De notre correspondant au Québec
On dit souvent que plus c’est gros, mieux ça passe. Et Valérie Plante, truculente mairesse de Montréal vient de nous le prouver en adoptant comme slogan « Métropole francophone des Amériques », qualificatif qui figurera désormais sous le logo de la ville. On aurait pu croire au retour de la grandeur de Montréal, qui fut un jour la deuxième ville francophone au monde, mais dans les faits l’adoption de ce qualificatif relève uniquement du marketing. Mieux, si Plante n’était pas une des pontes du mouvement woke, on l’accuserait de désinformation. Mais faisant partie du camp du bien, elle est exempte de tels reproches.
Le fait est que la situation du français à Montréal est alarmante. Et la gestion Plante des dernières années a tout fait pour accentuer le problème : les familles francophones exaspérés par les taxes, l’insécurité, les mille et une restrictions imposées par la ville et un sentiment de dépossession prennent de plus en plus le chemin de l’exode, remplacés alors par des nouveaux venus n’ayant que peu d’intérêt pour la langue de Molière.
Car oui, le problème du français est d’abord et avant tout démographique. C’est ce qu’avait expliqué le démographe Marc Termote dans son rapport de 2011 produit pour l’Office québécois de la langue française (OQLF). Selon lui, le français chutait à cause du vieillissement des Québécois de souche et du poids de l’immigration, ce qui l’amenait à prédire qu’en 2031, les francophones seraient minoritaires, avec 47,4%.
Celui-ci fut assez surpris d’apprendre que les francophones avaient en fait passé le cap de la minorité dès 2016. Il avait sous-estimé la rapidité du Grand remplacement. Depuis, la spirale s’accélère et il est de plus en plus difficile de se faire servir en français dans cette ville qui fut canadienne-française.
Donc, que le lecteur ne se laisse pas berner par Valérie Plante qui revient d’une tournée européenne avec des idées de grandeur, si Montréal devient aujourd’hui la « métropole francophone des Amériques », ce n’est pas que la situation du français s’y améliore, mais qu’à défaut d’être capable de gérer le quotidien, on s’amuse avec des chimères qui permettent de briller durant les cocktails.
Rémi Tremblay