Saint Luc

Saint Luc : cet inconnu….

Le 18 octobre, l’Eglise catholique fête saint Luc, réputé pour avoir écrit l’un des trois Evangiles synoptiques, c’est-à-dire, comparable aux Evangiles de saint Mathieu et de saint Marc. Pourtant, les chercheurs et les érudits conviennent que la vie de saint Luc reste « très peu documentée », ce qui signifie qu’on ne sait pas grand-chose de ce que fut l’existence de ce glorieux évangéliste.

En réalité, saint Luc est d’abord parvenu jusqu’à nous à travers les textes fondamentaux qu’il a rédigés. Des textes si fondamentaux qu’ils ont été intégrés au Nouveau Testament. Il s’agit de l’Evangile selon saint Luc, mais aussi du Livre des Actes, qui apparaît comme une suite de cet Evangile, formant la seconde partie d’une œuvre dédiée « à Théophile », celui qui aime Dieu.

Selon les informations qui nous sont parvenues, saint Luc serait né à Antioche, une ville de Syrie célèbre pour son opulence, et renommée pour la qualité de l’enseignement des lettres et de la philosophie qui y était dispensé. La qualité littéraire des écrits de saint Luc, rédigés en langue grecque, plaide en faveur de l’excellence de l’instruction qu’il a dû recevoir. Cette instruction l’a amené à s’intéresser plus particulièrement à la médecine. Selon Grotius, la médecine était souvent exercée par des esclaves éduqués dans cet art, ce qui a conduit le célèbre humaniste à considérer que saint Luc avait dû être attaché à quelque noble famille en tant que médecin, avant d’être affranchi. Mais cela reste une hypothèse.

Toutefois, saint Jérôme assure que saint Luc excellait dans l’art médical, et saint Paul, en l’appelant « Luc, médecin, notre très cher frère », suggère qu’il ne cessa pas d’exercer cette profession.

Le Ménologe de l’empereur Basile, compilé en 980, nous apprend que saint Luc brillait également dans la peinture, et qu’il aurait laissé plusieurs portraits de Jésus-Christ et de la Sainte Vierge. Même si ce texte reste sujet à caution, Théodore Lecteur, en 518, écrivit qu’on envoya de Jérusalem à l’impératrice Pulchérie un portrait de la Sainte Vierge peint par saint Luc. D’autres témoignages archéologiques semblent confirmer les dispositions de saint Luc pour la peinture.

Nous ignorons si saint Luc adhérait à un culte païen ou s’il observait les prescriptions de la loi mosaïque avant sa conversion au christianisme. Si certains affirment qu’il aurait été converti par saint Paul, d’autres en doutent car jamais l’apôtre des Gentils n’a appelé saint Luc « mon fils » comme il le faisait pour ceux qu’il avait conduits à Jésus Christ. Quoi qu’il en soit, saint Luc travailla de toutes ses forces à mettre en pratique les prescriptions du christianisme après sa conversion, au point que saint Paul le choisit pour être son collaborateur et le compagnon de ses travaux pendant 18 ans, jusqu’à la mort de saint Paul, martyrisé après l’incendie de Rome en 64.

Saint Luc affirma qu’il avait écrit son Evangile d’après les récits de témoins oculaires de la vie du Christ, et l’abbé Godescard, dans sa « Vies des martyrs, et autres principaux saints », publiée en 1843, indique que saint Luc fut également dirigé par le Saint Esprit, « qui lui révéla tout ce qu’il a rapporté concernant nos mystères, et qui l’assista d’une inspiration spéciale jusque dans les plus petits événements historiques ».

L’Evangile de saint Luc est le plus long des Evangiles synoptiques. C’est dans cette œuvre que nous trouvons des références à la venue du Christ sur la terre et à son enfance : Annonciation, Incarnation, visite de la Vierge à sainte Elisabeth, parabole de l’enfant prodigue… La patience, la douceur, la charité du Christ sont particulièrement mises en valeur, dans une langue riche et fluide.

Dans les Actes des Apôtres, saint Luc décrivit les débuts de l’Eglise chrétienne, et plus particulièrement, l’Ascension, la Pentecôte, et la prédication de saint Paul, jusqu’au début des années 60. Après le martyre de saint Paul, saint Luc prêcha en Italie, en Gaule, en Dalmatie, en Macédoine, et semble avoir fini ses jours à l’âge avancé de 84 ans en Béotie. Certains affirment qu’il fut martyrisé, tandis que d’autres se bornent à déclarer qu’il souffrit beaucoup pour sa foi.

En 357, l’empereur Constance fit transférer les reliques de saint Luc de Patras, en Achaïe, jusqu’à Constantinople. A l’occasion de travaux réalisés dans l’église où elles étaient conservées, le crâne de saint Luc aurait été porté à Rome par saint Grégoire, et déposé dans l’église du monastère de Saint-André, tandis qu’une grande partie du reste des reliques aurait été porté au monastère du Mont Athos.

Sans surprise, saint Luc est aujourd’hui le patron des médecins et des peintres et sculpteurs. Le récit des Quatre Vivants lui attribue un animal comme symbole, dans lequel certains voient un taureau, d’autres un veau et d’autres encore un bœuf. Quoi qu’il en soit, c’est bien l’image d’une victime pour le sacrifice qui est corrélée à saint Luc, peut-être parce que son Evangile a mis en exergue le rapport au sacerdoce de Jésus Christ, et au sacrifice sanglant auquel ce sacerdoce conduisit.

Pourquoi lire saint Luc aujourd’hui ? Peut-être parce que les écrits de ce saint plongent leurs racines dans l’Ancien Testament, parce qu’ils attachent une importance particulière à la notion de miséricorde, et aussi parce qu’ils montrent l’universalité de l’Esprit Saint. Comment ne pas y méditer en les temps troublés que nous traversons ?

André Murawski

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