BRICS

L’Arabie saoudite négocie son entrée au sein des BRICS

Selon le Financial Times, Riyad est en pleine négociation pour rejoindre la Nouvelle Banque de Développement (NBD), connue sous le nom de « banque des BRICS », dont le siège se trouve à Shanghai. L’institution créée en 2014 par les cinq pays émergents les plus importants de la planète, soit le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et Afrique du Sud, se pose en alternative au FMI et à la Banque mondiale, et un de ses objectifs est de libérer les échanges économiques mondiaux du monopole du dollar, notamment en proposant des prêts en devises locales aux pays du Sud global.

« Au Moyen-Orient, nous attachons une grande importance au royaume d’Arabie saoudite et sommes actuellement engagés dans un dialogue qualifié avec eux », a déclaré la NBD au quotidien financier dans un communiqué, à trois jours de la réunion annuelle de la banque. La monarchie pétrolière, dans la foulée des Émirats arabes unis qui ont rejoint la NBD en 2021, a déjà exprimé sa volonté de rejoindre les BRICS, tout comme l’Égypte qui en est devenue membre en février dernier, Bahreïn, l’Indonésie et enfin l’Iran, l’Argentine et l’Algérie qui ont déposé leur candidature ces derniers mois. C’est dans le cadre de sa politique de diversification de ses partenariats économiques et stratégiques que le Royaume saoudien s’est tout d’abord rapproché de la Chine avec pour résultat immédiat la signature d’un accord de détente historique avec l’Iran sous l’égide de Pékin, en mars dernier. Dans une interview à la chaîne publique chinoise CGTN le 14 avril, la nouvelle présidente de la NBD, Dilma Rousseff, a annoncé que la banque accorderait 30 % de ses prêts en devises locales pour la période démarrée en 2022 et ceci jusqu’en 2026 : « Il est nécessaire de trouver des moyens d’éviter le risque de change et d’autres problèmes tels que la dépendance à une seule devise, comme le dollar américain », a-t-elle souligné.

La Chine, qui absorbe un quart des exportations de pétrole saoudien, a déjà exprimé son souhait de régler ses achats de brut en renminbis (nom officiel du Yuan chinois) et en marge du Forum de Davos, le ministre saoudien des Finances s’est déclaré ouvert à cette idée. « La plus grande probabilité serait que certains pays du Golfe, comme l’Arabie saoudite, montrent une volonté d’aller dans cette direction » a expliqué Robert Mogielnicki, spécialiste des relations Chine-Golfe au Arab Gulf States Institute in Washington. Mais ils devront avancer prudemment, car un dollar américain fort demeure bénéfique pour les Pays du Golf. Toujours selon Robert Mogielnicki , les banques centrales chinoise et saoudienne pourraient par exemple échanger des devises à hauteur de quelques centaines de millions ou d’un milliard de dollars pour permettre à leurs entreprises de commercer plus facilement en utilisant leur propre monnaie. Un « swap deal » (accord d’échange de devises à un taux prédéterminé) que la Chine avait déjà signé avec les Émirats arabes unis sur trois ans en 2012, pour un montant de 35 milliards de yuans, et renouvelé en 2015.

La possibilité d’une adhésion prochaine de l’Arabie saoudite à la NBD ne peut que rassurer les perspectives de financement de la banque des BRICS si elle se confirmait en contrebalançant l’effet du gel des actifs russes au sein de l’institution bancaire estimés à 1,7 milliard de dollars, suite aux sanctions occidentales contre Moscou.

Enfin, l’Arabie saoudite a bénéficié de l’explosion des prix du pétrole en 2022, en faisant le pays à la plus forte croissance du G20 (8,7 %). De quoi motiver la Chine et la Russie, mais également les autres pays fondateurs, pour encourager l’accueil du Royaume d’Arabie.

Sophie Akl-Chedid

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