Les éditions IRIS ont publié six albums sur l’histoire ancienne de la Byzacène (l’actuelle Tunisie) par lesquels ils rappellent le passé prestigieux de Carthage et de l’Afrique romaine ; ce que nos petits Français n’apprennent plus du fait de ce monstre qu’est «la soi-disant Education Nationale », est mis à la portée des petits Tunisiens qui peuvent suivre dans des albums bien illustrés la vie d’Hannibal et le développement de la civilisation jusqu’à l’apogée du Bas Empire, avec des notices bien faites sur Tertullien saint Augustin et tant d’autres qui risquent d’être ignorés de l’école dite française.
Ces albums édités en Tunisie sont disponibles par correspondance (leseditions.iris@gmail.com) et à Paris chez Gibert.
6 albums sont actuellement disponibles : Elyssa, Carthage, Hannibal, Jugurtha, et l’Afrique Romaine en deux volumes ; embrasant la préhistoire jusqu’aux invasions des Vandales.
Des cartes et de belles illustrations facilitent l’approche du sujet et aident la mémoire.
Si la période préhistorique sacrifie aux poncifs de l’Évolution, il y a une chronologie fort bien faite qui tient compte des apports de l’archéologie, où les chercheurs français ont eu une large place (Stéphane Gsell ,Gabriel Camps , Gilbert Charles-Picard etc).
Si l’auteur exalte la mémoire de Jugurtha ou de Hannibal, il reconnaît que l’Afrique proconsulaire était prospère sous la domination romaine et il magnifie la dynastie des Sévères originaire de Libye pour son œuvre bénéfique en Afrique. Et il n’omet pas de de mentionner la stèle de Mactar qui rapporte l’ascension sociale d’un pauvre moissonneur qui au bout d’un travail acharné est parvenu à une situation enviable dans le municipe de Mactar (l’original est au Louvre).
On peut regretter cependant que l’auteur n’attache aucune importance à l’écriture libyque répandue du Maroc à la Tunisie et dont l’ancienneté rivalise avec l’écriture égyptienne. Certes la littérature libyque est mal connue et le corpus des inscriptions est pauvre mais il n’est pas négligeable et il a gardé une valeur symbolique aux yeux des Berbères qui l’ont prise pour étendard.D’autant plus qu’elle est couramment pratiquée au Sahara chez les Touaregs.
Signalons que les Éditions Via Romana ont eu l’heureuse idée de rééditer « Sanguis Martyrum » roman historique qui fait magnifiquement revivre l’Afrique chrétienne du temps de saint Cyprien (200-258) sous la plume de Louis Bertrand. Notre ami Daniel Heck qui maintient le culte du grand écrivain et académicien s’efforce de faire réimprimer les œuvres les plus remarquables de L.Bertrand si injustement oublié.
Signalons aussi du même auteur l’essai splendide intitulé « Les villes d’or.Algérie et Tunisie romaines » qui n’est malheureusement pas réédité mais dont l’intérêt le justifierait certainement. Espérons que Notre ami Benoit Mancheron le mettra bientôt dans ses programmes.
Paul-André MAUR
