Charles

En attendant Charles III…

Depuis l’annonce que, du 26 au 29 mars, le nouveau souverain britannique accompagné de sa reine consort réserverait sa première visite officielle à la France avant de se rendre en Allemagne, notre couple présidentiel frétillait d’aise.

Tandis que dame Brigitte commandait une nouvelle garde-robes complète chez Vuitton pour soutenir sa réputation (quelque peu usurpée) de First Lady la plus élégante in the world, Manu peaufinait sa mise en scène : solennelle descente des Champs-Élysées avec Charles III et 140 cavaliers de la Garde républicaine — «Les images seront tout simplement somptueuses», prédisait un conseiller du pouvoir — avant un dîner d’État réunissant 150 convives triés sur le volet à Versailles, sous les ors de la galerie des Glaces.

Mais ça, c’était avant. Avant que le rejet massif de la retraite à 64 ans ne transforme la France en chaudron de sorcière où les grèves succèdent et s’ajoutent aux manifs sauvages, et plusieurs villes françaises, en commençant par la capitale, en de gigantesques et nauséabonds dépotoirs où pullulent les rats — pardon, les « surmulots » comme on dit à l’Hôtel-de-Ville avec une pudeur toute wokiste.

Imagine-t-on Charles III évoluer dans cette pestilence et la fumée des lacrymogènes lancées contre des Black blocs ne rêvant que de l’envoyer à la lanterne ? Et l’atmosphère risque d’être tout aussi explosive à Bordeaux où le couple royal comptait se rendre ensuite : voyant dans sa visite et les frais qu’elle entraînera une « insulte aux prolétaires » au pouvoir d’achat toujours plus racorni, les militants syndicalistes locaux ont déjà annoncé qu’ils feraient tout pour arrêter le train puis le tramway prévus pour amener les augustes visiteurs à bon port. Dès le 20 mars, sur France Info, le trotskiste Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste, n’a-t-il pas appelé à les accueillir « avec une bonne vieille grève générale » ? Même si le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a assuré que tout sera « ultra-sécurisé », l’Élysée commence à s’inquiéter, surtout pour la descente des Champs-Élysées : « On n’est pas à l’abri d’un mouvement de foule qui dégénère pour saper la cérémonie », redoute un autre conseiller, cependant que Buckingham pratique le wait and see en faisant savoir que le monarque « se conformera aux conseils donnés par les polices française et britannique ».

Viendra-t-il, viendra-t-il pas ? Si Charles III devait brûler l’étape française pour se rendre directement à Berlin, ce serait une terrible humiliation pour Emmanuel Macron, ainsi ridiculisé et privé de toute autorité aux yeux du monde entier. A l’évidence, la lénifiante intervention présidentielle sur TF1 le 22 mars visait à désarmer les oppositions, surtout celle de la rue. Il n’est pas sûr que l’objectif ait été atteint. D’autant que la date était mal choisie : c’est en effet le 22 mars 1968 que débuta réellement, à l’université de Nanterre, l’insurrection de Mai 68 qui allait paralyser la France plusieurs semaines durant. Un 65ème anniversaire qui parle au cœur de toutes les gauches.

Camille GALIC

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