Après plusieurs nuits d’émeutes urbaines ultraviolentes en réaction à la mort de Nahel M. abattu le 27 juin par un policier suite à un refus d’obtempérer, le Proche Orient se penche avec intérêt sur la situation qui n’est pas sans évoquer certaines similitudes avec celle du Liban où les tensions communautaires récurrentes montrent chaque jour davantage les limites du « vivre ensemble ».
Alors que la rue libanaise s’insurge dans son ensemble contre les émeutiers et dénonce la permissivité des autorités, il n’est pas anodin de noter l’alignement gauchisant des « intellectuels humanistes bien-pensants », grands admirateurs des Léa Salameh et autres Amin Maalouf, et dont l’illustration parfaite se retrouve dans les lignes du 1er quotidien francophone du proche Orient, l’Orient-le Jour, qui estime par la plume d’Anthony Samrani que les émeutes sont « la conséquence d’au moins trois facteurs : l’effritement du modèle républicain qui ne parvient plus à intégrer l’autre tel qu’il est et non tel qu’il voudrait qu’il soit ; un impensé collectif, avec des relents coloniaux, qui associe la « francité » à la « blanchité » ; un ressenti assez diffus qui établit un lien direct entre les jeunes issus des quartiers populaires et le sentiment d’insécurité. »
Le bon sens semble venir des pays leaders du Golfe Persique. Dans le quotidien saoudien al Sharq al-Awsat, Abdulrahman al-Rached, éminent journaliste et intellectuel, met le doigt sur la plaie : «Les manifestations sont le reflet de la faiblesse de l’autorité centrale et du respect décroissant des institutions de l’État, des voies légales et judiciaires trop complaisantes qui transforment les manifestations en un état de guerre civile sur le terrain ». « La raison de l’échec sécuritaire en France vient aussi d’un échec culturel et de l’immigration dont les manifestants les plus violents sont issus.» Le grand philanthrope émirati Khalaf Ahmad al-Habtoor, ne mâche pas non plus ses mots : « La naturalisation des personnes immigrées est un danger existentiel qui menace et détruit n’importe quel pays ». On peut encore évoquer cet imam sunnite libanais qui dénonce sur les réseaux sociaux le « comportement indigne de ces populations musulmanes vivant en occident qui pensent pouvoir profiter, voler, piller, mentir aux Koufar (Infidèles) sans offenser Allah » ou encore cet autre imam en Belgique révolté par les pillages.
Naturellement, du côté des institutions publiques ou privées proches des organisations internationales, on s’empresse de s’indigner , à l’instar du politologue algérien Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) : «On ne peut qu’être confus lorsqu’on lit ce que la presse arabe écrit sur ces événements […] les manifestations de banlieue relèvent d’une revendication du droit à l’égalité et à la justice et ne sont pas un critère suffisant pour juger de l’échec des millions de citoyens français qui portent un nom arabe ou africain. » Sur le média qatari al-Jazeera – Faut-il y deviner la main des Frères musulmans par ailleurs très influents dans les banlieues françaises et européennes ? – c’est la sociologue Crystal M. Fleming qui estime que la mort de Nahel traduirait « le racisme systémique de l’État français à l’égard des populations notamment d’origine maghrébine, un héritage d’une longue histoire coloniale que la France ne serait pas prête à reconnaître, aveuglée par l’universalisme affiché de ses valeurs. » Dans ce florilège d’irresponsabilité et d’aveuglement volontaire, la palme revient au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) qui a déclaré vendredi qu’il était temps pour la France de s’attaquer aux « profonds problèmes de racisme et de discrimination parmi les forces de l’ordre », rien de moins…
Sophie Akl-Chedid