Bédésup

La chronique de Bédésup

De 1979 à 1996, date du décès de son fondateur, Jean-Claude Faur, qui était alors conservateur de la bibliothèque municipale de Marseille, la revue Bédésup fut en pointe dans la reconquête du milieu de la bande dessinée, pollué par l’esprit de l’après-mai 68.

L’éditeur Philippe Randa, et les spécialistes de BD Jean-Claude Rolinat, Francis Bergeron, Christian Mouquet, Alain Sanders, notamment, reprennent aujourd’hui le flambeau, avec une chronique régulière sur le site du Nouveau Présent.

Leur ambition : faire connaitre la bonne BD d’aujourd’hui, les scénaristes et dessinateurs qui montent, assurer la promotion des talents qui émergent, et le succès de la BD de qualité.

La nouvelle résistance du Général Lee

Tandis qu’aux Etats-Unis le wokisme s’efforce d’effacer des mémoires la figure, pourtant très longtemps incontestée, du général Lee, les Editions du Triomphe publient une biographie en bande dessinée de ce personnage de légende, sous un titre sans ambiguïté : Avec le général Lee. L’honneur du sud.

Lee était dans le mauvais camp, celui des perdants. Malgré cela, ses adversaires reconnurent en lui une belle figure de soldat « Même si vous êtes le vaincu de cette guerre atroce, c’est votre nom que l’on prononcera et que l’on retiendra quand elle sera évoquée », lui dit l’officier nordiste qui reçut sa reddition, le 9 avril 1865. Après la guerre, Lee s’engagea dans le camp démocrate (qui était alors le camp sudiste) contre les républicains (soutiens du camp nordiste), et il termina sa vie comme président du Washington collège. Tout ceci est totalement inconnu des analphabètes qui démolissent ses statues, ces dernières années.

L’avantage de la bande dessinée, c’est qu’elle permet même à des analphabètes de se faire une idée d’évènements ou de personnages, pour peu que la BD soit fidèle aux données historiques certaines. Les autres possèdent sûrement déjà la biographie du général, écrite par Alain Sanders (Ed. Pardès).

François Corteggiani, le scénariste de cette BD sur le général Lee semble très bien connaitre la guerre de Sécession. Il la fait revivre de façon plaisante, en évitant le didactisme, trop souvent inhérent au genre. Corteggiani a par ailleurs succédé avec talent au génial Jean-Michel Charlier pour la reprise des aventures de Blueberry. Aux éditions du Triomphe, il avait scénarisé un d’Artagnan, un Cadoudal et l’histoire des Christeros mexicains. C’est dire si ce scénariste, ancien de la presse stalinienne pour enfants, a viré sa cuti !

Quant à Didier Pagot, le dessinateur, il s’agit de l’un des plus brillants artistes de sa génération. Lors d’un diner organisé par les éditions du Triomphe, après le salon du Livre d’Histoire de Versailles, Pagot continuait à dessiner imperturbablement au milieu d’un brouhaha indescriptible. Jugez-en au dessin ci-joint.

Il nous livre un « Lee » à acquérir, lire, conserver précieusement dans sa bibliothèque, et à offrir autour de soi. On doit à Pagot une foule d’autres albums, parus chez les plus grands éditeurs qui se l’arrachent (Glénat, Dupuis etc.). Et on l’espère un jour, poursuivant par exemple les aventures de Blueberry, mezttant ainsi ses pas dans ceux du regretté Giraud.

Francis Bergeron

Avec le général Lee. L’honneur du sud, par Corteggiani et Pagot, Ed. du Triomphe, coll. « Le Vent de l’Histoire », 2022.

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