Maussade dimanche électoral. En Roumanie, le candidat du Peuple a été battu par le Système, alors que pourtant largement en tête au premier tour, Simion n’a pas réussi à rassembler les fameux 50% des voix plus une, qui font toute la différence. En Pologne, le candidat pro-Tusk et pro-européiste est en tête de peu devant le représentant du PIS, Karol Nawrocki. Ils sont au coude à coude, mais un candidat nationaliste est arrivé en 3ème position avec près de 15%, les reports des voix annoncent un deuxième tour très serré.
Gageons que toute la clique bruxelloise va se mobiliser, comme en Roumanie, pour faire barrage au PIS. Enfin, en Saône et Loire, le député RN est en ballotage très difficile dans cette élection partielle, et risque fort d’être battu par un divers- droite, soutenu désormais par tous les autres, des macronistes, aux socialistes et à LFI.
Seul le Portugal nous apporte un rayon de soleil, lors des élections législatives anticipées de ce dimanche 18 mai. Depuis la révolution des œillets de 1975, la droite nationale était totalement exclue de la vie politique. Après quelques années de flottement, où les communistes ont failli prendre le pouvoir grâce à des militaires d’extrême-gauche, le parti socialiste portugais a régné sans partage ou presque. En 2019, une scission intervient au sein du parti social-démocrate, par ceux qui considèrent qu’il faut enrayer l’immigration massive, lutter plus durement contre l’insécurité, et revitaliser le pays de ses traditions et de ses coutumes. C’est ainsi que Chega (« Assez » en portugais), est né.
Avec 1,29% des voix en 2019, le parti populaire et patriote partait de très loin. Mais en mars 2024, premier coup de tonnerre, Chega récolte 18% et 50 députés, dans l’Algarve il a même dépassé les 30%, devenant le troisième parti du pays derrière les centristes et le parti socialiste. Si les européennes de juin 2024 n’ont pas confirmé cette poussée, les élections du 19 mai 2025 viennent amplifier son résultat.
Suite à des scandales, la coalition minoritaire de centre-droit, le PSD/CDS, avait subi une motion de censure, des élections anticipées viennent donc d’intervenir. Si Luis Montenegro leader des centres augmente très légèrement ses résultats de 2,6% et obtient 89 députés au lieu de 80-(la majorité absolue est à 116 députés) -, le parti socialiste s’effondre avec 23,38%, 6 points de moins qu’en 2024 et 58 élus, contre 72 en 2024. Par contre Chega fait jeu égal avec lui : 22,56% et 58 élus. C’est la première fois que Chega, dirigé par André Ventura, dépasse la barre des 20% et largement. Presque 4% de plus, et 8 élus de plus, c’est considérable dans un pays assez figé au plan électoral, où tout se passait entre deux partis jusqu’à présent.
Certes, les centristes vont continuer à gouverner avec une majorité relative, car ils refusent mordicus de s’allier à Chega, qui comme dans d’autres pays est considéré comme un pestiféré. Notons que l’effondrement socialiste est d’autant plus important, qu’en 2019, le parti avait eu 120 députés. Que les centristes continuent ainsi à rejeter la voix du peuple, c’est Chega qui en profitera. Le Portugal était l’un des derniers pays européens à ne pas avoir une droite nationale vigoureuse, c’est désormais chose faite.
Un dernier point sur le mode de scrutin. Nous sommes en France, le seul pays à organiser des élections législatives et locales à deux tours. Dans tous les autres pays d’Europe, les élections générales et locales se font systématiquement à un seul tour, ce qui évite des magouilles et des tripatouillages entre les deux tours. Il serait grand temps de changer de mode de scrutin, mais il est évident que les LR, les macronistes et les gauches s’y refuseront. On sait pourquoi.
Michel Festivi
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