La Croix

« Crimes d’État » et devoir de mémoire

Ce qui est bien avec La Croix, c’est qu’on n’est jamais déçu. Le 9 octobre, elle exhortait ainsi les catholiques à « exécrer le nationalisme » (1). Le 17 octobre, elle se faisait à la une le porte-voix des « militants [qui] réclament la reconnaissance d’un crime d’État, qui aurait été commis par la France durant la guerre d’Algérie pour réprimer une manifestation parisienne, le 17 octobre 1961. Un débat qui questionne l’action de l’État pendant cette période, mais aussi le faible travail mémoriel réalisé depuis ».

Et le quotidien ex-catholique d’enfoncer le clou : « Ce jour-là, des dizaines de milliers d’Algériens défilent dans les rues de Paris, à l’appel de la fédération de France du Front de libération nationale (FLN), contre un couvre-feu imposé dix jours plus tôt, qui ne concerne que les travailleurs algériens. Pacifique [sic], le rassemblement est lourdement réprimé : le nombre de morts est l’objet de désaccords, mais on estime que plusieurs dizaines de personnes voire plus ont été tuées ».

Rappelons que le « travail mémoriel » continue, au contraire de ce qui se passe pour les massacres de la rue d’Isly à Alger (85 morts) le 26 mars 1962 et d’Oran (400 morts et des centaines de disparus) le 5 juillet de la même année. Mais il ne s’agissait, il est vrai, que d’Européens… En revanche, si en 1961, la préfecture de police de Paris n’avait admis que deux morts parmi les manifestants, chiffre porté à sept par la mission Mandelkern créée en catastrophe après le tohu-bohu international déclenché par le New York Times, la socialiste Elisabeth Guigou, Garde des Sceaux de 1997 à 2000 dans le gouvernement Jospin, avait lancé à son tour une enquête. « Déception pour Guigou et son conseiller mémoire, le communiste Jean-Luc Einaudi qui en tenait mordicus pour 393 morts  : la liste établie par ses limiers ne comprendra que 48 noms. Et aucune femme parmi les victimes » (2), contrairement à ce que soutenaient le FLN et ses séides.

Octobre rouge : ne pas oublier Lola… et Marie-Antoinette

Le relais par La Croix de la nouvelle offensive FLN est d’autant plus indécent qu’il coïncide exactement avec l’ouverture du procès à Paris de la droguée et prostituée algérienne Dahbia Benkired, auteur le 14 octobre 2022 d’un crime affreux : le viol accompagné de tortures et l’assassinat par égorgement puis étouffement de l’infortunée collégienne Lola Daviet. Une blondinette de 12 ans à peine, dont le corps supplicié avait été retrouvé dans une malle, à moitié décapité.

Benkired était sous le coup d’une Obligation de quitter le territoire. On juge la meurtrière. Mais le fait que l’autorité publique n’avait pas procédé à son expulsion en temps voulu constitue lui aussi un crime d’État. Dont devraient répondre Gérald Darmanin et Éric Dumont-Moretti, ministres de l’Intérieur et de la Justice de l’époque, ainsi qu’Emmanuel Macron, président de la République.

Il est vrai que, dès la naissance de celle-ci, un crime d’État devait souiller la République première du nom : l’exécution publique dans la liesse populaire, de Marie-Antoinette, guillotinée le 16 octobre 1993.

Pour la reine martyre comme pour la petite Lola, le devoir de mémoire ne devrait-il pas aussi s’imposer ?

Claude Lorne

  1. https://nouveaupresent.fr/2025/10/15/selon-la-croix-pour-un-catholique-execrer-le-nationalisme-est-un-devoir-sacre/
  2. https://nouveaupresent.fr/2025/07/08/la-guerre-dalgerie-suite-sans-fin/

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