S’adressant le 7 avril aux étudiants de l’université Sun-Yat-Sen à Canton, Emmanuel Macron leur avait notamment conseillé: « Cultivez votre esprit critique. Sans esprit critique, vous n’êtes pas libres. » Parole pleine de vérité.
Mais est-il encore légalement permis de faire preuve d’esprit critique en France, par exemple en s’insurgeant contre le fait que des drag queens emperlousées animent des ateliers d’enfants ou que le chanteur transsexuel marocain Bilal Hassani, « icône pour la jeunesse LGBT+ française » selon le magazine Têtu (dans lequel le ministre du Travail Olivier Dussopt a décidé, en pleine crise sociale, de dévoiler son homosexualité), devait, en robe de vamp et longue perruque pétoxydée, se produire à Metz dans l’ancienne basilique Saint-Pierre-aux-nonnains, en pleine Semaine Sainte ? Devant les protestations du collectif Lorraine catholiques, rejoint par Civitas, mais aussi de nombreux Messins pas particulièrement tradis mais qui, à juste titre, voyaient une provocation dans le lieu choisi, le concert a finalement été annulé.
Insupportable atteinte à la liberté artistique, ont aussitôt clamé les déconstructeurs, le ministre de la Culture (la Libanaise Rima Abdul Malak), le député local (Ludovic Mendès, LREM) et le maire de Metz (l’ancien député puis sénateur UMP François Grosdidier qui n’a de cesse de faire oublier son passé fâcho comme militant du Parti des Forces nouvelles) en tête. Sur Twitter, la successeuse de la Coréenne Fleur Pellerin et de la Marocaine Audrey Azoulay (faut-il être allogène pour régner rue de Valois ?) a aussitôt exprimé son « soutien à Bilal Hassani et à son public » car « face aux extrémismes, aux appels à la haine, à la violence, la culture doit rester un espace de liberté et d’émancipation ». Pour Grosdidier, les protestataires sont des « obscurantistes » et Mendès exige du ministre de l’Intérieur « la dissolution des groupes identitaires à l’origine de ces intimidations [car] jamais, nous n’accepterons de tels modes de pensées qui rappellent les heures les plus sombres de l’Histoire européenne », rien que ça. En outre, Alain Escada, président de Civitas, est visé par deux plaintes émanant d’associations LGBT pour “entrave transphobe”.
Alors qu’en l’occurrence, c’est plutôt l’opération Hassani qui était cathophobe. De même d’ailleurs que la campagne hystérique menée depuis 2018 par la fédération de Vendée de la libre (sic) pensée contre la présence d’une statue de saint Michel l’Archange sur la place Saint-Michel des Sables d’Olonne. Au terme d’une longue bataille judiciaire devant le tribunal administratif puis la Cour administrative d’appel et malgré les 94% de Sablais s’étant prononcés pour le statu quo lors du référendum organisé par le maire Yannick Moreau, qui se dit « révolté » , le Conseil d’État a tranché le 7 avril — Vendredi Saint : la statue devra être démontée « au nom de la séparation des Églises et de l’État ». Un État où d’innombrables édiles, en commençant par la mairesse de Paris, se font un plaisir et un devoir d’assister à l’Iftar, le repas de rupture du jeûne du ramadan. Ou, comme l’a fait Nicolas Daragon, maire LR de Valence, brade un terrain municipal pour permettre l’extension d’une école coranique pourtant étroitement liée aux Frères musulmans.
Voici donc où en est l’ancienne fille aînée de l’Église sous la présidence d’un ancien élève de la Providence, établissement tenu par les jésuites et où enseignait sa future épouse, laquelle se définit comme « catholique, croyante et non pratiquante » avant de terminer sa carrière à Saint-Louis de Gonzague, autre établissement « jèze ».
Camille Galic