Les faits sont là. Indiscutables. Les indépendantistes ont remporté les élections territoriales en Polynésie française. Une victoire qui va leur permettre d’avoir les rênes de la collectivité du Pacifique Sud pendant cinq ans. Et de réclamer – voire d’exiger – un référendum d’autodétermination.
La liste du parti Tavini huiraatira, dirigée par l’ex-président du gouvernement, Oscar Temaru, a obtenu 44,3% au second tour et, grâce au mode de scrutin, une majorité de 38 des 57 sièges de l’Assemblée territoriale. Le président sortant autonomiste, Edouard Fritch, a rassemblé 38,5% des suffrages (16 sièges). L’ancien vice-président autonomiste, Nuihau Laurey, a obtenu 17% des voix (3 sièges).
Ce résultat, explicable par la non-implication d’un gouvernement français par ailleurs complaisant à l’égard des indépendantistes, place lesdits indépendantistes en position de force. Face à la France dénoncée – ce qui relève du fantasme quand on connaît les réalités ethniques de ce territoire grand comme l’Europe et constitué de cinq archipels – comme « une puissance coloniale ». A Paris, Mélenchon a débouché le champagne…
Polynésie française, Nouvelle-Calédonie française… Et, en embuscade, l’ONU qui exige que la France ouvre « des discussions sur la décolonisation » (sic). Se décrivant naguère comme « une puissance stabilisatrice en Indo-Pacifique », la France de Macron est largement déstabilisée.
La Chine en embuscade
Les indépendantistes vont s’appuyer de plus en plus – ils le font déjà – sur la Chine où Macron est allé récemment se faire enfumer. Les dernières élections ont été marquées par de nombreuses ingérences chinoises. La chercheuse canadienne Cleo Paskal souligne : « Nous savons que dans d’autres lieux la Chine a fourni un soutien aux indépendantistes, y compris en appuyant financièrement des mouvements sécessionnistes dans la Fédération des États de Micronésie (…). La situation d’une France affaiblie dans le Pacifique profiterait grandement à Pékin : cela pourrait neutraliser la projection de moyens militaires basés en Nouvelle-Calédonie et accroître l’accès de la Chine au hub polynésien, crucial au plan stratégique et pour le fret maritime ».
Si on veut se rassurer un peu – je le répète : en Polynésie française, comme en Nouvelle-Calédonie, il n’y a pas une majorité réelle d’indépendantistes, les populations toutes origines confondues étant attachées à la France et hostiles à l’aventurisme –, on se dira que ce vote traduit surtout un rejet de Macron, une sanction. Des antipodes à la Métropole, il aura réussi à susciter contre sa personne et sa politique une hostilité qui confine à la haine. Avec, en l’occurrence, de graves conséquences pour nos territoires ultra-marins.
Sorte de De Gaulle en culottes courtes (mais avec moins de territoires à brader), Macron mène une politique d’abandon de souveraineté pour les îles françaises du Pacifique. Comme en Nouvelle-Calédonie où, malgré trois référendums (2018, 2020, 2021) qui ont tous dit « oui » à la France, on s’apprête à organiser une quatrième consultation. Comme en Polynésie française où le succès électoral des indépendantistes va servir d’excuse à Macron pour autoriser un référendum d’autodétermination. Ce que Paris a toujours refusé. Jusque-là…
Alain Sanders
Si l’on se débarrasse des derniers confetti de notre ancien empire colonial on ne s’en portera que mieux
Bonjour M. Sanders,
Je croyais que vous étiez parti loin. Je suis heureux de vous retrouver dans les colonnes du « Nouveau Présent ». Amicalement.
Un ancien abonné au quotidien « Présent »
Bonjour Alain Sanders,
Ancien abonné à « Présent », cela fait plaisir de vous retrouver ici
Bien amicalement.
Un ancien de Fédala à qui vous aviez envoyé la carte postale de l’église où il a fait sa communion.