de Bob Denard et de ses « affreux ». Meneur d’hommes d’un grand courage et d’un sens pratique à toute épreuve, le Béarnais va se tailler une légende dans ses années de fureur. Ses liens avec les services secrets français seront complexes, mais il a souvent défendu de manière non orthodoxe notre pré carré en Afrique. Il fera de l’archipel des Comores son royaume à la fin des années 1990 avant que l’on vienne lui rappeler que l’époque avait changé.
Autre génération, celle des volontaires nationalistes partis au Liban défendre la cause des chrétiens maronites à partir de 1976. Membres du GUD, du GAJ, de l’Action française… ils furent plusieurs dizaines à faire le voyage clandestinement pour rejoindre les milices phalangistes dans les ruines de Beyrouth. Engagés sur les no man’s land d’un front mouvant, ils furent les croisés d’une chrétienté qui ne renonce pas à défendre ses frères orientaux. Ils sont plusieurs à se souvenir de ces combats.
On retrouva le même engagement passionné à l’époque de l’éclatement de la Yougoslavie. Nombre de camarades firent le voyage jusqu’à la ligne de front pour rejoindre les nationalistes croates et participer à leur lutte pour l’indépendance.
En Extrême-Orient, un petit groupe de Français furent le premier soutien de la cause du peuple karen. Cette ethnie de montagnards, farouchement anticommuniste, refusait la domination de la junte birmane sur son pays n’avait aucune aide avant l’arrivée de volontaires français (dont beaucoup avaient été au GUD) qui allaient leur fournir une instruction militaire efficace.
Avec la fin du mercenariat « à l’ancienne » et l’apparition des multinationales de la sécurité privée, le terrain d’action des soldats de fortune français a bien changé. Pourtant, on va retrouver des Français combattant avec les Kurdes contre Daech ou participant au conflit russo-ukrainien. Présents des deux côtés de la ligne de front, ils n’ont pas la même lecture de la géopolitique de la guerre en cours mais partagent un peu de cet esprit gaulois qui fait d’eux les dignes continuateurs de notre furie française.
François Fourmant
Furia Francese, Le monde nous appartient !, Editions du Paillon, 2025, 270 pages. 20 euros.
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