« La France est parmi le peu d’amis qui s’intéressent encore au Liban. Et aujourd’hui, je suis triste pour elle parce que le fait de lier son nom au candidat du Hezbollah ne reflète pas son image de mère de la démocratie et des droits de l’homme », a déploré Samir Geagea dimanche soir lors d’une entrevue télévisée.
« La France appuie la candidature de Sleiman Frangié à la présidence de la République pour servir ses intérêts communs avec Hezbollah » a-t-il ajouté. Selon M. Geagea, ces intérêts concernent directement la gestion future des ports de Beyrouth et de Tripoli -par son grand ami Rodolphe Saadé, patron du groupe CMA-CGM qui a également la haute main sur la gestion du port commercial de Lattaquié en Syrie- ainsi que d’ « autres affaires ».
En effet, les démarches diplomatiques incessantes de la France auprès des principaux acteurs de la vie politique libanaise visent toutes à l’élection de Sleiman Frangié, officiellement appuyé par le tandem chiite Amal-Hezbollah et grand ami personnel de Bachar el Assad, au grand dam des partis chrétiens majoritaires, les FL, le Courant patriotique libre et les Kataëb qui accusent Paris de chercher à obtenir un échange entre l’élection de M. Frangié à la magistrature suprême et la nomination de Nawaf Salam, ex-ambassadeur du Liban aux Nations unies et actuel juge à la Cour internationale de justice, à la présidence du Conseil, dans la grande tradition des accords d’arrière cuisine qui maintiennent fermement la tête du Liban sous l’eau depuis trop longtemps. Garanties, compromis, accords contre nature, lettres et contre-lettres, promesses biaisées jamais respectées, tel est le menu qui a détruit le Liban et que la France propose à nouveau comme solution, provoquant colère et dégout chez l’ensemble des chrétiens du Liban à un degré jamais atteint dans les relations multiséculaires qui unissent le Pays des Cèdres à sa « tendre mère ».
Cacophonie diplomatique
Devant ce tollé général et dans une démonstration de cacophonie diplomatique auquel la Macronie nous a habitué, la porte-parole du Quai d’Orsay Anne-Claire Legendre a affirmé jeudi dernier que « La France n’a pas de candidat au Liban » nonobstant le fait qu’au même moment l’ambassadrice de France à Beyrouth Anne Grillo réaffirmait lors d’une visite au chef des FL que « son pays estime que la solution à la crise politique est d’élire Sleiman Frangié ». Le porte-parole des Forces libanaises, Charles Jabbour, a également exprimé son incompréhension. Après avoir rappelé que le rapport de force parlementaire ne permet pas l’élection de Frangié frappé d’un veto chrétien quasi généralisé, il s’est interrogé : « Nous ne voyons aucune raison valable pour un soutien de la France au candidat de la moumana’a (alliance chiite pro Hezbollah). Sauf s’il y a des motifs douteux… »
Aurait-il mis le doigt sur la plaie ? Certes, le Liban ne représente pas un enjeu économique important pour la France en soi mais rien n’interdit de penser qu’il pourrait s’agir de servir les intérêts personnels de M. Macron. Comme le souligne un observateur anonyme sur l’Orient-le Jour, « ce dernier terminera son mandat à 50 ans et aspire à prendre la direction d’un groupe majeur type CGM ou Total. À ce titre, que ce soit auprès des chinois, des russes ou des iraniens, il souhaite apparaître comme un courtier de haute volée.»
Avec les paras sacrifiés au Drakkar on ne peut que s’écrier « De profundis clamavi ad te, Domine » !
Sophie Akl-Chedid
J’étais militaire quand j’ai connu pour la première fois le Liban en 1973 à l’occasion d’un évènement familial.J’y suis retourné à 2 reprises en 74 et 75(je suis reparti 2-3 semaines avant le déclenchement). La semaine j’étais à Saïda ,coincé entre 2 camps palestiniens et week-end je le passais près de Jounieh . Les Palestiniens étaient bien là et pas seulement avec des Kalachs . Mon beau-frère étant officier j’ai donc appris ce qui se passait dans ce si beau pays . Je suis parti brièvement en 1978 pendant la guerre des 100 jours pour donner un coup de main ,c’est là que j’ai vu les décombres et les Syriens présents à Beyrouth même dans le secteur chrétien . J’ai fait la connaissance de combattants français que je devais retrouver 3 ans après. En 1981 je suis reparti à l’automne pour créer un centre d’entrainement à la montagne enneigée . J’étais redescendu à Beyrouth lors du déclenchement de l’attaque israélienne ,l’élection de Bechir ,son assassinat,sabra et Chatila et l’élection d’Amine Gemayel . Je n’étais pas un fan d’Israel et je m’en méfiais un peu mais ils ont les Palestiniens à genoux et obligé les Syriens à reculer vers l’Est .Malheureusement les Libanais n’ont pas pu ou pas voulu profiter de cette aide pour construire du neuf ! Je suis rentré avec un camarade belge à la Toussaint 1982 C’est à la Gare du Nord que nous nous sommes rendus compte que l’invasion était là !