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La Tradition vaut bien une messe – Entretien avec Jean-Pierre Maugendre

« Quel avenir pour la messe traditionnelle ? » : sujet essentiel qui fut celui d’un colloque le samedi 24 septembre 2022 à la Maison de la chimie, réunissant prêtres, écrivains, journalistes et simples fidèles préoccupés par les derniers événements troublant le monde de la liturgie traditionnelle.

— Qui fut à l’origine de ce colloque ?

— Plusieurs associations de laïcs, en particulier Lex orandi qui rassemble des associations locales de fidèles attachés à la célébration de la messe traditionnelle, Notre-Dame de Chrétienté, association organisatrice du pèlerinage de Pentecôte Paris-Chartres, Oremus qui publie régulièrement une lettre d’information religieuse, et enfin Renaissance catholique dont l’activité intellectuelle et éditoriale est depuis longtemps attachée à la défense de la messe romaine traditionnelle. D’autres associations étaient également présentes, comme Una Voce.

— Ne pensez-vous pas que la messe traditionnelle mérite de rassembler toutes les forces vives attachées à sa défense ?

— Bien sûr ! La messe traditionnelle n’est pas la propriété de telle ou telle association ou communauté. Elle est un bien commun de toute l’Eglise. Il me semble que ce colloque s’adressait à trois catégories de personnes. Tout d’abord les personnes de bonne volonté un peu perdues dans ces querelles liturgiques et qui cherchent des repères. Ensuite, les « convertis » qui ont découvert la messe traditionnelle et qui y sont attachés sans trop pouvoir formaliser les raisons de leur attachement. Souvent d’ailleurs ils s’interrogent, légitimement, sur les raisons de l’ostracisme que subit cette liturgie millénaire alors que, par ailleurs, tout est toléré, comme nous l’avons encore constaté il y a quelques jours sur Internet, avec un prêtre célébrant la messe immergé dans la mer, l’autel étant constitué par un matelas pneumatique flottant sur l’eau. Enfin, certains fidèles de la messe traditionnelle ne se sentent pas directement concernés par les mesures restrictives imposées par Traditionis custodes, en particulier ceux qui bénéficient des services des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X. À la suite des exhortations de saint Paul : « Qu’un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Co 12,26), je ne doute pas que ces fidèles auront à cœur de soutenir leurs frères persécutés pour la défense de la même messe de la tradition de l’Église. Au-delà des conférences, nous avons souhaité, également, faire de cette journée un moment de rencontres avec les stands de plusieurs associations et une grande librairie religieuse.

— Quels sont les éléments qui peuvent permettre de répondre de façon optimiste à la question posée ?

— Il y a cinquante ans se posait de manière aiguë la question de savoir si le fil de notre tradition liturgique ne serait pas rompu. Le fait est là : alors que le renouveau conciliaire annoncé a débouché sur une terrible crise de la foi et de l’Église, la messe traditionnelle suscite un réel engouement auprès d’un public, ecclésiastique ou laïc, de plus en plus jeune. Son développement peut être ralenti et entravé, il ne peut plus être stoppé. Comme le prophétisait Jean Madiran, la messe sera sauvée par la messe.

Propos recueillis par Anne Le Pape

Jean-Pierre Maugendre, ingénieur, ancien élève de l’École navale et ancien président du Mouvement de la jeunesse catholique de France, est président de Renaissance catholique. •

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