Le Japon tourne la page du pacifisme. C’est un fait très peu commenté dans les gros médias français alors qu’il représente une évolution majeure, pour ne pas dire une révolution, dans l’histoire du Japon. En effet, le gouvernement japonais a annoncé le doublement du budget de la défense, le portant à hauteur de 315 milliards de dollars, soit le troisième budget militaire du monde derrière les Etats-Unis et la Chine.
Il s’agit là d’une rupture radicale avec la politique militaire japonaise dictée par le vainqueur américain depuis la défaite de 1945. En effet, l’article 9 de la constitution pacifiste imposée par Washington à l’Empire Nippon écrasé par les bombes nucléaires stipule que « Le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ainsi qu’à la menace ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux. Pour atteindre ce but, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales ou aériennes, ou autre potentiel de guerre. »
Un véritable renoncement à toute souveraineté et réelle indépendance qui se voit aujourd’hui remis en cause par les récentes évolutions géostratégiques mondiales et les tensions régionales de plus en plus fortes.
Désormais les « forces d’autodéfense » (nom officielle de l’armée japonaise) ne s’en tiendront plus à la défense des frontières du pays mais s’organiseront et s’équiperont dans l’optique de possibles contre-attaques et même d’interventions extérieures. Avec en ligne de mire la Chine et la Corée du Nord… mais aussi la Russie avec laquelle le différend frontalier des Îles Kouriles n’est toujours pas réglé.
L’opinion publique japonaise pourrait se féliciter de ce retour de souveraineté s’il ne s’accompagnait pas d’un renforcement de l’alliance avec les Etats-Unis vécue comme une insupportable vassalité par une partie de la population qui accepte très mal la présence de bases américains sur le territoire Nippon. Un rapprochement avec Washington qui induit la rupture des relations jusque là relativement cordiales avec Moscou et place la Japon en première ligne face à Pékin.
