La fortune sourit aux audacieux en mai 1978. L’opération aéroportée la plus importante de l’armée française depuis le conflit algérien est déclenchée ce printemps là pour sauver du massacre des centaines d’otages européens et africains dans la capitale de la zone minière zaïroise : Kolwezi.
L’offensive des rebelles katangais, entraînés et armés par le bloc soviétique, a bousculé les troupes du général Mobutu. Les milices locales recrutées par les rebelles sèment le désordre et le pillage sur place. Les corps mutilés blancs et noirs s’accumulent dans les rues et tous les civils se terrent, terrorisés.
Le livre passionnant de Paul Villatoux revient sur l’organisation de la riposte française à ce massacre. On y découvre de l’intérieur, quasiment heure par heure, la mise en place de ce raid mythique. Le général Yves Gras lance l’alerte auprès du gouvernement français. Alors délégué militaire auprès du gouvernement zaïrois, il comprend que le général Mobutu a perdu le contrôle de la situation. Le président de la République, Valérie Giscard d’Estaing, comprend rapidement l’enjeu de la situation. Son état-major prend la chose en mains et réunit ses alliés belges, américains et britanniques pour mettre en place un plan d’intervention. Les États-Unis proposent de mettre en place le pont aérien nécessaire avec ses gros porteurs pour le matériel lourd, et la Grande-Bretagne assure la logistique sanitaire. La Belgique, qui semble avoir d’autres plans sur le terrain, limite dès le départ sa participation à l’opération à un simple aspect humanitaire et va même retarder le lancement de l’opération. La concurrence française semble l’avoir beaucoup inquiété dans son ancienne colonie où elle conserve de nombreux intérêts économiques.
La France tranche pourtant et c’est au 2ᵉ Régiment étranger de parachutistes que revient la mission d’intervenir. Le 13 mai 1978, sa base de Calvi est en alerte. On réunit les légionnaires qui se dirigent vers l’aéroport le plus proche. L’odyssée commence pour eux vers l’Afrique. Après de nombreux retards et problèmes logistiques, ils arrivent en ordre dispersé sur place. Grâce au savoir-faire de l’armée française (qui confine pour l’occasion à la débrouille la plus totale), la première vague décolle dans des avions surchargés. Le colonel Philippe Erulin est à la tête de ses hommes. L’effet de surprise du largage des premières compagnies d’assaut évite le pire aux légionnaires qui vont mener une reconquête méthodique de la ville. Les paras perdent 6 hommes et comptent une dizaine de blessés. Il libèrent la population et rétablissement l’ordre. Les combats brefs mais intenses infligent de lourdes pertes aux rebelles.
Le bilan de l’opération restera une leçon militaire historique. La détermination politique, la formation parfaite à l’entraînement des légionnaires et l’adaptation ont triomphé de toutes les difficultés. Pour la majorité des soldats engagés, Kolwezi fut la première épreuve du feu. C’est devenu un nom de bataille de plus sur le drapeau de la Légion étrangère et un rappel de la présence française en Afrique. Malgré des problèmes logistiques très importants (et notre dépendance à l’armée américaine dans ce domaine), l’esprit de cette opération serait à méditer pour nos gouvernements qui renoncent et bradent aujourd’hui notre capacité d’action dans le monde.
François Fourment
Paul Villatoux, Kolwezi, la Légion saute sur le Katanga, Éditions Memorabilia, 95 pages, 29 euros. En commande sur: https://www.librairie-du-collectionneur.fr/

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