asperitas dark clouds in gloomy sky

Climat et superstition

La société française, à l’instar consternante de la plupart des sociétés occidentales, vit avec l’obsession de « sauver la planète ». Une angoisse diffuse se répand, plus encore dans la jeunesse, au point que nombre de jeunes gens disent ne pas vouloir d’enfant, possédés qu’ils sont par une peur millénariste (voyez mon article dans la lettre de Polémia, du 14 septembre 2022i…). La fin du monde est pour demain, et il nous faudrait la retarder par notre vertu, en veillant à la décarbonation des activités économiques et humaines…

Jeunes et moins jeunes, beaucoup de gens manifestent, le visage souvent déformé par une passion fanatique, ici contre les actionnaires de Total énergie venus à l’Assemblée générale de cette entreprise française ; là, les mêmes ou leurs semblables barrent le boulevard périphérique de Paris, avec panneaux et calicots pour imposer leur idéologie apeurée et agressive, quand ils ne s’attaquent pas aux œuvres exposées dans les musées.

Plus en retrait, mais mettant le même discours au centre des préoccupations économiques, sociales et existentielles, nos élites politiques visent à bref ou moyen terme un absurde zéro CO2. Madame Borne voit dans les énergumènes qui ont essayé d’empêcher l’AG de Total, commettant ainsi le délit d’entrave (article 431-1 du Code pénal) , des « lanceurs d’alerte » !

Pour un esprit libre, voilà une unanimité suspecte, mais que pourrait justifier un consensus scientifique.

En effet, du sein de l’ONU une entité quasi sacrée dicte l’agenda de la vie politique, économique et sociale (en Occident), le GIEC. Derrière cet acronyme règne le Groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat. Dénomination captieuse, car ce n’est pas un groupement d’experts, aussi le mot « experts » est-il absent dans la dénomination de référence en anglais IPCC : Intergouvernemental panel on climat change. Il s’agit d’un organisme politique miné par l’idéologie, au point qu’un scientifique américain de renom Frederick Seitz, qui fut président de l’Académie des sciences des États-Unis, a pu écrire en 1996 :

Au cours des soixante ans de ma carrière au sein de la communauté scientifique américaine, y compris en tant que président de l’Académie nationale des sciences, et président de l’Académie américaine de physique, je n’ai jamais vu de corruption aussi bouleversante que le processus qui a conduit à ce rapport du GIECii.

Science, vérité et compétence

Le GIEC est néanmoins ressenti communément comme une sorte de prophète, car si le réchauffement de l’atmosphère terrestre, ces dernières décennies, ne semble pas contesté, en revanche le consensus n’existe pas dans les milieux scientifiques quant à la part anthropique de réchauffement. Mais les dissidents sont étouffés par le tintamarre médiatique, quand ils ne sont pas persécutés par les idéologues.

Steven E. Koonin, professeur de physique théorique au California Institute of Technology et à l’Université de New-York, ainsi qu’ancien sous-secrétaire d’État de l’administration Obama (2009-2011) écrit :

En un mot comme en cent, nos connaissances scientifiques ne sont pas suffisantes pour faire des projections utiles sur la façon dont le climat changera au cours des prochaines décennies, et encore moins pour savoir l’effet que nos actions auront sur lui. »iii

De son côté, François Gervais, professeur émérite de physique à l’Université de Tours, doit rappeler que

La science se construit par le processus de débat permettant de montrer la fausseté d’un concept même s’il a pu un temps faire consensus. Les jugements de valeurs et les revendications idéologiques traitées comme une vérité objective n’ont pas leur place en science … iv

Steven Koonin nous donne une idée de la complexité de l’énoncé du problème :

A la vérité la science du climat fait appel à plusieurs domaines scientifiques (…) Aucun chercheur ne peut, à lui seul, être spécialiste de plus de deux ou trois de ses aspects… (…) la science n’a pas tranché, elle n’est pas établie.v

Le retour de la superstition

Le professeur américain emploie une métaphore de bonne vulgarisation pour exprimer l’effet présumé du gaz carbonique quant à l’effet de serre (CO2 par ailleurs excellent pour la production agricole), :

Comprendre la façon dont le système climatique réagit aux influences humaines ressemble fort, hélas, à une autre quête : celle d’essayer d’établir la relation entre l’alimentation, humaine et la perte de poids – cette dernière n’étant, comme chacun sait, toujours pas établie.vi

Et le professeur Koonin observe encore :

Quand je suis en contact avec des journalistes, je me rends compte que, pour certains, le « changement climatique » est désormais une cause et une mission – sauver le monde … (…) s’ils n’ont pas une catastrophe à raconter, ils ne seront pas publiés … »vii

Le professeur Gervais souligne que cette attitude, que je qualifie pour ma part de millénariste, n’épargne pas les milieux scientifiques et de citer Judith Curry, ancienne présidente de l’École des sciences atmosphériques de la Terre au Georgia Institute of Technology :

L’indépendance d’esprit et la climatologie sont devenus incompatibles (…) la climatologie est devenue un parti politique de tendance totalitaire.viii

Et François Gervais de convenir que

la climatologie est devenue une science douteuse au profit d’un projet politique (…) Les scientifiques ne précèdent pas les politiciens, ils courent derrière eux.ix

Au bout du compte, il faut se rappeler que les scientifiques, trop souvent perméables à l’idéologie, n’ont pas toujours une éthique et une ascèse à hauteur de leurs connaissances. Ils ne sont ne sont pas forcément moins sensibles aux passions, aux honneurs et à l’air du temps que n’importe qui…

Qu’en conclure ? Que nous sommes dans l’incertitude, laquelle ne doit pas nous laisser nous abandonner à la panique. En l’état, l’agitation sur ce sujet évoque diablement une superstition. Y a-t-il un dérèglement climatique, déterminé principalement par les gaz à effet de serre produits par l’homme ? Je n’en sais rien, Élisabeth Borne n’en sait rien et les jeunes chiliastes (millénaristes) qui manifestent comme des chiens enragés moins que quiconque.

Éric Delcroix

i« Climat. La grande peur de l’an deux mille. » www.polemia.com.

iiClimat : la grande manipulation, par Christian Gérondeau, Éditions de l’Artilleur, 2017, page 154.

iiiIbid, page 15.

ivImpasses climatiques, par François Gervais, Éditions de l’Artilleur, 2022, page 37.

vClimat, la part d’incertitude, par Steven E. Koonin, Éditions de l’Artilleur, 2022, page 29.

viKoonin, page 83.

viiIbid, page 259.

viiiGervais, page 43.

ixIbid, page 43).

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